Le Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours (Lettre 66)

hoto de lapremière de couverture de l'ouvrage

photo de la première de couverture du tome 2

 

 

 

 

 

par Florence Zuber-Monod

Cinq ans après la parution du 1er tome, Patrick Cabanel et André Encrevé viennent de publier le 2ème tome du Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, dédié aux initiales D à G.

Ses 1 500 pages, comportant 1 300 biographies pourraient rebuter, mais cet ouvrage remarquablement rédigé, révèle autant de parcours de vies passionnantes animant toute l’histoire des XIXe et XXe siècles français.

Ce dictionnaire biographique prend la suite des 10 tomes du Eugène Haag[2], La France protestante, consacrés aux protestants français de l’Ancien régime, contraints, à l’exception de quelques personnalités, à une vie obscure et clandestine. La lecture de la Bible en famille, l’attention portée à l’éducation des filles comme des garçons, souvent envoyés à l’étranger auprès de leurs cousins du Refuge, préparait la génération de 89 à une ouverture culturelle prometteuse.

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Nouvelles du protestantisme français (Lettre 66)

L’exposition Charles Letrosne, à Noyon, prolongée jusqu’au 28 février, mais fermée comme tous les musées quelques jours après son ouverture, espère encore pouvoir accueillir du public et organiser très hypothétiquement une après-midi de 2 conférences le samedi 13 février, à 14 h 30 : Charles et Geneviève Letrosne, rencontre avec un architecte fécond et sa famille, engagée bénévole auprès des blessés de la Grande Guerre. Le survol de l’ensemble de l’œuvre sera assuré par Christiane Guttinger ; Marie-Pascale Prévost-Bault, conservateur en chef à l’Historial de Péronne, évoquera « Une famille engagée dans la Grande Guerre : le témoignage de Geneviève Letrosne, infirmière bénévole à travers son carnet manuscrit conservé à l’Historial de la Grande Guerre de Péronne ». Un petit livret d’accompagnement permettra de garder une trace de cette exposition confinée.

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Nouvelles des sociétés huguenotes de l’étranger (Lettre 66)

C’est avec une grande tristesse que nous avons appris, le décès de Simone Saxer, en septembre 2020. Théologienne et historienne, elle fut membre fondateur de la Société suisse pour l’histoire du refuge huguenot en 1986, faisant suite à une exposition sur le Refuge huguenot montée à Lausanne en 1985, puis, en 2009, l’initiatrice de la Fondation VIA, dédiée à l’aménagement du tronçon suisse, du chemin européen Sur les pas des huguenots et vaudois du Piemont. Tant que sa santé le lui permit, Simone Saxer participa à toutes les réunions triennales organisées par le Comité protestant des Amitiés françaises à l’étranger, depuis celle de Fontainebleau en 1972, organisée par l’ambassadeur Jean Basdevant, secondé par Thierry Du Pasquier.

La pandémie Covid a affecté la vie cultuelle, culturelle et sociétale du monde entier, selon des règles un peu différentes et décalées selon les pays.

La Deutsche Hugenotten-Gesellschaft allemande a annulé sa Journée huguenote prévue en juillet 2021 à Hofgeismar, rassemblant généralement une grande foule ; l’assemblée générale se tiendra plutôt en petit comité, à Celle, afin de préserver la santé des participants.

Le n°1/2020 de la revue Hugenotten, publie un long article illustré du pasteur Andreas Flick, président de la Deutsche Hugenotten-Gesellschaft, consacré à la manufacture de chapeaux fondée par le huguenot Pierre Gabain à Celle en 1709. Cette famille de chapeliers, originaire des Cévennes (St-Pierre de Cernon), s’exile à la Révocation, d’abord à Payerne, puis à Celle où leur industrie prospère au XVIIIes. et exporte jusqu’en Russie. Les Gabain exercent des responsabilités d’Ancien dans l’Eglise française jusqu’à sa fusion avec l’Eglise réformée allemande en 1805. L’imposante maison Gabain, Muhlenstrasse 26, dont la partie centrale est surmontée d’un fronton triangulaire, a été restaurée récemment. Les bâtiments d’angle, plus bas, qui devaient abriter les ateliers, sont aussi conservés.

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Claude Goudimel, artiste à la mode, martyr de sa foi (Lettre 65)

Gravure de Claude GoudimelIl est des artistes dont l’œuvre rayonne dans le temps sans que leur vie soit connue. C’est le cas de Claude Goudimel, dont les réformés chantent chaque dimanche les Psaumes.

Sa date de naissance déjà est incertaine, autour de 1520. Il est le fils d’un boulanger de Besançon, ville libre de l’Empire germanique et particulièrement aimée de Charles Quint. Notre chantre des Psaumes n’est donc pas un français de naissance. Il a reçu une éducation musicale et générale sans doute auprès de l’Eglise locale à laquelle il restera attaché puisqu’en 1554/55 il témoigne en faveur de l’archevêque de Besançon dans un procès.

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Étienne Delaune, orfèvre et graveur protestant de la Renaissance (Lettre 65)

Étienne Delaune, fils du tailleur d’habits de François 1er, nait à Milan vers 1519[1].

Il se forme en France, peut-être à Orléans puis exerce comme orfèvre et graveur de médailles à Paris (1551), à la Monnaie du Moulin, créée par Henri II.

Son adhésion à la Réforme contraint-elle Delaune à la discrétion ? A pratiquer en chambre, illégalement, puis, poursuivi, se tourner vers la gravure ? Ses premières estampes remontent à 1561. Il utilise les techniques du burin et de la taille-douce, ainsi que le pointillé inventé par l’Italien Campagnola[2].

Il grave des compositions allégoriques, mythologiques et des suites bibliques d’après des esquisses de Baptiste Pellerin, dessinateur lié au milieu des orfèvres parisiens.

Dans la mouvance des artistes italiens du chantier de Fontainebleau[3], Delaune va jouer un rôle éminent dans la diffusion du nouveau vocabulaire artistique composé de grotesques et rinceaux, habités de petits animaux et chimères.[4]

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Un moment protestant de l’Institut de France. Le concours de 1802 sur la Réformation (Lettre 65)

Le 3 mars 1802, la Classe des Sciences morales et politiques de l’Institut choisit un sujet de concours intitulé « Quelle a été l’influence de la Réformation de Luther sur la situation politique et le progrès des Lumières ».

Ce choix est politique. L’été précédent, Pie VII et Bonaparte ont signé un Concordat déclarant la religion catholique « religion de la majorité des Français ». C’est une déception pour les protestants et les progressistes de l’Institut. Alors que le « parti catholique » triomphe avec la publication du Génie du Christianisme et la ratification du Concordat suivie d’une messe solennelle à Notre-Dame, La Décade philosophique, dirigée par le protestant Jean-Baptiste Say, publie dans le même numéro le texte du Concordat et l’annonce du concours. Bonaparte, qui vient d’épurer le Tribunat en évinçant les idéologues, réforme l’Institut en janvier 1803 : la Classe des Sciences morales est supprimée et ses membres répartis dans d’autres classes.

C’est la Classe d’Histoire et de littérature ancienne qui décerne le prix en mars 1804. Six des sept candidats ont fait l’éloge de la Réforme. Le lauréat est Charles de Villers, officier lorrain catholique de 39 ans émigré à Göttingen où il avait été séduit par la culture allemande ; mais son livre sur la philosophie de Kant, publié en 1801 avec une dédicace à l’Institut, avait déplu aux matérialistes de la Classe des Sciences morales. Villers, qui bénéficie de l’anonymat du concours, n’avait pour appui que le luthérien Georges Cuvier qui préside la Classe des Sciences et quelques historiens protestants de Strasbourg. Il s’est lié avec Benjamin Constant, Germaine de Staël et l’ambassadeur de Berne Stapfer.

portrait de Charles de VillersPortrait de Charles de Villers par Friedrich Carl Gröger, 1809. Portraitiste renommé d’Allemagne du Nord.

(wikipedia commons)

 

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Nouvelles du protestantisme français (Lettre 65)

L’état d’urgence sanitaire décrété en mars 2020 a bouleversé le monde culturel avec notamment l’annulation de toutes les réunions, cérémonies, expositions, rencontres, colloques et conférences qui étaient programmés pour le printemps.

Face à la crise Covid-19, la Fédération protestante de France a mis en place un numéro vert d’écoute : (0805 380 222) et les pasteurs ont utilisé les dernières technologies pour maintenir le lien avec les paroissiens (cultes zoom).

Cette période exceptionnelle a pu inciter certains à faire des parallèles historiques avec la période clandestine du Désert, durant laquelle les protestants français ont du exercer leur culte confiner dans des lieux isolés pour se protéger des dangers extérieurs. Rien de tel cependant avec cette pandémie : aucune religion n’a été interdite. La pratique a cependant dû s’adapter.

Si les temples, églises, bibliothèques ont dû fermer leurs portes, toute activité n’a pour autant pas été suspendue : les décisions urgentes ont pu être réglées par internet ou réunions virtuelles. Les cultes ont pu se maintenir à distance. Mais, bien évidemment, rien ne remplacera le contact physique, les rencontres.

Nos réflexions nous ont amenés à se pencher sur des personnalités qui se sont justement révélées dans le domaine des soins par leur attitude positive et la volonté d’améliorer le sort de leur contemporain face à la maladie et la vieillesse. Deux femmes ont ainsi particulièrement retenu notre attention, Florence Nightingale, née aux environs de Florence il y a 200 ans, qui, refusant la vie promise à une jeune fille de bonne famille cultivée et bien élevée, destinée à devenir une épouse agréable, se sentit appelée à améliorer les soins infirmiers, et, à sa suite, Anna Hamilton qui, à la pointe des progrès de la medecine et de l’hygiène, fit complètement évoluer le métier d’infirmière. L’émission du 1er aout leur sera dédiée.

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Le Cinquième centenaire de la naissance de Gaspard de Coligny (Lettre 64)

Gaspard de Coligny nait à Châtillon en 1519. Il reçoit une brillante éducation humaniste. Dès 1542, il entame une carrière militaire et se distingue rapidement par son audace. Coligny jouit d’une grande faveur à la cour d’Henri II qui le nomme amiral de France en 1552. Attiré par les idées de la Réforme, il se convertit au protestantisme. Par fidélité au roi, il commence par refuser la violence et condamne la conjuration d’Amboise. Au cours des premières guerres de religion, Coligny joue un rôle de premier plan. Suite à la mort du prince de Condé à Jarnac, il devient le chef incontesté des protestants. Après la Paix de Saint-Germain-en-Laye en 1570, il jouit à nouveau de la faveur du roi Charles IX. Le 22 août 1572, Coligny est blessé dans un attentat. Dans la nuit du 23 au 24 août, il est assassiné ; son corps, défenestré, est trainé dans les rues de Paris et pendu au gibet de Montfaucon. Gaspard de Coligny est la première victime du massacre de la Saint-Barthélemy.

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Le graveur Bernard Picard, auteur du Traité des cérémonies religieuses de toutes les nations (Lettre 64),

Le graveur Bernard Picard, est né en 1673 à Paris. Il est formé par son père Etienne Picard, surnommé le Romain après un séjour à Rome, puis par les graveurs Benoît Audran et Sébastien Leclerc. Après des séjours aux Pays-Bas, en Angleterre et en Suède, Bernard Picard s’établit définitivement en Hollande, sans doute pour des raisons religieuses. D’origine catholique, il a fréquenté les jansénistes et se convertit au protestantisme, admis en 1712 à l’Eglise wallonne huguenote d’Amsterdam. Amsterdam où il meurt en 1733.

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Précepteurs et gouvernantes suisses à la cour de Russie (Lettre 64)

A la fin du XVIIIe siècle, et cela se prolonge au siècle suivant, le Pays de Vaud exporte largement précepteurs et gouvernantes à la Cour de Russie. Pourquoi autant de Suisses en Russie ? A cette époque de ce qu’on a appelé « l’Europe française au siècle des Lumières », il faut parler français, c’est la langue des élites, la langue diplomatique. Les Suisses de l’ouest sont francophones, parlent peut-être un français moins pur, mais ils présentent l’avantage d’être calvinistes et de pouvoir donner une éducation protestante. En effet le plus grand nombre de mariages de la Cour orthodoxe de Russie se faisait avec des Cours allemandes protestantes. Enfin, en cette fin du XVIIIe siècle, des Français peuvent être contaminés par des idées révolutionnaires. La Suisse au contraire donne l’image d’un pays calme, simple et pastoral.

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