Nouvelles des sociétés huguenotes de l’étranger (Lettre 66)

C’est avec une grande tristesse que nous avons appris, le décès de Simone Saxer, en septembre 2020. Théologienne et historienne, elle fut membre fondateur de la Société suisse pour l’histoire du refuge huguenot en 1986, faisant suite à une exposition sur le Refuge huguenot montée à Lausanne en 1985, puis, en 2009, l’initiatrice de la Fondation VIA, dédiée à l’aménagement du tronçon suisse, du chemin européen Sur les pas des huguenots et vaudois du Piemont. Tant que sa santé le lui permit, Simone Saxer participa à toutes les réunions triennales organisées par le Comité protestant des Amitiés françaises à l’étranger, depuis celle de Fontainebleau en 1972, organisée par l’ambassadeur Jean Basdevant, secondé par Thierry Du Pasquier.

La pandémie Covid a affecté la vie cultuelle, culturelle et sociétale du monde entier, selon des règles un peu différentes et décalées selon les pays.

La Deutsche Hugenotten-Gesellschaft allemande a annulé sa Journée huguenote prévue en juillet 2021 à Hofgeismar, rassemblant généralement une grande foule ; l’assemblée générale se tiendra plutôt en petit comité, à Celle, afin de préserver la santé des participants.

Le n°1/2020 de la revue Hugenotten, publie un long article illustré du pasteur Andreas Flick, président de la Deutsche Hugenotten-Gesellschaft, consacré à la manufacture de chapeaux fondée par le huguenot Pierre Gabain à Celle en 1709. Cette famille de chapeliers, originaire des Cévennes (St-Pierre de Cernon), s’exile à la Révocation, d’abord à Payerne, puis à Celle où leur industrie prospère au XVIIIes. et exporte jusqu’en Russie. Les Gabain exercent des responsabilités d’Ancien dans l’Eglise française jusqu’à sa fusion avec l’Eglise réformée allemande en 1805. L’imposante maison Gabain, Muhlenstrasse 26, dont la partie centrale est surmontée d’un fronton triangulaire, a été restaurée récemment. Les bâtiments d’angle, plus bas, qui devaient abriter les ateliers, sont aussi conservés.

En Bavière, à 18 km au sud-est de Nuremberg, le Diakoniemuseum Rummelsberg, (www.diakoniemuseum.de) fondé en 2015, organise une exposition annuelle sur l’histoire de la Diakonie en Bavière, dont dépendent plusieurs établissements (une maison de retraite, un centre de formation professionnelle avec un internat attenant pour jeunes handicapés physiques, une association de protection de la jeunesse, un centre d’études, un centre de conférence et deux cliniques, vendues en 2010, dont l’une, réputée, spécialisée en  orthopédie). Il fait partie d’un groupe de 9 petits musées évangéliques du sud de l’Allemagne qui a édité un flyer commun avec le Museum Kirche in Franken à Bad Windsheim qui s’intéresse à l’émigration huguenote en Franconie (Internet: www.freilandmuseum.de/das-museum/museum-kirche-in-franken.html) ; le Löhe-Zeit-Museum Neuendettelsau (www.loehe-zeit-museum-neuendettelsau.de) et  l’exposition « einBlick » Mission EineWelt (www.mission-einewelt.de/besondere-einrichtungen/dauerausstellung-einblick) ; le Klostermuseum Heidenheim (www.kloster-heidenheim.eu/museum.html) ; le Museum Lutherstiege – St. Anna Augsburg ( www.st-anna-augsburg.de/lutherstiege) ; le Museum im Haus Bethanien (www.diakoniewerk.at/), ainsi que l’Evangelisches Museum Oberösterreich ( http://museum-ooe.evang.at)  en Autriche.

 

La Huguenot Society of Great Britain and Ireland vient de faire paraître dans ses Quarto series, le vol. LXIII « A directory of Huguenot refugies on the Channel Islands 1548-1825 » (Londres, 2020, 328 pages), résultat d’un énorme travail de dépouillement des registres de réfugiés dans les iles anglo-normandes, due à Robert Nash (par ailleurs secrétaire de la Huguenot Society d’Australie).

Le Huguenot Society Journal de 2020, nouvelle dénomination des Proceedings of the Huguenot Society of Great Britain and Ireland publie plusieurs articles intéressants. Tessa Murdoch évoque une technique, relevant d’un savoir faire typiquement huguenot pratiqué par des artisans du quartier de Spitalfield, entre 1680 et 1760, l’« Ivory piqué ». Ainsi subsistent plusieurs objets raffinés et précieux des collections du Victoria&Albert Museum et de particuliers, ornant pommeaux de cannes, manches de couverts, médaillons, une longue vue… L’ivoire était percé de petits trous comblés d’épingles en or ou argent coupées à ras, dessinant des motifs décoratifs, initiales et broderies. Des rapprochements peuvent être faits avec des noms de tabletiers, et « tourneurs en ivoire », inscrits sur les registres de réfugiés de Spitafield. Une technique analogue, le piqué posé sur écaille de tortue, d’origine napolitaine mais développée à Paris, est associée à la marqueterie de Pierre Gole et André-Charles Boule. D’autres articles s’attachent aux personnalités de descendants de huguenots intégrés dans la société britannique : l’officier artilleur Thomas Desaguliers, le peintre-graveur Paul Fourdrinier, le capitaine Guillaume Guion, et le pasteur Daniel Lombard, ordonné par l’évêque de Londres, Henry Compton, favorable aux émigrés huguenots, auquel le Rev.Lord Richard Chartres consacra une conférence le 17 octobre 2019 (La Lettre, n°65).

Dans Huguenot Times, la Newsletter de la Huguenot Society of Australia, Robert Nash, évoque le parcours original du fils d’un huguenot exilé à Londres, Tom Juchau, poseur de pavés, qui devint célèbre en menant parallèlement une brillante carrière de champion de boxe des années 1762 à 1771, disputant plus d’une centaine de matchs !

Aux Etats-Unis, les conséquences de la Covid ont aussi affecté l’association Historic Huguenot Street du village de New Paltz, les visiteurs ayant été moins nombreux cette année. Témoin emblématique de l’installation de Huguenots et flamands qui ont marqué le développement de la région par leurs apports cultuels, culturels, et leur savoir faire. L’association veille à la conservation des maisons des fondateurs, à faire connaître et vivre leur histoire, mais développe aussi son intérêt pour les populations indiennes autochtones de la région.

Affiche de l'exposition Derrière les cases de la missionLe musée d’Ethnographie de Neuchâtel (MEN) présente jusqu’au 7 février 2021 l’exposition « Derrière les cases de la mission », (4, rue Saint-Nicolas, Neuchâtel, (site www.men.ch – Rouvert le 9 décembre, puis refermé, il faut se renseigner).

En pleine période anti-colonialiste, une évocation critique de la présence de missionnaires protestants suisses au Mozambique de 1870 à 1875, paraissait risquée. Elle se base sur l’aventure de deux évangélistes réformés, Georges Liegme et Henri-Alexandre Junod, qui se sont retrouvés parmi des populations animistes colonisées par des catholiques portugais. Suivant un parcours basé sur la bande dessinée, l’exposition présentée sous formes de « cases », est ainsi commentée par le journaliste suisse de « Bilan », « l’exposition propose à la fois des objets traditionnels, parfois collectés par des missionnaires, et la métamorphose subie par les autochtones. Les colons de la pensée s’étaient donné du mal. Ils avaient appris (et publié en dictionnaires) les langues locales. Ils avaient adapté pour leurs projections, sous forme de lanternes magiques, les récits bibliques. Le choc a été rude pour les deux parties (…) Ces religieux se retrouvaient dès le départ pris entre les aspirations libertaires des populations soumises et les volontés autoritaires d’une puissance coloniale aux valeurs très différentes de celles inculquées en Suisse. Il en ira ainsi, de manière toujours plus difficile à supporter, jusqu’à la décolonisation du début des années 60. Une décolonisation à la tonalité ici nettement marxiste. »

Une exposition Eugène Burnand. À travers champs  est Affiche de l'exposition Eugène Burnand A travers champsprésentée jusqu’au 7 mars à l’Espace Graffenried à Aigle (Suisse)  à l’occasion du centenaire de sa mort, en collaboration avec le Musée Eugène Burnand à Moudon. Loin de se positionner en rétrospective, l’exposition propose un cheminement à travers les différentes techniques et sujets de prédilection de l’artiste. Elle révèle également des dessins nouvellement restaurés ainsi que des œuvres récemment acquises ou déposées au musée de Moudon. Artiste franco-suisse, Eugène Burnand (1850-1921) est à la fois dessinateur, illustrateur, graveur et peintre

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