Le MIR (Musée international de la Réforme) à Genève, a réouvert ses portes en avril 2023 après 21 mois de travaux, avec une nouvelle entrée donnant directement sur la place Saint-Pierre à côté de la façade de la cathédrale. Toute la scénographie et le plan de circulation en ont été repensés et réaménagés, la présentation complètement remaniée. Si l’hôtel Mallet qui l’abrite est historique, l’espace d’accueil orné de moulures XVIIIes., le parcours chronologique des salles du musée est conçu comme une suite de « boites » aux couleurs vives masquant les parties anciennes et la plupart des ouvertures, concentrant toute l’attention sur les objets remarquablement présentés et mis en valeur, complété par l’audiovisuel, la projection de petits films, de cartes animées, un studio de musique.
Le MIR a accueilli du 25 au 30 avril 2024 le XXXVIe Colloque des musées protestants, 30e rencontre européenne, autour d’une réflexion sur le thème « Réformer un musée protestant » complétée par quelques visites du vieux Genève protestant et du temple semi-circulaire de Chêne-Bougerie inauguré en 1758 dans la proche périphérie, où s’élevaient autrefois des propriétés campagnardes alliant cultures et lieu de détente pour la bourgeoisie protestante genevoise. Une prolongation du colloque proposée par l’association des AMIDUMIR comporta une excursion au château de Jussy qui appartint au poète Agrippa d’Aubigné et conserve de nombreux souvenirs dont sa bibliothèque, une propriété agricole et viticole et un petit musée de peinture suisse (XIXe-XXe s.), une visite du Conseil Œcuménique des Églises, et du château de Coppet où vécut Germaine de Staël. Ces excursions aux environs de Genève ont permis de mieux comprendre les riches et proches ressources agricoles qui assuraient la subsistance de la cité.
Le MIR a étendu son espace réservé aux expositions. Il accueille actuellement, jusqu’au 13 septembre, l’exposition « Jouer avec les Dieux » présentant la religion à travers le mythe, la danse, le théâtre, le rire et le jeu vidéo.
Une intéressante présentation au musée des Beaux-Arts de Genève met en valeur des artistes suisses des XIXe-XXes. dans un contexte européen, comme le paysagiste alpestre Alexandre Calame, Ferdinand Hodler, et plusieurs venus se former à Paris ou exerçant en France, tels James Pradier (Genève 1790-Bougival 1852), Auguste Imer (Neuchâtel 1787-Avignon 1861), Auguste Feyen-Perrin, Eugène Girardet, Eugène Burnand, Félix Vallotton.
La Société suisse pour l’histoire du refuge huguenot s’est dissoute. Fondée en 1986 grâce à la volonté de Simone Saxer, elle a été à l’origine de multiples recherches, publications, visites et rencontres sur des lieux clefs et souvent méconnus de l’histoire du Refuge huguenot. Également initiée par Simone Saxer, La Fondation Via (site. www.via-huguenots.ch), continue à œuvrer pour l’aménagement des 1800 km d’itinéraires « Sur les pas des huguenots » qui traversent la Suisse, de Genève à Schaffhouse, en provenance de la Méditerranée à Aigues-Mortes, en passant par Mialet (Musée du Désert) et Die, devrait à terme rejoindre la mer Baltique.
Huguenot Society of Great Britain and Ireland. Le musée huguenot de Rochester bénéficiant d’un projet financé par Huguenot Museum-A New Future (NLHF), expose une magnifique maison de poupées du XVIIIe siècle, offerte pour ses 10 ans, à la fille d’un marchand huguenot, Sarah Lethieullier (1722-1788). Ces maisons étaient considérées comme un outil éducatif, initiant les jeunes femmes à la tenue d’un ménage : une histoire fascinante, complétée par plus de 700 objets individuels et une collection de poupées, accompagnent cette maison prêtée par le National Trust jusqu’en mai 2025 et pour la 1ère fois exposée en public.
La Société huguenote allemande lance un appel aux dons pour acheter pour le musée de Bad Karlshafen un tableau de Daniel Chodowiecki (Dantzig 1726-Berlin 1801) représentant la Déesse de la tolérance. Le musée possède plusieurs gravures de cet artiste germano-polonais, d’ascendance huguenote par sa mère. Formé auprès d’artistes d’origine huguenote ou liés au milieu français des Lumières travaillant pour Frédéric-Guillaume II de Prusse au palais de Potsdam et Berlin, comme Antoine Pesne (Paris 1683 -Berlin 1757) et Bernhard Rode (Berlin 1725-1797), Chodowiecki illustra les Mémoires pour servir à l’histoire des Réfugiés François dans les Etats du Roi de Jean-Pierre Erman et Frédéric Reclam, Berlin 1782-1799, histoire de l’établissement des huguenots en Brandebourg, des sujets liés au protestantisme (la Famille Calas, le Massacre de la Saint Barthelemy, et David jouant de la lyre comme frontispice du Psautier de l’Eglise française de Berlin). Membre de l’Académie de Berlin, il est enterré au cimetière français de Berlin.
Le n°4/2023 de la revue Hugenotten cherchait à rétablir la vérité sur certaines familles catholiques ayant pu bénéficier de l’accueil privilégié destiné aux huguenots ou faussement qualifiées huguenotes, comme la fabrique de biscuits Facompres célèbre pour ses madeleines, fondée en 1801 à Nienburg par une famille arrivée en Allemagne après la Révolution et non réfugiée pour sa foi.
Pour son 300ème anniversaire fêté en 2023, la communauté de Potsdam a publié un ouvrage, 300 Jahre Französische-Reformiete Gemeinde Potsdam, Restschrift, Geist&Freiheit esprit de Liberté. Financé par Frédéric II, le temple ovale éclairé par de grandes baies, a été édifié en 1751-53 par G.W. von Knobelsdorff et K.F. Schinkel, et conserve un orgue baroque de Johann Wilhelm Grüneberg de 1783.
La Huguenot society of Australia, présidée par la Dr. Marcia Cameron a célébré ses 20 ans à Sydney le 21 octobre 2023, par un riche programme de conférences coordonnées par Mrs Pamela Summers, en présence des principaux fondateurs, ainsi que l’ambassadeur de France, J-P. Thébault. Les intervenants venus de Grande Bretagne (Tessa Murdoch, ancienne conservatrice du V&A Museum parla de savoir-faire des artisans, orfèvres, bijoutiers et horlogers huguenots), USA (par zoom de Californie, le Dr Randall Carter Working, auteur de Visual Theory or the Huguenots : towards an Architectural iconology of Early Modern French Protestantism, 1535 to 1623, parla de temple de Charenton édifié en 1623 par Salomon de Brosse et Jean Thiriot ; de Nouvelle Zélande et d’Australie (le secrétaire Robert Nash évoqua l’échec de la colonie huguenote en Floride en 1562-65 ; le vice-président Dr Geoff Huard sa rencontre avec Robert Nash ; Melissa Hulbert, présidente de la société de généalogie d’Australie parla du recours à la génétique en généalogie).
Robin Gwynn, auteur en 1985 de « Huguenot Heritage. The history and contribution of the Huguenots in Britain », a fait don de sa bibliothèque personnelle au Moore Theological College de Newtown à Sydney, ce dont se félicitent les historiens australiens qui pourront travailler sur les plus de 400 livres, collections de revues huguenotes, biographies, photos, et notes de recherches non publiées. Le Huguenot Times n°42, été 2024 , publie plusieurs articles dont un sur Daniel Collot d’Escury (1643-1714) par Libby Wilson, un de ses descendants, relaté d’après son « journal » complété par ses fils et petit-fils. Originaire de St-Dizier, il fuit la région après le massacre de Wassy, pour la Bretagne. A la Révocation, une 1ère tentative d’exil en famille échoue, mais ils repartent avec 4 chevaux, 4 enfants dans des paniers cachés par des oranges et des citrons, un sur la selle d’un valet, suivent la vallée de la Loire jusqu’à Orléans, en direction de Montbéliard et arrivent à Bâle où sa femme donne naissance à leur cinquième enfant ! Daniel, quoique manchot, intègre les troupes de Guillaume d’Orange et s’installe à Dublin où le rejoint plus tard sa famille. Ce destin témoigne des péripéties et souffrances endurées par les réfugiés, et leurs familles ; sa femme meurt à 46 ans, épuisée par les voyages et les grossesses, il n’a pas réussi à réellement s’établir ; sur 11 enfants, seuls 3 filles et 2 fils étaient encore vivants lorsqu’il mourut…et mais sa descendance a précieusement conservé son journal ! Huguenot Times fait ainsi connaître les trajectoires passionnantes de ces familles huguenotes australiennes auxquelles Robert Nash a déjà consacré deux livres.
La National Huguenot Society of America a son siège actuel à San Antonio (Texas) où se tiendra son prochain congrès annuel, du 3 au 5 octobre 2024, autour de sa présidente Mrs Jo Lee Potts (nationalhuguenotsociety.org). Les plus anciennes implantations huguenotes en Amérique se fixèrent sur la côte Est, la Virginie et la Caroline du Sud, alors que le Texas étant sous une influence espagnole et mexicaine, mais la Huguenot Society of Texas, attachée à la National Huguenot Society s’est organisée en 1954 et comporte 5 « chapters » autour d’Austin, Dallas, Houston, Fort Worth (où se trouve un centre historique et généalogique, une bibliothèque, une très riche photothèque, la consultation des archives), et San Antonio. Des réunions, conférences et recherches perpétuent l’histoire des huguenots ayant émigré pour leur foi avant la Révolution française ; les conditions d’admission à la Huguenot Society sont très strictes, reposant sur des documents généalogiques et historiques.
Il a été avancé que David Crockett (1786-1836) mort à Fort Alamo, originaire d’Irlande serait un descendant d’Antoine de Saussure de Croquetane, capitaine huguenot de la garde de Louis XIV, mais sans certitude absolue. Peut-être en saurons-nous plus à cette occasion ?