Claude Goudimel, artiste à la mode, martyr de sa foi (Lettre 65)

Gravure de Claude GoudimelIl est des artistes dont l’œuvre rayonne dans le temps sans que leur vie soit connue. C’est le cas de Claude Goudimel, dont les réformés chantent chaque dimanche les Psaumes.

Sa date de naissance déjà est incertaine, autour de 1520. Il est le fils d’un boulanger de Besançon, ville libre de l’Empire germanique et particulièrement aimée de Charles Quint. Notre chantre des Psaumes n’est donc pas un français de naissance. Il a reçu une éducation musicale et générale sans doute auprès de l’Eglise locale à laquelle il restera attaché puisqu’en 1554/55 il témoigne en faveur de l’archevêque de Besançon dans un procès.

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Étienne Delaune, orfèvre et graveur protestant de la Renaissance (Lettre 65)

Étienne Delaune, fils du tailleur d’habits de François 1er, nait à Milan vers 1519[1].

Il se forme en France, peut-être à Orléans puis exerce comme orfèvre et graveur de médailles à Paris (1551), à la Monnaie du Moulin, créée par Henri II.

Son adhésion à la Réforme contraint-elle Delaune à la discrétion ? A pratiquer en chambre, illégalement, puis, poursuivi, se tourner vers la gravure ? Ses premières estampes remontent à 1561. Il utilise les techniques du burin et de la taille-douce, ainsi que le pointillé inventé par l’Italien Campagnola[2].

Il grave des compositions allégoriques, mythologiques et des suites bibliques d’après des esquisses de Baptiste Pellerin, dessinateur lié au milieu des orfèvres parisiens.

Dans la mouvance des artistes italiens du chantier de Fontainebleau[3], Delaune va jouer un rôle éminent dans la diffusion du nouveau vocabulaire artistique composé de grotesques et rinceaux, habités de petits animaux et chimères.[4]

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Un moment protestant de l’Institut de France. Le concours de 1802 sur la Réformation (Lettre 65)

Le 3 mars 1802, la Classe des Sciences morales et politiques de l’Institut choisit un sujet de concours intitulé « Quelle a été l’influence de la Réformation de Luther sur la situation politique et le progrès des Lumières ».

Ce choix est politique. L’été précédent, Pie VII et Bonaparte ont signé un Concordat déclarant la religion catholique « religion de la majorité des Français ». C’est une déception pour les protestants et les progressistes de l’Institut. Alors que le « parti catholique » triomphe avec la publication du Génie du Christianisme et la ratification du Concordat suivie d’une messe solennelle à Notre-Dame, La Décade philosophique, dirigée par le protestant Jean-Baptiste Say, publie dans le même numéro le texte du Concordat et l’annonce du concours. Bonaparte, qui vient d’épurer le Tribunat en évinçant les idéologues, réforme l’Institut en janvier 1803 : la Classe des Sciences morales est supprimée et ses membres répartis dans d’autres classes.

C’est la Classe d’Histoire et de littérature ancienne qui décerne le prix en mars 1804. Six des sept candidats ont fait l’éloge de la Réforme. Le lauréat est Charles de Villers, officier lorrain catholique de 39 ans émigré à Göttingen où il avait été séduit par la culture allemande ; mais son livre sur la philosophie de Kant, publié en 1801 avec une dédicace à l’Institut, avait déplu aux matérialistes de la Classe des Sciences morales. Villers, qui bénéficie de l’anonymat du concours, n’avait pour appui que le luthérien Georges Cuvier qui préside la Classe des Sciences et quelques historiens protestants de Strasbourg. Il s’est lié avec Benjamin Constant, Germaine de Staël et l’ambassadeur de Berne Stapfer.

portrait de Charles de VillersPortrait de Charles de Villers par Friedrich Carl Gröger, 1809. Portraitiste renommé d’Allemagne du Nord.

(wikipedia commons)

 

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Nouvelles du protestantisme français (Lettre 65)

L’état d’urgence sanitaire décrété en mars 2020 a bouleversé le monde culturel avec notamment l’annulation de toutes les réunions, cérémonies, expositions, rencontres, colloques et conférences qui étaient programmés pour le printemps.

Face à la crise Covid-19, la Fédération protestante de France a mis en place un numéro vert d’écoute : (0805 380 222) et les pasteurs ont utilisé les dernières technologies pour maintenir le lien avec les paroissiens (cultes zoom).

Cette période exceptionnelle a pu inciter certains à faire des parallèles historiques avec la période clandestine du Désert, durant laquelle les protestants français ont du exercer leur culte confiner dans des lieux isolés pour se protéger des dangers extérieurs. Rien de tel cependant avec cette pandémie : aucune religion n’a été interdite. La pratique a cependant dû s’adapter.

Si les temples, églises, bibliothèques ont dû fermer leurs portes, toute activité n’a pour autant pas été suspendue : les décisions urgentes ont pu être réglées par internet ou réunions virtuelles. Les cultes ont pu se maintenir à distance. Mais, bien évidemment, rien ne remplacera le contact physique, les rencontres.

Nos réflexions nous ont amenés à se pencher sur des personnalités qui se sont justement révélées dans le domaine des soins par leur attitude positive et la volonté d’améliorer le sort de leur contemporain face à la maladie et la vieillesse. Deux femmes ont ainsi particulièrement retenu notre attention, Florence Nightingale, née aux environs de Florence il y a 200 ans, qui, refusant la vie promise à une jeune fille de bonne famille cultivée et bien élevée, destinée à devenir une épouse agréable, se sentit appelée à améliorer les soins infirmiers, et, à sa suite, Anna Hamilton qui, à la pointe des progrès de la medecine et de l’hygiène, fit complètement évoluer le métier d’infirmière. L’émission du 1er aout leur sera dédiée.

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Nouvelles des sociétés huguenotes de l’étranger (Lettre 65)

La pandémie Covid 19 a impacté tous les continents, obligeant à annuler ou reporter en cascade tous les projets culturels.

Le XXXVe Colloque des musées protestants, 29e rencontre européenne, qui devait se tenir à Sopron en Hongrie fin avril-début mai, sur le thème des Protestants en Europe centrale, est remis à l’année prochaine.

Les commémorations prévues pour fêter les 400 ans du départ du « Mayflower » (cf. la dernière Lettre, p. 3), le 16 septembre 1620, du Royaume-Uni à Plymouth, pour la Nouvelle-Angleterre, ont été reportées à 2021 Ce voyage fondateur des Pilgrim’s fathers (pères pèlerins) est le plus célèbre de l’histoire coloniale américaine. Les Pays-Bas lieu de passage de huguenots embarqués sur le Mayflower seront également associés à ces commémorations.

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Bibliothèque huguenote (Lettre 65)

 

Mickaël Augeron (ouvrage collectif, sous la direction de), Figures huguenotes dans les Amériques. De l’histoire à la mémoire, Presses Univ. de Rennes, 2020 (20 €). John de Bry : Histoire et souvenir de Jean Ribault (Dieppe 1520- Floride 12 octobre 1565) ; Bertrand Van Ruymbeke : Un siècle après. Huguenot Diaspora Memory in the Revolutionary Era ; Leslie Choquette : Vie et mémoire de Pierre Dugua, sieur de Mons, pionnier transatlantique ; Gérard Lafleur : Héritage protestant aux Antilles françaises ; Owen Stanwood : Ezechiel Carré, New England’s Forgotten Minister ; Anne Wegener Sleeswijk : Sur les traces de Jean Nepveu : un huguenot au Surinam aux XVIIIe siècle ; Robert Larin : Le huguenot de la Nouvelle France. Entre l’histoire méconnue et la mémoire réinventée ; Pierre Emmer : Suriname’s Cruellest Slave Owner ? Maria Susanna du Plessis : Myth ans Reality ; Gilles Havard : La légende huguenote de David Crokett ; Florence Gasparni : Préserver la mémoire de Louis Dubois, l’un des pères fondateurs de New Platz ; Florence Gasparini : La maison Guillebeau : une maison « huguenote » en Caroline du Sud ; Bouda Etemad : Le palais Dupeyrou. Un monumental legs à Neuchâtel de « Monsieur de Surinam ».

Patrick Cabanel et André Encrevé (sous la direction de), la parution du Dictionnaire biographique des protestants, tome 2 (E à G) est annoncée pour début septembre, comportant plus de 1 000 pages de notices !

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