Nouvelles du protestantisme français (Lettre 68)

Annulée en 2020 pour cause de pandémie, l’Assemblée du Désert 2021 s’est tenue sous les chênes et châtaigniers du Musée du Désert à Mialet, le dimanche 5 septembre, sur le thème « Une religion de liberté et de sincérité », associée à la commémoration du 150ème anniversaire de la Mission populaire fondée par le pasteur Robert McAll, au lendemain de la Commune. Le président de la « Miss Pop », le pasteur Olivier Bres, assura le prêche et une exposition de panneaux disposé dans la Bergerie en retraçait l’histoire jusqu’à son action actuelle. Dans le hall d’entrée du musée du Désert, une exposition montée par l’atelier Grizou illustrait la biographie du pasteur Henri Nick (1868-1954) qui, après avoir été pasteur à Mialet, développa une action de christianisme social dans la région de Lille.

Au temple de Saint-Jean-du-Gard, durant l’été, une série de panneaux était consacrée au romancier écossais Robert Louis Stevenson (Edimbourg 1850-Samoa 1894) auteur de L’Ile au trésor, de L’Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde, ainsi que du Voyage avec un âne dans les Cévennes, devenu mondialement connu, qui continue à faire des émules et a même inspiré un film, Antoinette dans les Cévennes (2020)

Une journée d’hommage à « Bernard Cottret : l’homme des horizons multiples », décédé le 13 juillet 2020 à Provins, s’est déroulée le lundi 6 décembre 2021, à l’Oratoire du Louvre, avec la participation de nombreuses personnalités protestantes qui l’ont côtoyé, dont, Patrick Cabanel, Marianne Carbonnier-Burkard, François Clavairoly, Frank Lestringant, ses éditeurs avec lesquels il a beaucoup dialogué, et qui ont évoqué son œuvre. (les interventions sont visibles sur le site de la Fédération protestante de France  www.protestants.org)  Angliciste et historien, spécialiste de la Réforme et de l’histoire anglo-saxonne, professeur de civilisation des îles Britanniques et de l’Amérique coloniale à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, de 1992 à 2012, il est l’auteur d’une quarantaine d’ouvrages dont Terre d’exil. L’Angleterre et ses réfugiés, XVIe – XVIIe siècles (1985), Le Christ des Lumières. Jésus, de Newton à Voltaire (1990), Cromwell, Bolingbroke, exil et écriture au siècle des Lumières. Angleterre-France (vers 1715-vers 1750), Histoire des îles britanniques, XVIe-XVIIIe siècles, Calvin, Henri VIII. Le pouvoir par la force (2005) Jean-Jacques Rousseau en son temps, en collaboration avec son épouse Monique Cottret, La Révolution américaine, Karl Marx, une vie entre romantisme et révolution, La Glorieuse Révolution d’Angleterre, 1688, Ces reines qui ont fait l’Angleterre, Les Tudors (2019)

Le château de Chantilly présente (11-11-2021 au 27-02-2022) une exposition intitulée « Aux origines du reportage de guerre, Le photographe anglais Roger Fenton et la guerre de Crimée (1855) » de photos prises par Roger Fenton (1819-1869) envoyé sous la Reine Victoria, en 1855, photographier en Crimée, le siège de Sébastopol où l’Angleterre, la France et le Piémont soutiennent l’Empire ottoman contre la Russie. Peintre formé à Paris dans l’atelier de Paul Delaroche comme les futurs photographes Gustave Le Gray, Henri Le Secq et Charles Nègre, Fenton se tourne vers la photographie autour de 1850. Après trois mois d’un reportage éprouvant, fiévreux et déprimé, Fenton rentre en Angleterre avec 360 clichés-verres qui seront tirés sur papier salé et publiés par livraisons, par l’éditeur Thomas Agnew à Londres. Ces tirages, acquis dès octobre-novembre 1855 par le duc d’Aumale alors exilé à Londres, figurent parmi les premières photographies de sa collection et constituent un des premiers reportages aux origines de la photographie de guerre. Pudique, Fenton livre une vision assez aseptisée de ces combats. Le photographe descendrait de son homonyme Roger Fenton (1565–1615), pasteur anglais, célèbre pour ses sermons, auteur d’un Traité sur l’usure et un des traducteurs de la Second Westminster Company de la King James Bible. Il fut enterré sous la table de communion de la chapelle Stephen Walbrook, détruite lors du grand incendie de Londres, et sur laquelle Christopher Wren reconstruisit la cathédrale St-Paul.

 

Organisée à l’occasion du bicentenaire de la Révolution grecque de 1821, l’exposition Paris-Athènes. Naissance de la Grèce moderne (1675-1919) au musée du Louvre, évoque les liens culturels unissant la France et la Grèce, et la création de l’Etat grec moderne.

Rappelons que le mouvement philhelleniste, soutenant la nouvelle république hellène suscita la création de comités dans différentes capitales européennes (Bruxelles, La Haye, Copenhague, Stockholm, Berlin, Munich, en Suisse autour de l’homme d’affaire genevois, Jean-Gabriel Eynard ) et aux États-Unis (New York, Boston, Philadelphie, Baltimore). Dans le Comité de Paris qui recueillit aussi les sommes collectées par certains comités étrangers en Allemagne, Pays-Bas et Suède, on note plusieurs noms de notables protestants, dont Benjamin Delessert, ses frères Gabriel et François, les banquiers Dominique André et son associé Cottier, le baron de Staël, Benjamin Constant…

 

Au musée des Beaux-arts de Caen (4 décembre 2021-6 mars 2022), Couverture du catalogue Louis Chéronune première exposition rétrospective est consacrée à Louis Chéron (Paris 1655-Londres 1725), l’ambition du dessin parfait, accompagnée d’un remarquable catalogue fruit des recherches de François Morandet. Cet artiste protestant peu connu est issu d’une famille d’orfèvres et de peintres. Grand Prix de l’Académie royale en 1676, il se rendit à Rome, peignit deux Mays pour Notre-Dame de Paris, puis se réfugia en 1693 en Angleterre où mais la plupart de ses œuvres sont conservées (dessins prêtés par le British Museum) et où il obtint de grandes commandes décoratives, grâce à la protection du duc de Montagu, ancien ambassadeur à la cour de France. Il créa sa propre école d’art à Londres, dont l’originalité est l’introduction de femmes nues comme modèles.

 

Les prochaines conférences du samedi de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français (cf. la programmation complète sur son site www.shpf.fr) : Hubert Bost (12 février), Olivier Millet (9 avril), P-Y. Kirschleger (14 mai).

 

La SHPN (Société d’histoire du protestantisme en Normandie) tiendra son Assemblée générale le 26 mars à Luneray, suivie d’une conférence sur Isaac Dumont de Bostaquet (1632-1709) gentilhomme cauchois réfugié aux Pays-Bas, puis en Angleterre et en Irlande qui a écrit des Mémoires.

 

Jean-Jacques Néré, par ailleurs président du GPA (le Groupe des Artistes protestants), et sa Troupe des Deux Vallées, après « 1534 : la guerre de religion n’aura pas lieu », donnera la première représentation de son nouveau spectacle « 1768 : Résister », pièce en quatre actes qui met en scène la libération des dernières prisonnières de la Tour, le 9 avril 2022, au temple de la Vallée de Chevreuse (33 av. du Président Wilson, 91120 Palaiseau).

Trois expositions vont permettre de découvrir la peinture finlandaise de la fin du XIXes. Au château de Maisons-Laffitte, « 1882, un été nordique au château de Maisons », (12 mars – 27 juin) s’attachera à la personnalité de Wilhelm Tilman Grommé, ultime propriétaire privé du château, objet de recherches de Laura Gutman, commissaire de l’exposition, qui explora des archives conservées en Finlande, Russie et Allemagne. W.T. Grommé, né en 1836 à Saint-Pétersbourg dans une famille de marchands aisés, descendants de huguenots allemands, étudie la peinture à Saint-Pétersbourg puis s’installe à Paris en 1869. D’un voyage en Orient en compagnie de l’écrivain, poète et archéologue Lucien Augé de Lassus, fondateur de la Société des amis des monuments parisiens, il rapporte à Paris un grand nombre d’objets divers (costumes, armes, etc.), puis acquiert en 1877 le château de Maisons où il accueille, au cours de l’été 1882, une éphémère colonie d’artistes nordiques, peintres, sculpteur et photographe. Parallèlement, le Petit Palais à Paris (9 mars -17 juillet 2022) consacrera une exposition monographique au peintre Albert Edelfelt (1854-1905), élève de Gerôme aux Beaux-Arts et qui séjourna à Maisons, et le musée Jacquemart-André (11 mars – 25 juillet 2022) à Akseli Gallen-Kallela (18651931) venu aussi à Paris.

Les 450 ans de la Saint-Barthelemy seront marqués par un Colloque International à l’Université Sorbonne Nouvelle & Sorbonne Université de Paris, les 19-21 mai 2022, « Cet horrible massacre si renommé par toute l’Europe », axé sur les représentations et usages de la Saint-Barthélemy en Europe et dans le monde (1572-2022), avec des interventions de Julien Goery, Denis Crouzet, Hubert Bost et Jérémie Foa, auteur de Tous ceux qui tombent qui, puisant à de nouvelles sources, dans les archives d’inventaires après décès des notaires, souligne le rôle joué par les dénonciations et « crimes de voisins »  dans une attitude qui a pu se retrouver en d’autres temps, dans des circonstances analogues…

L’Université du Havre organise les 13 et 14 octobre un colloque sur Jules Siegfried (Mulhouse 1837-Le Havre 1922), fondateur avec son frère d’une société spécialisée dans le négoce du coton avec des succursales à Bombay et en Nouvelle-Orléans. Ils créent l’École supérieure de commerce de Mulhouse en 1866, puis se replient en Normandie, où ils fondent l’École supérieure de commerce de Rouen et l’École supérieure de commerce du Havre qui existent toujours. Maire du Havre, député, sénateur, puis ministre du Commerce, de l’Industrie et des colonies, préoccupé des questions sociales, il encourage la création des cités ouvrières et HBM. En 1894. il épousa Julie Puaux, très active dans les œuvres pendant la guerre de 14, féministe et qu’il soutint dans les combats pour le vote des femmes.

Si les protestants ont joué un rôle majeur parmi les entreprises textiles traditionnelles françaises dans le Nord et en Alsace, la crise due à la concurrence asiatique a eu raison de la plupart. Subsiste cependant un joyau qui perpétue la tradition : la manufacture des toiles imprimées de Mayenne à Fontaine-Daniel à 30 kms de Laval, restée aux mains de la famille Denis depuis sa création en 1806, installée dans une ancienne abbaye cistercienne inoccupée depuis la révolution, puis complétée par un grand atelier pourvu de verrières utilisant au maximum la lumière naturelle. Les générations successives ont su s’adapter, moderniser la production, évoluant du tissu d’habillement à l’ameublement, ouvrir des boutiques en France et à l’étranger. Les préoccupations sociales des dirigeants ont donné naissance à tout un village harmonieux, dont Jean Denis, directeur de 1920 à 1968, qui utilisera le nombre d’or mis en avant par les architectes du Bauhaus et par le Corbusier, pour fixer les proportions des maisons ouvrières et des bâtiments de la manufacture.

La Société Montalbanaise d’Étude et de Recherche sur le Protestantisme (SMERP) fondée en 1991 par Robert Guicharnaud (1921-2020) et Édouard Courtois de Viçose, présidée à l’heure actuelle par l’historien Guy Astoul, propose un programme de conférences quasi mensuel (26 janvier, Guy Astoul, Les églises huguenotes en pays germanique au XVIIIe s.; 23 février, Hélène Guicharnaud, La galerie du château de Richelieu ; 23 mars Marie-Claude Tucker, La présence écossaise à l’Académie protestante de Montauban (1598-1636) ; 25 mai, Jean Luiggi, Les fêtes du Tricentenaire de la Faculté de théologie protestante de Montauban, le chant du cygne), et prépare pour l’automne des hommages à ses membres récemment disparus, également membres de l’Académie de Montauban : le 26 septembre, à Robert Guicharnaud, assorti d’une conférence, Art tribal et art rupestre dans le centre de l’Inde, par Jean Clottes ; le 19 novembre, à Daniel Ligou (1921-2013) auteur du Dictionnaire de la Franc-maçonnerie (PUF, 2004), et à Janine Garrisson, (Montauban 1932 -2019), à qui l’on doit, entre autres, L’Homme protestant (1980) et L’Édit de Nantes et sa révocation : histoire d’une intolérance (1985), ainsi que de romans policiers à caractère historique  (Ravaillac, le fou de Dieu, Meurtres à la cour de François Ier, Henri IV : le roi de la paix, Meurtres à la cour de Henri IV).

Laisser un commentaire