Le musée Jean Calvin de Noyon fête ses 90 ans (Lettre 66)

Affiche du musee Jean Calvin

 

Une exposition dédiée à son architecte, Charles Letrosne. Du 18 septembre au 24 décembre 2020(Prolongée jusqu’au 28 février)

 par Christiane Guttinger

 

La maison  natale de Jean Calvin à Noyon avait été complètement détruite lors des bombardements de 1918. La Société de l’histoire du protestantisme français, s’adressa (en 1927) à l’architecte protestant Charles Letrosne pour reconstruire une maison-musée Calvin.

La maison elle-même fut rebâtie sur les fondations de l’ancienne demeure de la famille Cauvin, avec une reconstitution de la « chambre de Calvin », et Letrosne y adjoignit une aile néo-renaissance de 2 étages pour le musée que l’on inaugura en 1930.

A l’occasion de ses 90 ans, le musée Calvin rend hommage à son architecte Charles Letrosne. Né en 1868, il se forma auprès de son père architecte, professeur à l’Ecole des Arts décoratifs, puis à l’Ecole des beaux-arts et obtint un prix de Rome.

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Jean Calvin et l’institution de la langue française

Calvin "L'Institution chrétienne"
Calvin "L'Institution chrétienne"

C’était le titre du colloque organisé le 17 septembre dernier à l’Académie des Sciences morales et politiques. C’est donc à Calvin auteur français que cette prestigieuse institution a entendu rendre hommage, dans le cadre des manifestations de l’année 2009, à l’occasion du 500e anniversaire de la naissance de Jean Calvin. Dans le Palais de l’Institut, quai de Conti, à Paris, on a donc pu entendre plusieurs brillantes conférences, attaquant le sujet – Calvin et la langue française- sous différents angles.

Calvin : un très grand écrivain français.

Le professeur Olivier Millet a montré que les contemporains de Calvin déjà ne s’y sont pas trompés, et ont parfois cherché à l’imiter, bien qu’à l’époque les œuvres de Calvin ne circulaient en France que difficilement, étant toutes à l’Index. La reconnaissance de Calvin comme l’un des principaux fondateurs de la prose française date seulement de la fin du XIXe siècle. Calvin entre alors dans les manuels de littérature française, très discrètement il est vrai, comme en témoignent les insubmersibles manuels « Lagarde et Michard ». Consécration suprême, acquise non sans mal, semble-t-il en cette année 2009, Calvin ayant fait son entrée dans la Bibliothèque de la Pléiade.

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Calvin et Strasbourg, berceau du Psautier huguenot

Indicatif musical : version instrumentale du Ps. 68 (extraits).
(BNU, oct.-dec. 2009)

Les auditeurs auront sans doute reconnu cette mélodie, car elle représente l’identité musicale du protestantisme et plus particulièrement des Réformés et Huguenots. Le parcours de cette mélodie d’origine strasbourgeoise n’est, semble-t-il, pas connu : il est bon d’en rappeler la genèse, en cette année commémorative Calvin (2009).

affiche de l'exposition
affiche de l'exposition

Tout d’abord : un bref point historique. Venant de Bâle, en 1538, le Réformateur français se rend à Strasbourg, alors Ville libre du Saint Empire Romain Germanique. Le Réformateur local, Martin Bucer (1491-1551) lui confie la charge des réfugiés francophones, et c’est là que commence la véritable histoire du Psautier chanté en langue française, conformément au souhait des Réformateurs préconisant la participation active des fidèles au culte et le chant d’assemblée en langue vernaculaire accessible à tous.

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Les protestants de Picardie au XVIe siècle, sujet d’une exposition a Noyon

Lefèvre d’Etaples Nouveau Testament en 1524
Lefèvre d’Etaples Nouveau Testament en 1524
Noyon, la ville natale de Calvin, consacre, depuis le 10 juillet, jour du cinq-centième anniversaire du réformateur, et jusqu’au 31 octobre, une exposition aux Protestants de Picardie au XVIe siècle.

Cette exposition présente le portrait de Picards qui ont joué un rôle déterminant dans l’avènement de l’humanisme et les débuts de la Réforme. Elle insiste plus particulièrement sur Jacques Lefèvre d’Etaples, Jacques Pavanes, Robert Olivétan, François Vatable, Pierre de la Ramée et Laurent de Normandie.

Jacques Lefèvre d’Etaples, est né vers 1455 à Etaples, petit bourg de Picardie. Il étudie le grec et le latin à Rome, alors que ces langues utilisées pour rédiger la Bible sont ignorées de la plupart des membres du clergé. Il enseigne ensuite brillamment la philosophie à Paris devant de nombreux auditoires qui suscitent la jalousie de la Sorbonne. Nommé vicaire par Guillaume Briçonnet, abbé de St-Germain-des-Prés, puis évêque de Meaux, il est le premier à traduire la Bible en français à partir de la Vulgate latine, afin de la rendre accessible à tous. La récente découverte de l’imprimerie donne à sa traduction des épitres de Paul, puis du Nouveau Testament en 1524, une diffusion qui dépasse vite le cercle de ses disciples. Elle suscite la formation de petits groupes qui se réunissent pour lire la Bible en y puisant un nouvel élan de foi. Lefèvre d’Etaples, voulait sortir l’Eglise de sa décadence intellectuelle et morale de l’époque, la réformer de l’intérieur ; il ne rompit jamais avec Rome[1]. Il fut le précurseur d’idées nouvelles et, surtout, permit à la génération suivante une connaissance directe des textes bibliques.

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Guillaume Farel

Guillaume Farel
Guillaume Farel

Le dimanche 21 mai 1536, les bourgeois de Genève convoqués solennellement au son des fanfares, se rassemblèrent sur la place publique et déclarèrent unanimement qu’à partir de ce jour, ils désiraient « vivre selon l’Évangile et la parole de Dieu ». Cette victoire de la foi est due en grande partie à l’activité d’un homme : Guillaume Farel.

Qui est cet homme qui en quelques années a réussi à extirper complètement la vieille foi catholique de cet ancien fief épiscopal, et y a introduit la religion réformée ?

Le grand écrivain autrichien Stephan Zweig en a dressé quatre siècle plus tard un portrait particulièrement peu amène dans son « Conscience contre violence » (1936). Guillaume Farel « petit, laid, la barbe rousse et les cheveux embroussaillés » qui « avec sa voix tonnante et la fureur démesurée de sa nature violente, possède l’art, du haut de la chaire, de précipiter le peuple dans un état d’excitation fiévreuse » est assimilé au « type du révolutionnaire destructeur », lointain ascendant des propagandistes nazis qui se sont alors emparés de l’Allemagne.

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Idelette de Bure, l’épouse de Calvin

timbre Idelette de Bure
Idelette de Bure, femme de Jean Calvin

Idelette de Bure, nous est connue grâce à la correspondance de Calvin, Bucer, Farel et Théodore de Bèze. On peut distinguer deux périodes dans sa vie : celle de sa jeunesse et de son mariage avec l’anabaptiste Jean Storder, puis sa vie d’épouse de Calvin à Strasbourg et Genève.

Idelette de Bure nait à Liège en 1505 ou 1506 dans un milieu aisé. Son grand-père, syndic des brasseurs était un notable ; son père tanneur, commerçant en peaux et fourrures, un catholique prospère.

Cependant, Idelette et son frère Lambert fréquentent un petit groupe évangélique assoiffé de lectures bibliques, favorisé par le développement de l’imprimerie et, en particulier, la parution du Nouveau Testament de Lefèvre d’Etaples, imprimé à Anvers en 1523. Idelette y rencontre et épouse un jeune marchand liégeois, Jean Storder, très engagé dans le mouvement anabaptiste radical qui refuse le baptême des enfants. Ils se marient hors de l’Eglise et auront un garçon et une fille.

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2009 Année Calvin

médaille comémorative de Calvin
médaille comémorative de Calvin
Chers amis,

2009 s’annonce une année stimulante pour le protestantisme et spécialement pour les réformés français. Ce sera « l’année Calvin ».

Jean Calvin est né le 10 juillet 1509 à Noyon, en Picardie. Nous allons donc commémorer le 500ème anniversaire de la naissance du grand réformateur français.

Rien ne le prédisposait à ce destin. Son père l’avait destiné à la prêtrise, mais avait changé d’avis et l’avait orienté vers le droit. Durant ses études de droit à Orléans et Bourges (entre 1527 et 1533 environ), Calvin a été en contact avec des « luthériens » (comme on disait), professeurs ou étudiants. Il a beaucoup lu la Bible, redécouverte par les humanistes.

Cependant, ce n’est que vers 1533 qu’il se convertit aux idées de la Réforme évangélique : il comprend l’Evangile, la bonne nouvelle du salut gratuit de Dieu, comme incompatible avec la religion des « bonnes œuvres », encadrée par l’Eglise traditionnelle. Fin 1534, après l’affaire » des Placards » contre la messe, qui déclenche une répression sans précédent contre les « hérétiques », Calvin quitte le royaume de France et se réfugie à Bâle.

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