La Rochelle et protestantisme charentais, vendéen et poitevin (Lettre 69)

Cartede l'implatation réformée en Poitou Charentespar Christiane Guttinger

 

←L’implantation réformée en Poitou au XVIIe. Carte de Samuel Mours.

L’association des Amitiés huguenotes internationales, héritière du Comité protestant créé 1915, veille à entretenir des liens d’amitié entre protestants français et huguenots du Refuge et, plus largement, entre protestants du monde entier, en se basant sur l’histoire, la généalogie et le patrimoine protestants.
Elles organisent ainsi, tous les 3 ans, une Réunion internationale de descendants de huguenots rassemblant protestants français et délégués d’une douzaine de nations, suscitant rencontres et découverte d’une région française vue sous l’angle de son protestantisme historique et actuel. La pandémie a contraint à reporter celle de 2021, mais résolument optimiste, elles préparent, cette année, la XIXème Réunion huguenote qui sera basée, à La Rochelle, du 19 au 25 septembre 2022.

La Rochelle ? La présence protestante est encore très vivace dans cette « capitale » atlantique des huguenots au XVIe siècle, où fut adoptée la Confession de foi réformée lors du synode de 1571, qui devint un symbole de résistance opiniâtre lors du grand siège de 1627-1628.

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Les Huguenots au Danemark (Lettre 69)

par Gabrielle Cadier

Quand on parle des pays du Refuge huguenot, on ne cite quasiment jamais le royaume de Danemark-Norvège. Pourquoi cette destination n’a-t-elle pas suscité plus d’études ?

En effet, malgré la forte hostilité des évêques luthériens qui considéraient les réformés comme plus dangereux que les catholiques, des centaines de réfugiés français arrivèrent au Danemark et y firent souche. Ils furent attirés par la politique du roi Christian V qui, entre janvier et avril 1685 (c’est-à-dire avant la révocation), promettait des lettres de privilèges fiscaux.
Portrait par Wahl de Charlotte Amelie de DanemarkQuant à la reine Charlotte-Amélie, (Charlotte Amélie de Danemark par Johann Salomon Wahl, localisation actuelle inconnue. Wikipédia, Reproduction public domain in the United States) une princesse réformée de Hesse, quand elle fit construire un temple d’abord destiné à sa Maison, elle l’ouvrit aussi aux réfugiés français. Elle organisa les deux consistoires, l’allemand et le français, fit construire les deux presbytères, et fixa les règles de vie commune. Aujourd’hui encore, l’Église réformée de Copenhague fonctionne selon les voeux de cette reine. Et c’est grâce aux registres de mariages et de baptêmes de cette Église que l’on peut connaître précisément une grande partie de ces réfugiés, leur région d’origine et leur profession. Pour arriver au Danemark, soit ils passaient par la voie maritime et c’est le chemin que prirent majoritairement ceux qui quittaient la Guyenne, le Poitou, les Charentes, la Normandie etc… , soit ils passaient par la voie terrestre, gagnaient la Suisse et de là les principautés allemandes. Quelle que soit la voie choisie, on remarque que le Danemark est rarement une destination première. Les réfugiés ont souvent séjourné dans un autre pays avant de s’installer à Copenhague, là où était la Cour. Quant à leurs professions, en dehors des officiers intégrés dans l’armée et la marine danoise, ce sont essentiellement les métiers du luxe, de la mode et de la bouche qui ont prospéré. Et la profession qui a eu le plus de représentants, c’est celle de perruquier. On peut citer les noms d’environ 25 !

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Jeanne d’Albret et La Rochelle (Lettre 69)

par Didier Poton de Xaintrailles (président du Musée rochelais d’histoire protestante)

Portrait de Jeanne d'Albret (Ecole de Clouet)Jeanne d’Albret quitte Nérac le 6 septembre 1568 avec ses deux enfants, Henri et Catherine.
Elle est âgée de 41 ans. Elle est veuve. Son époux Antoine de Bourbon est mort, revenu au catholicisme, en 1562.
A un émissaire de Catherine de Médicis l’interrogeant sur les motifs de ce voyage, elle répond : « Le service de mon Dieu et la vraie Religion », « Le service de mon roi et l’amour de notre patrie la France », La défense des droits « d’une race si illustre que celle des Bourbons, tige de la fleur de lys ».
Elle arrive à La Rochelle le 28 septembre. Les échevins l’accueillent. La Rochelle a rallié la Cause il y a peu de temps avec l’élection de son premier maire protestant.
Elle y retrouve Coligny, Condé et la plupart des chefs du parti huguenot à qui elle présente Henri comme prétendant légitime au trône de France et Protecteur des Eglises réformées du royaume.

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LOURMARIN,village vaudois puis protestant (Lettre 69)

par l’association des Vaudois du Lubéron.

Les nombreux touristes qui se pressent toute l’année dans ce beau village, au coeur du Luberon, ignorent dans leur grande majorité tout du passé de ce village ; ils ne peuvent manquer cependant de s’interroger sur celui-ci en admirant son temple majestueux posé au pied de son imposant château Renaissance, ou en découvrant à proximité de la place Barthélémy le tombeau de la famille Savournin, ou encore au fond d’une terrasse de restaurant celui de la famille de Girard, qui donna à la France le célèbre inventeur.
Ces monuments indiquent au voyageur averti qu’il subsiste ici une présence protestante.

L’association d’études vaudoises et historiques du Luberon, appelée plus communément AEVHL a voulu avec le livre « Lourmarin, traces d’Histoire » donner à ceux qui désirent en savoir davantage les clés pour comprendre cette présence.

Le livre nous présente donc, à travers l’histoire du village, celle de l’implantation, à partir de la fin du XVe siècle, d’une communauté vaudoise dans le Luberon.
Mais qui sont ces vaudois ? Minorité religieuse issue de l’église catholique, les vaudois, autrement appelés « pauvres de Lyon » doivent leur nom à un certain Vaudès, originaire de cette ville, qui osa affronter la hiérarchie catholique, proposant une stricte lecture de la Bible et un contact direct entre Dieu et les hommes, sans l’intermédiaire d’un clergé qu’il jugeait corrompu. Les fondements de son mouvement en font, pour certains exégètes, un des précurseurs du protestantisme.

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Pierre Toussain(1499-1573), Réformateur de Montbéliard (Lettre 67)

par Christiane Guttinger

 

Pierre Toussain est né en Lorraine en 1499 dans une famille noble, catholique et aisée. Après des études à Metz, Bâle, Cologne, Paris et Rome, il devient, en 1515, chanoine de Metz. Ouvert aux idées humanistes et réformatrices, il en est chassé en 1526.

Il retourne alors à Paris, où il devient l’aumônier de Marguerite de Navarre, mais doit, en 1531, se réfugier en Suisse où il prend contact avec Zwingli, Farel, et surtout Oecolampade qu’il avait déjà côtoyé comme étudiant, à Bâle.

Personnalité indépendante, Pierre Toussain s’insère ainsi dans le réseau de la Réforme qui n’a pas été pensée comme une nouvelle Eglise, mais une rénovation, une ouverture de la religion chrétienne à la modernité et l’esprit scientifique, une rupture avec le cléricalisme.

Toussain est alors invité en 1535 par le duc Ulrich de Wurtemberg, à poursuivre la Réforme implantée par Farel à Montbéliard. Il y régnait alors une situation unique, alliant liberté de conscience et paradoxe culturel. Sous l’autorité du Wurtemberg, le pays était de langue et culture française, mais le peuple parlait un patois de langue d’Oïl, proche de celui de certaines vallées vosgiennes.

Photo du temple Saint GeorgesMontbéliard fut une étape pour les réformés français sur le chemin de l’exil. Certains s’y établirent, si bien qu’une

église des réfugiés, le temple Saint-Georges(Sa construction commencera en 1674 et sera interrompue deux ans plus tard du fait de l’incursion des troupes de Louis XIV dans la principauté.), sera édifiée ultérieurement dans le nouveau faubourg.

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Le Cinquième centenaire de la naissance de Gaspard de Coligny (Lettre 64)

Gaspard de Coligny nait à Châtillon en 1519. Il reçoit une brillante éducation humaniste. Dès 1542, il entame une carrière militaire et se distingue rapidement par son audace. Coligny jouit d’une grande faveur à la cour d’Henri II qui le nomme amiral de France en 1552. Attiré par les idées de la Réforme, il se convertit au protestantisme. Par fidélité au roi, il commence par refuser la violence et condamne la conjuration d’Amboise. Au cours des premières guerres de religion, Coligny joue un rôle de premier plan. Suite à la mort du prince de Condé à Jarnac, il devient le chef incontesté des protestants. Après la Paix de Saint-Germain-en-Laye en 1570, il jouit à nouveau de la faveur du roi Charles IX. Le 22 août 1572, Coligny est blessé dans un attentat. Dans la nuit du 23 au 24 août, il est assassiné ; son corps, défenestré, est trainé dans les rues de Paris et pendu au gibet de Montfaucon. Gaspard de Coligny est la première victime du massacre de la Saint-Barthélemy.

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« Maudits livres luthériens » (Lettre 63)

Affiche de l'exposition à la bibliothèque Mazarine

On peut lire ce genre de formule sous la plume de théologiens sourcilleux, ou dans des édits royaux, au temps de François 1er.
Depuis 1518, date de l’arrivée à Paris des premiers livres de Luther, le théologien allemand qui défiait Rome, toutes les autorités ont tenté de leur faire barrage.
500 ans après 1518 : belle occasion pour une exposition de ces livres à Paris.
La Bibliothèque Mazarine et la Société de l’histoire du protestantisme français ont ainsi réuni une sélection de leurs livres rares dans le cadre prestigieux de la Bibliothèque Mazarine.

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Nouvelles du protestantisme français (Lettre 60)

Le 500e anniversaire de la Réforme a suscité une multitude d’évènements, parution de livres, colloques, série de conférences, « repas propos de table », concerts et expositions. C’est le premier centenaire qui a vu l’Eglise catholique s’associer à la commémoration de la Réforme. Ainsi à Orléans, le samedi 21 octobre, une cérémonie interreligieuse a réuni à la … Lire la suite

Venise et la Réforme luthérienne

Dans le cadre de la commémoration de la Réforme, Venise a été élue ville européenne de la Réforme, par décision de la Municipalité et de la Conférence des Eglises protestantes d’Europe. Une cérémonie en l’église luthérienne de Venise, Campo S.S Apostoli, Canareggio, le 31 octobre 2016, célèbre cet événement.

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Nouvelles du protestantisme français (Lettre 59)

Du 20 mai au 17 décembre, une exposition au Musée Calvin à Noyon (Oise) : « 1517 aux origines de laAffiche de l'exposition aux origines de la Reforme     Réforme, Luther et Calvin fondateurs des protestantismes européens du XVIe siècle » présente ces deux fondateurs du protestantisme qui ne se sont jamais rencontrés, ont certains principes communs, d’autres différents, des caractères et natures contrastées, mais ont tous deux contribué à diffuser l’usage courant des langues vernaculaires dans des domaines où le latin était le seul véhicule.

Une exposition de panneaux créés par l’EPU du Sud-ouest, « Martin Luther, portes ouvertes à… » est présentée dans de nombreuses paroisses et lieux, assortie de conférences, créant des occasions de célébrer les 500 ans de la Réforme.

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