Les Huguenots au Danemark (Lettre 69)

par Gabrielle Cadier

Quand on parle des pays du Refuge huguenot, on ne cite quasiment jamais le royaume de Danemark-Norvège. Pourquoi cette destination n’a-t-elle pas suscité plus d’études ?

En effet, malgré la forte hostilité des évêques luthériens qui considéraient les réformés comme plus dangereux que les catholiques, des centaines de réfugiés français arrivèrent au Danemark et y firent souche. Ils furent attirés par la politique du roi Christian V qui, entre janvier et avril 1685 (c’est-à-dire avant la révocation), promettait des lettres de privilèges fiscaux.
Portrait par Wahl de Charlotte Amelie de DanemarkQuant à la reine Charlotte-Amélie, (Charlotte Amélie de Danemark par Johann Salomon Wahl, localisation actuelle inconnue. Wikipédia, Reproduction public domain in the United States) une princesse réformée de Hesse, quand elle fit construire un temple d’abord destiné à sa Maison, elle l’ouvrit aussi aux réfugiés français. Elle organisa les deux consistoires, l’allemand et le français, fit construire les deux presbytères, et fixa les règles de vie commune. Aujourd’hui encore, l’Église réformée de Copenhague fonctionne selon les voeux de cette reine. Et c’est grâce aux registres de mariages et de baptêmes de cette Église que l’on peut connaître précisément une grande partie de ces réfugiés, leur région d’origine et leur profession. Pour arriver au Danemark, soit ils passaient par la voie maritime et c’est le chemin que prirent majoritairement ceux qui quittaient la Guyenne, le Poitou, les Charentes, la Normandie etc… , soit ils passaient par la voie terrestre, gagnaient la Suisse et de là les principautés allemandes. Quelle que soit la voie choisie, on remarque que le Danemark est rarement une destination première. Les réfugiés ont souvent séjourné dans un autre pays avant de s’installer à Copenhague, là où était la Cour. Quant à leurs professions, en dehors des officiers intégrés dans l’armée et la marine danoise, ce sont essentiellement les métiers du luxe, de la mode et de la bouche qui ont prospéré. Et la profession qui a eu le plus de représentants, c’est celle de perruquier. On peut citer les noms d’environ 25 !

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Le 350ème anniversaire de la Reine Charlotte-Amélie et l’Église Réformée Française de Copenhague

Charlotte Amélie, Reine de Danemark en 1670, épouse de Christian V de Danemark, second monarque absolu de ce pays qui voulait alors politiquement imiter la France, est l’unique souveraine calviniste qui ait régné sur ce pays très officiellement luthérien depuis 1536.

Elle eut quatre enfants de son époux, et Christian V fut pour sa femme un parfait gentilhomme. Il avait eu la chance de la rencontrer à ses quatorze ou quinze ans lors d’un voyage en Hesse, chez son père le prince de hesse-Cassel et sa mère une marquise de Brandebourg. On possède peu de tableaux la représentant, mais elle avait un frais minois, de type presque méridional, qui a dû plaire au futur fiancé, lassé peut-être des beautés walkyriennes de son propre pays.

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