Le musée Jean Calvin de Noyon fête ses 90 ans (Lettre 66)

Affiche du musee Jean Calvin

 

Une exposition dédiée à son architecte, Charles Letrosne. Du 18 septembre au 24 décembre 2020(Prolongée jusqu’au 28 février)

 par Christiane Guttinger

 

La maison  natale de Jean Calvin à Noyon avait été complètement détruite lors des bombardements de 1918. La Société de l’histoire du protestantisme français, s’adressa (en 1927) à l’architecte protestant Charles Letrosne pour reconstruire une maison-musée Calvin.

La maison elle-même fut rebâtie sur les fondations de l’ancienne demeure de la famille Cauvin, avec une reconstitution de la « chambre de Calvin », et Letrosne y adjoignit une aile néo-renaissance de 2 étages pour le musée que l’on inaugura en 1930.

A l’occasion de ses 90 ans, le musée Calvin rend hommage à son architecte Charles Letrosne. Né en 1868, il se forma auprès de son père architecte, professeur à l’Ecole des Arts décoratifs, puis à l’Ecole des beaux-arts et obtint un prix de Rome.

Letrosne mena de front une brillante carrière privée (immeubles parisiens, sièges de grandes sociétés) et, officielle, ponctuée par des participations aux expositions internationales dont celles de Paris en 1900, 1925, 31 et 37, la construction du zoo de Vincennes, et du Sporting-club de Monte-Carlo. Après la grande guerre, Letrosne fut un acteur majeur de la reconstruction des régions dévastées de l’Oise, l’Aisne et la Marne.

La publication de son ouvrage, Murs et toits de chez nous[1], fit de Letrosne le chef de file de l’esthétique régionaliste qui marqua une grande partie de la reconstruction des villes et villages après la Grande guerre. Letrosne privilégia une vision traditionnelle revisité par le modern-style, dégagée du plagiat, l’alternance de brique et pierre, l’utilisation de matériaux locaux, les colombages, tout en introduisant des techniques modernes, le béton et même des modules préfabriqués pour une Cité-jardin à Reims. Il assimila aussi une influence anglo-saxonne incluant par exemple, une grande pièce à vivre (le living-room) dans la distribution intérieure.

Parallèlement, très impliqué dans le protestantisme, Charles Letrosne fut l’architecte de l’Eglise réformée de Paris. Il assura l’entretien et les travaux des temples parisiens en ce premier tiers du XXe siècle – au Saint-Esprit, à l’Etoile, à l’Oratoire – et éleva trois temples. Celui de Gérardmer dans les Vosges, adossé à un porche-campanile, inauguré en 1911, « La petite Etoile » à Levallois avec ses grands toits caractéristiques en 1912. Le temple de Reims (1921-23) est flanqué d’un fier clocher et d’un cloître-mémorial d’influence américaine. Un grand vitrail de Jacques Gruber y représente les Réformateurs. A Reims il œuvra également pour des associations franco-américaines, l’Armée du Salut, les Unions chrétiennes de jeunes gens.

     La visite de l’exposition consacrée à Charles Letrosne à Noyon est aussi l’occasion de déambuler dans la ville où Calvin passa son enfance, à proximité du quartier épiscopal, et de l’exceptionnelle bibliothèque du chapitre … l’occasion de revoir les trésors du musée Calvin, ses éditions rares (dont la bible traduite en français par Olivetan, le cousin noyonnais du Réformateur,) les gravures, tableaux, objets et maquettes illustrant les débuts de l’histoire du protestantisme français. En ce bel automne, à 106 km de Paris, Noyon ne propose-t-il pas une séduisante escapade ?

(Culture protestante, chronique mensuelle des Amitiés huguenotes internationales, diffusée sur France Culture à 8h55, le 5 octobre 2020)

Carte postale du temple de LevalloisTemples de

← Levallois (Archives EPUDF Levallois)

et de  Reims →Carte postale du temple de Reims

 

 

 

 

[1] 1923 à 26 : Edition de luxe après souscription de « Murs et toits de chez nous » développant les études et projets prônant le régionalisme, élaborés (Bretagne-Vichy) depuis 1915-16 « , 3 tomes 1923, 24, 26, Paris, D. Niestlé, 2000 exemplaires, format italien 27,5 x 37,5, introduit par une préface de l’écrivain Léandre Vaillat (1876-1952) :« Les volumes des constructions s’habillent de motifs pittoresques empruntés aux bâtisses paysannes. Souvent élevées à partir d’un même plan, les façades se parent de divers costumes. »

 

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