« Sébastien Bourdon, peintre protestant ? » (Lettre 62)

Affiche de l'ex^position Sébastien Bourdon

Une exposition présentée au musée de Port-Royal-des-Champs.

« Sébastien Bourdon, peintre protestant ? » point d’interrogation. L’interrogation ne porte pas sur l’appartenance religieuse de l’artiste, historiquement prouvée par sa fréquentation régulière du temple de Charenton, mais sur la façon dont Sébastien Bourdon a pu manifester ses convictions, au XVIIe siècle, à travers ses œuvres, dont la plupart furent commandées par l’Eglise catholique.

Né en 1616, à Montpellier, Sébastien Bourdon se forme tout jeune auprès du peintre parisien Berthélémy, fait un séjour à Rome écourté par la crainte d’être dénoncé à l’Inquisition, puis revient à Paris où il fréquente un cercle de peintres, graveurs, orfèvres et marchands protestants établis autour de St-Germain des Prés. Peintre reconnu, malgré son appartenance religieuse, il travaille avec souplesse pour des communautés catholiques de Paris et Montpellier, et reçoit même la prestigieuse commande du Crucifiement de saint Pierre, « May » de 1643 offert à Notre-Dame de Paris par la corporation des orfèvres.

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Sedan, la « Genève du Nord », principauté calviniste et centre manufacturier (Lettre 61)

Sedan, dominée par son puissant château fort connait la prospérité avec les La Mark-Bourbon qui adhèrent au protestantisme dès le XVIe siècle. Les princes y garantissant la liberté religieuse, elle est une terre d’asile pour les réfugiés qui commencent à arriver dès la Saint-Barthélemy.

Les artisans protestants participent à son essor, tels le graveur de caractères, imprimeur et éditeur Jean Jannon, les horlogers Forfaict et Bernard Palissy qui y invente son procédé d’émaillerie. Henri de La Tour d’Auvergne établit à Sedan un cursus scolaire de qualité depuis le primaire et le collège, avec en 1607, la création d’une académie calviniste francophone qui lui assure un immense rayonnement intellectuel. La porte d’entrée de l’académie est surmontée d’une inscription biblique. Son caractère confessionnel affiché attire les étudiants de toute la France et même d’Europe. Le grand temple transformé en église[1] à la Révocation est l’actuelle église Saint-Charles.

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La Réforme en Pologne (Lettre 60)

La poste polonaise vient d’éditer un timbre commémoratif de la Réforme et Wroclaw est ville européenne de la Réforme. Un paradoxe dans la catholique Pologne ?
Valdo et Jean Hus avaient fait de nombreux disciples en Pologne. Aussi la Réforme se répand très rapidement, ainsi à l’université de Cracovie (autour du grand imprimeur Jan Trzecieski), Varsovie, mais aussi les campagnes. La haute noblesse adopte la foi évangélique, tel les princes Nicolas et Rufus Radziwill en Lithuanie (1552). Les princes Leszcinski font de Lezsno et ses environs un foyer actif, où les protestants de Bohème, chassés par Ferdinand de Habsbourg, trouvent refuge.

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Venise et la Réforme luthérienne

Dans le cadre de la commémoration de la Réforme, Venise a été élue ville européenne de la Réforme, par décision de la Municipalité et de la Conférence des Eglises protestantes d’Europe. Une cérémonie en l’église luthérienne de Venise, Campo S.S Apostoli, Canareggio, le 31 octobre 2016, célèbre cet événement.

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Louis Tronchin et Jean-Frédéric Ostervald

Louis Tronchin et Jean-Frédéric Ostervald sont deux personnalités importantes de la période qui voit le protestantisme passer de l’époque des orthodoxies à celle des Lumières. Figure marquante pour toute une génération de penseurs réformés (dont Pierre Bayle et Jean Le Clerc qui ont été ses élèves), Louis Tronchin fut, pendant près de vingt-cinq ans, le correspondant de Jean-Frédéric Ostervald après avoir été son professeur de théologie.

 

La correspondance que nous avons publiée en juin dernier chez l’éditeur suisse Alphil avec le concours de l’Association suisse pour l’histoire du Refuge huguenot, couvre en effet les années 1683 à 1705. Elle permet de jeter un regard nouveau sur les chantiers qu’ouvrent alors les deux hommes et qui vont transformer profondément la théologie et les pratiques calvinistes francophones.

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Agrippa d’Aubigné, « l’image abrégée de son siècle » (Lettre 58)

Agrippa d'AubignéAgrippa d’Aubigné, écrivain calviniste, est aujourd’hui considéré comme une figure de premier plan de la littérature française de la Renaissance. A la fois acteur et témoin des guerres de religion, il en vécut toutes les contradictions qu’il sublima par la composition d’une œuvre qui le désigne comme un des plus grands écrivains baroques de son temps.

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La saga d’une famille huguenote au XVIIème siècle, des Pays-Bas espagnols au Danemark

Lors de la dernière Réunion internationale des descendants de huguenots en septembre dernier, l’un des participants, de nationalité danoise, a évoqué l’étonnant parcours de ses ancêtres aux XVIIe et XVIIIe siècles, des Pays Bas espagnols jusqu’au Danemark.

Il faut se souvenir qu’au XVIe siècle, les Pays-Bas étaient formés de dix-sept provinces gouvernées par l’empereur Charles-Quint, puis par son fils, Philippe II, roi d’Espagne. S’étendant sur une partie du Nord de la France, la Belgique et les Pays-Bas actuels, ce pays constituait alors une région très prospère.

En 1581, les sept provinces du nord, à majorité protestante, ont fait sécession en constituant les Provinces-Unies. En revanche, le protestantisme a été éradiqué des dix provinces méridionales restées sous domination espagnole et catholique, les protestants ayant quelques années pour les quitter.

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4ème centenaire de la naissance du peintre Sébastien Bourdon (Lettre 57)

Nous vous proposons de célébrer aujourd’hui le 400e anniversaire de la naissance du

Sebastien Bourdon d'apres Hyacinthe Rigaud
Gravure de Laurent Cars

plus célèbre des peintres réformés du XVIIe siècle : Sébastien Bourdon.

 

Sébastien Bourdon naît à Montpellier le 2 février 1616 dans un milieu d’artisans modestes. Le jeune enfant est baptisé le 10 février au temple de Montpellier.

Très jeune, Sébastien est envoyé à Paris, en apprentissage chez un peintre. Vers 1630, on le trouve dans le Bordelais et le Toulousain avant qu’il rejoigne la capitale.

Dans les années 1636-1637, il poursuit son instruction à Rome, formation idéale des artistes contemporains. Il s’y lie d’une étroite amitié avec le peintre Louis de Boullogne le père, qui tente de le faire abjurer. Ce projet, quoi qu’avancé, finira par échouer.

Menacé d’être dénoncé comme hérétique à l’Inquisition par un peintre avec lequel il s’était querellé, il se trouve obligé de quitter la Ville Eternelle.

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Le destin « extraordinaire » d’Elie Neau (1662-1722)

pPhoto de la tombe d'Elie Neau
Tombe d’Elie Neau dans le vieux cimetière de Trinity Church à New York

Quel destin « extraordinaire » que celui d’Elie Neau, naturalisé anglais et galérien protestant français, enterré à New York dans le vieux cimetière de Trinity Church, au sud de Manhattan !

Né en 1662 en Saintonge, il s’embarque comme marin à 12 ans, commerce dans les Caraïbes puis s’exile à Saint Domingue, colonie française devenue Haïti. Le protestantisme y est officiellement interdit comme en métropole mais de nombreux huguenots y vivent du commerce du tabac, de l’indigo, du coton et du sucre. Ils pratiquent un culte privé, se marient et font baptiser leurs enfants dans les iles à domination anglaise ou hollandaise.
Les mesures antiprotestantes se durcissant, Elie Neau s’établit à Boston où il épouse une veuve huguenote, puis à New York dont les huguenots constituent 10 % de la population à la fin du XVIIe siècle. Mais seuls les anglais peuvent commercer librement, aussi acquiert-il la nationalité britannique.gravure montrant les galériens sur la route, enchaînés, et battus

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La grande infortune de Denis Papin, inventeur de la machine à vapeur.

 

Gravure représentant la statue de Denis Papin par A. Millet
Gravure représentant la statue de Denis Papin par A. Millet

Denis Papin est né en 1647 à Chitenay, près de Blois. Sa famille, convertie au protestantisme, y était établie depuis plusieurs générations. Son père était conseiller du roi et receveur  général des domaines.

Denis Papin fait ses études chez les jésuites à Blois puis sa médecine à l’université d’Angers. Mais il vient à Paris seconder, à l’académie des sciences, l’illustre physicien hollandais Huyghens que Colbert avait attiré en France. Il travaille ensuite avec le mathématicien-philosophe allemand Leibniz, son contemporain et ami.

Ses expériences portent sur le vide, un des sujets de préoccupation de l’époque où Otto de Guericke obtient le vide avec une machine pneumatique, et Pascal découvre la pression atmosphérique.

 

A vingt-sept ans, Papin publie ses Nouvelles expériences sur le vide, révélant une machine à faire le vide, peu chère car n’utilisant pas de mercure.

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