Nouvelles des sociétés huguenotes de l’étranger (Lettre 61)

 

Le Colloque des musées protestants d’Europe 2018 s’est réuni à Emden, en Frise orientale, au nord de l’Allemagne. Des interventions et visites de cette région côtière en partie gagnées sur la mer ont rappelé l’importance du port d’Emden, refuge des réformés français et hollandais, ainsi que des protestants anglais fuyant les Stuarts : aux XVIIe et XVIIIesiècles, sa flotte fut plus importante que celle des Anglais ! La Bibliothèque Jean a Lasco a été construite dans les années 1980 autour des ruines de la grande église réformée subsistant après les bombardements alliés de 1944. Le fonds ancien de la bibliothèque remonte à Jean a Lasco, théologien polonais qui y avait trouvé refuge à Emden et avait racheté la bibliothèque d’Erasme à la mort de l’humaniste. L’émission des AmHI du 4 novembre lui sera consacrée.

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Nouvelles des sociétés huguenotes de l’étranger ( Lettre 60 )

Les 500 ans de la Réforme ont été célébrés dans le monde entier par toutes sortes de manifestations tournées vers le passé comme vers l’avenir.

A Beyrouth, l’Eglise protestante française a ponctué « une semaine de la Réformation » par des conférences au Collège protestant, le retour de sa grosse Bible restaurée au cours du culte, et l’inauguration du cimetière protestant agrémenté d’un jardin rénové par une équipe réunie autour du pasteur Pierre Lacoste.

A Genève, dans le cadre de l’exposition interactive « PRINT ! » du Musée international de la Réforme, une Bible a été imprimée sur une copie de la presse de Gutenberg de 3 mètres de haut, terminée le 31 octobre, jour de la Réformation.

Le 11 décembre 1518, le chapitre de Zurich élit le prédicateur Ulrich Zwingli à la cure de la cathédrale. Il mènera une réforme religieuse originale, concurrente et opposée à celle de Luther au sujet de la consubstantiation, plus proche de la Réforme française, de Guillaume Farel et Calvin.

Le Centre culturel hongrois de Paris (92 rue Bonaparte) a présenté en novembre-décembre une très intéressante exposition de panneaux illustrés sur Cinq siècles de la Réforme protestante hongroise aussi bien luthérienne, que calviniste ou unitarienne. Des cartes et une importante iconographie (portraits, objets du culte, églises, lycées…) donnaient un aperçu de la très riche histoire du protestantisme hongrois qui a façonné tout le pays jusqu’à nos jours. Au XVI e siècle et jusqu’à la recatholicisation pratiquée avec violence par les Habsbourg, la Hongrie a été protestante à plus de 80%. Aujourd’hui, 30% de la population est rattachée aux Eglises de la Réforme, dont environ 250 000 luthériens. L’apport des protestants hongrois au plan intellectuel, artistique et politique, dans le combat pour l’indépendance, est considérable et jalonne toute l’histoire nationale. Le 1er ministre et la majorité du gouvernement actuel, sont des protestants engagés. A Paris, l’Église protestante hongroise en France se réunit au temple du St-Esprit 5, rue Roquépine les 1ers dimanche du mois à 17h.

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Fortunato Bartolomeo De Felice, une figure méconnue du protestantisme et des Lumières (Lettre 58)

affiche annonce de l'exposition Fortunato de Felice

La bibliothèque de la Société de l’histoire du protestantisme français, rue des Saints Pères à Paris, dans le 7ème arrondissement, accueille jusqu’au 20 octobre, une passionnante exposition consacrée à Fortunato Bartolomeo De Felice. Elle donne l’occasion de revenir sur une figure trop méconnue du protestantisme et des Lumières.
Fortunato De Felice est né à Rome en 1723, d’un père chaudronnier-lanternier. Après des études chez les jésuites, il est admis dans l’ordre Franciscain, ordonné prêtre en 1746, puis nommé professeur de philosophie, toujours à Rome. Il se spécialise dans l’étude de Newton et de Leibniz, et participe activement aux débats intellectuels passés d’Angleterre, en France, et maintenant en Italie.

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La collection suisse Hahnloser-Bühler présentée au musée Marmottan (Lettre 57)

Affiche du musée Marmottan MonetSous l’affiche « Villa Flora, les temps enchantés », le musée Marmottan-Monet présente actuellement à Paris une partie de la magnifique collection Arthur et Hedy Hahnloser-Bühler.

Désirant éviter la dispersion de la collection, les descendants Hahnloser ont généreusement ouvert au public, depuis 1995, la villa-musée de Winterthur, en Suisse alémanique. Mais, suite au désengagement financier de la ville, le musée est provisoirement fermé et menacé. Une partie de la collection est ainsi présentée à l’étranger en attendant une solution pérenne.

Hedy Hahnloser-Bühler, fille de Karl Bühler-Blumer, est née en 1873 dans une famille protestante d’industriels du textile possédant des filatures à Winterthur. Elle fait des études de dessin à Saint-Gall et suit une courte formation de peinture à Munich. En 1898 elle s’installe à la Villa Flora, située en bordure de la vieille ville de Winterthur. Elle crée des objets d’arts décoratif, dessine des papiers peints et des tissus, des jouets et meubles pour enfants.

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Le peintre Valdo Barbey

 

Il y a tout juste un siècle, à l’automne 1915, l’écrivain Blaise Cendrars était grièvement blessé lors de l’offensive de Champagne.photo de Valdo Barbey en habit militaire

Dès le début du conflit, ce Suisse d’origine protestante avait lancé dans la presse un appel à tous les étrangers vivant en France afin qu’ils s’engagent, comme lui, pour leur pays d’accueil. Les Suisses furent fort nombreux à y répondre ou même à le devancer, puisqu’on estime qu’environ 7 000 d’entre eux s’engagèrent pour la France et combattirent au sein de la Légion étrangère.

A ces milliers de volontaires, il faut ajouter encore l’engagement des Suisses ayant fraichement obtenu la nationalité française, dont le plus célèbre fut sans doute l’écrivain Guy de Pourtalès, descendant de huguenots du Refuge. Cependant, un autre artiste, plus méconnu, le peintre Valdo Barbey mérite d’être également cité avec ce dernier.

Né en 1880 dans le canton de Vaud, il est le fils de William Barbey, célèbre botaniste et membre éminent de l’Eglise libre vaudoise, et de Caroline Boissier, fille d’un autre botaniste de renom, et élevée par Valérie de Gasparin, protestante engagée.

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Nouvelles des sociétés huguenotes de l’étranger (Lettre N°49)

C’est avec une grande tristesse que nous avons appris le décès de Mr John Strang, le 25 mars 2012 à New York. Après avoir remonté ses origines huguenotes jusqu’à son ancêtre marié au château de Chamerolles à l’époque où l’on y découvrit la chapelle protestante du XVIe siècle, John Strang avait fondé à New York … Lire la suite

Nouvelles des sociétés huguenotes de l’étranger

Le dernier n° des Proceedings of the Huguenot Society of Great-Britain and Ireland, vol XXIX N°4 publie plusieurs articles très intéressants dont un de Ruth Whelan sur Le voyage extraordinaire d’Elie Neau (vers 1662-1722) naturalisé anglais et galérien protestant français. L’ambigüité du titre de l’article reflète la situation de cet émigré huguenot né en Charente, commerçant dans les Caraïbes, installé à New York où il prend la nationalité britannique pour commercer librement, jusqu’au jour où otage d’un corsaire de St-Malo il est ramené en France et, en tant que protestant français, il est envoyé aux galères… Son aventure tumultueuse ne s’arrête pas là, et nous l’évoquerons sans doute dans une de nos prochaines émissions. D’autres articles évoquent le sort de la famille Lamy, tisserands de Bolbec à Spitafields ; la « forme de police ecclésiastique instituée à Londres en l’Eglise (réformée) des Français » sous le ministère de Nicolas des Gallars vers 1559-1563 à l’exemple de Genève  ; l’exil de Vaudois au Cap de Bonne Espérance.

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Nouvelles des sociétés huguenotes de l’étranger (Lettre N°47)

La nouvelle princesse anglaise, épouse du prince William, Kate Middleton descend de huguenots français réfugiés en Angleterre à la Révocation de l’édit de Nantes. Son aïeul à la 11e génération, Gaston Martineau, “surgeon” (chirurgien-médecin) de Bergerac, quitta la France à 31 ans, et épousa en Angleterre en 1693, Marie Pierre, fille de Guillaume Pierre, un … Lire la suite

Théodore de Bèze

Maquette du groupe central du mur de la Réformation
Maquette du groupe central du mur de la Réformation Projet de Landowski et Bouchard Farel, Calvin, Bèze, Knox
Sur le Monument de la Réformation à Genève, Jean Calvin est entouré de deux personnages qui furent ses proches amis : l’un son aîné de 20 ans, Guillaume Farel que nous avons déjà présenté, l’autre son cadet de 10 ans, Théodore de Bèze.

La longue vie de Bèze – de 1519 à 1605 – s’identifie presque avec le siècle de la Réformation et a participé intensément non seulement à l’histoire de Genève, pendant près d’un demi-siècle, mais à l’histoire de toute l’Europe protestante et en particulier des Eglises réformées en France.

A Paris, puis à Orléans et à Bourges, le jeune Théodore de Bèze eut pour précepteur un célèbre helléniste allemand, Melchior Wolmar. Celui-ci lui enseigna le latin et le grec. Il lui donna aussi quelques lumières sur les idées nouvelles, les idées d’Erasme, de Luther, de Bullinger : des idées « évangéliques », critiques à l’égard de l’Eglise traditionnelle, et de ce fait interdites en France.

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Guillaume Farel

Guillaume Farel
Guillaume Farel

Le dimanche 21 mai 1536, les bourgeois de Genève convoqués solennellement au son des fanfares, se rassemblèrent sur la place publique et déclarèrent unanimement qu’à partir de ce jour, ils désiraient « vivre selon l’Évangile et la parole de Dieu ». Cette victoire de la foi est due en grande partie à l’activité d’un homme : Guillaume Farel.

Qui est cet homme qui en quelques années a réussi à extirper complètement la vieille foi catholique de cet ancien fief épiscopal, et y a introduit la religion réformée ?

Le grand écrivain autrichien Stephan Zweig en a dressé quatre siècle plus tard un portrait particulièrement peu amène dans son « Conscience contre violence » (1936). Guillaume Farel « petit, laid, la barbe rousse et les cheveux embroussaillés » qui « avec sa voix tonnante et la fureur démesurée de sa nature violente, possède l’art, du haut de la chaire, de précipiter le peuple dans un état d’excitation fiévreuse » est assimilé au « type du révolutionnaire destructeur », lointain ascendant des propagandistes nazis qui se sont alors emparés de l’Allemagne.

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