Olave Baden-Powell L’aventure scoute au féminin (Lettre 67)

par Denis Carbonnier

 

Iière d ecouverturedu livre de Ph. Maxence avec le portrait de Olave Baden PowellIl y a quelques années, lors des commémorations du centenaire du scoutisme, la personnalité de Robert Baden-Powell fut largement évoquée. On sait qu’il s’était rendu célèbre dans tout l’Empire britannique par son action durant la seconde Guerre des Boers en 1899-1900, au cours de laquelle il avait fait la preuve que des jeunes étaient tout à fait capables de réussir une mission, pourvu qu’on leur fasse confiance.

Son manuel, Scouting for boys, publié en 1908, fut un immense succès ; ses conseils suivis par nombre d’éducateurs auprès des jeunes garçons britanniques des quartiers déshérités. Le scoutisme était né. En 1910, ayant pris sa retraite avec le grade de lieutenant-général, il décida alors de mettre en pratique, au service de jeunes garçons et dans une optique de paix, tous les principes observés à la guerre.

Baden-Powell avait envisagé dès 1907 que le scoutisme puisse s’adresser aux deux sexes ; aucune structure n’avait cependant été mise en place pour les filles. Mais, sans attendre la moindre autorisation, les sœurs, cousines ou amies des jeunes adolescents qui pratiquaient le scoutisme, se sont lancées de leur côté, en revêtant l’uniforme scout, en se constituant en patrouilles, en choisissant leur totem, en préparant des épreuves devant les conduire à la promesse et aux brevets. Bref, elles étaient prêtes ! En 1910, la sœur cadette de Baden-Powell, Agnès, crée donc une structure pour les accueillir : les Girl-Scouts.

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En janvier 1912, alors qu’il est âgé de près de 55 ans, le général en retraite Baden-Powell fait la connaissance d’une jeune femme, Olave Soames, de 32 ans sa cadette. Même si les familles des deux tourtereaux n’étaient guère enthousiastes à l’idée d’une telle union, le mariage est célébré en petit comité huit mois plus tard.

Une récente biographie publiée par Philippe Maxence nous en dit plus sur Olave Baden-Powell. Tout d’abord, étrange prénom que celui d’Olave ! Son père, passionné des vieilles sagas scandinaves, avait espéré que son 3e enfant serait un garçon, auquel il destinait un vieux prénom nordique, Olaf. Le garçon fut une fille et Olaf devint Olave !

Alors que sa mère conservait un style tout victorien, n’hésitant pas à enfiler gants et un grand chapeau à larges bords pour aller parler à son jardinier, Olave adopte des tenues pratiques. Durant toute sa vie, elle préférera apparaitre en uniforme scout, plutôt qu’en robe longue… Le garçon manqué qu’elle est adore faire les 400 coups, au grand dam de sa mère, et passe ses journées dans le parc de la propriété à jouer avec chevaux, chiens et poules.

 

En 1914, Baden-Powell mobilise le mouvement scout pour participer à l’effort de guerre, notamment par la construction de Foyers du soldat. Malgré ses deux enfants, et bientôt trois, Olave piaffe de rejoindre les volontaires pour aider et participer au réconfort des soldats. Et la voilà donc en France, dans un campement souvent boueux, se dépensant sans compter, coupant le bois, allumant les feux, préparant les repas et lavant la vaisselle.

Par son dynamisme, son caractère entreprenant et organisé, Olave démontre alors l’étendue de ses compétences. Elle est prête à prendre la tête du mouvement scout féminin que son mari restructure, la Girl Guiding. Adoubée comme commissaire national, puis « chef guide », devenant ainsi le pendant féminin de son mari, « chef scout », elle met sur pied un programme spécifique.Photo des époux Baden-Powell

Durant l’entre-deux-guerres, les époux Baden-Powell parcourent le monde en tous sens pour accompagner le développement international du scoutisme et du guidisme.

Après la mort de Lord Baden-Powell au Kenya en 1941, à 83 ans, Olave poursuit leur œuvre commune. Après avoir écrit ses mémoires, elle meurt en 1977, 36 ans après son mari.

Ayant lutté contre les conformismes de son époque et le modèle de la femme victorienne qu’elle détestait, elle a su trouver le moyen de faire fructifier sa vraie nature et incarner l’histoire du scoutisme féminin.

 

(Culture protestante, chronique mensuelle des Amitiés huguenotes internationales, diffusée sur France Culture à 8h55, le 4 avril 2021)

 

Ph. Maxence, Olave Baden-Powell. L’aventure scoute au féminin, Ed. Artège, 2020

Le square du 59 rue Bayen dans le 17ème à Paris a été rebaptisé « Square Olave et Robert Baden-Powell »

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