Les protestants de Picardie au XVIe siècle, sujet d’une exposition a Noyon

Lefèvre d’Etaples Nouveau Testament en 1524
Lefèvre d’Etaples Nouveau Testament en 1524
Noyon, la ville natale de Calvin, consacre, depuis le 10 juillet, jour du cinq-centième anniversaire du réformateur, et jusqu’au 31 octobre, une exposition aux Protestants de Picardie au XVIe siècle.

Cette exposition présente le portrait de Picards qui ont joué un rôle déterminant dans l’avènement de l’humanisme et les débuts de la Réforme. Elle insiste plus particulièrement sur Jacques Lefèvre d’Etaples, Jacques Pavanes, Robert Olivétan, François Vatable, Pierre de la Ramée et Laurent de Normandie.

Jacques Lefèvre d’Etaples, est né vers 1455 à Etaples, petit bourg de Picardie. Il étudie le grec et le latin à Rome, alors que ces langues utilisées pour rédiger la Bible sont ignorées de la plupart des membres du clergé. Il enseigne ensuite brillamment la philosophie à Paris devant de nombreux auditoires qui suscitent la jalousie de la Sorbonne. Nommé vicaire par Guillaume Briçonnet, abbé de St-Germain-des-Prés, puis évêque de Meaux, il est le premier à traduire la Bible en français à partir de la Vulgate latine, afin de la rendre accessible à tous. La récente découverte de l’imprimerie donne à sa traduction des épitres de Paul, puis du Nouveau Testament en 1524, une diffusion qui dépasse vite le cercle de ses disciples. Elle suscite la formation de petits groupes qui se réunissent pour lire la Bible en y puisant un nouvel élan de foi. Lefèvre d’Etaples, voulait sortir l’Eglise de sa décadence intellectuelle et morale de l’époque, la réformer de l’intérieur ; il ne rompit jamais avec Rome[1]. Il fut le précurseur d’idées nouvelles et, surtout, permit à la génération suivante une connaissance directe des textes bibliques.

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Théodore de Bèze

Maquette du groupe central du mur de la Réformation
Maquette du groupe central du mur de la Réformation Projet de Landowski et Bouchard Farel, Calvin, Bèze, Knox
Sur le Monument de la Réformation à Genève, Jean Calvin est entouré de deux personnages qui furent ses proches amis : l’un son aîné de 20 ans, Guillaume Farel que nous avons déjà présenté, l’autre son cadet de 10 ans, Théodore de Bèze.

La longue vie de Bèze – de 1519 à 1605 – s’identifie presque avec le siècle de la Réformation et a participé intensément non seulement à l’histoire de Genève, pendant près d’un demi-siècle, mais à l’histoire de toute l’Europe protestante et en particulier des Eglises réformées en France.

A Paris, puis à Orléans et à Bourges, le jeune Théodore de Bèze eut pour précepteur un célèbre helléniste allemand, Melchior Wolmar. Celui-ci lui enseigna le latin et le grec. Il lui donna aussi quelques lumières sur les idées nouvelles, les idées d’Erasme, de Luther, de Bullinger : des idées « évangéliques », critiques à l’égard de l’Eglise traditionnelle, et de ce fait interdites en France.

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Martin Bucer

Martin Bucer
Martin Bucer

Oublié par la postérité, Martin Bucer est pourtant l’une des figures marquantes de la Réforme du XVIe siècle en Europe. Il fut loué jusque par Charles Quint pour son souci œcuménique, et son influence sera à la mesure de la haine que lui voueront les fanatiques du parti catholique : en Angleterre sous Marie Tudor, ils iront jusqu’à déterrer son corps pour le brûler…

Martin Bucer, le Réformateur de Strasbourg, est né en 1491 à Sélestat en Alsace, fils et petit-fils de tonnelier. À quinze ans, il entre au couvent des Dominicains, où il restera près de dix ans avant que ses supérieurs ne l’envoient en 1517 chez leurs frères d’ordre de Heidelberg, où il s’immatricula à l’Université. C’est là, en 1518, qu’il rencontre Martin Luther, lors de la fameuse dispute d’Heidelberg. Il rallie très vite les idées nouvelles, c’est-à-dire la primauté de l’Écriture et la justification par la foi seule.

En 1521, Martin Bucer, relevé de ses vœux monastiques, quitte son Ordre et va chercher refuge au château de l’Ebernburg, auprès des chevaliers Franz von Sickingen et Ulrich von Hutten, meneurs de la révolte de la petite noblesse allemande contre le pouvoir croissant des Princes et de l’Église. Il se marie à cette époque avec une ancienne moniale Elisabeth Silbereinsen. Il est aussitôt excommunié et poursuivi par l’évêque de Spire. En fuite, après un bref passage à Wissembourg, ville libre au nord de l’Alsace où il prêche la Réforme luthérienne, il arrive finalement à Strasbourg en 1523, où son père avait obtenu la bourgeoisie.

Commence alors une longue période de près de vingt-trois ans qui fera de Strasbourg un des centres de la Réformation.

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Idelette de Bure, l’épouse de Calvin

timbre Idelette de Bure
Idelette de Bure, femme de Jean Calvin

Idelette de Bure, nous est connue grâce à la correspondance de Calvin, Bucer, Farel et Théodore de Bèze. On peut distinguer deux périodes dans sa vie : celle de sa jeunesse et de son mariage avec l’anabaptiste Jean Storder, puis sa vie d’épouse de Calvin à Strasbourg et Genève.

Idelette de Bure nait à Liège en 1505 ou 1506 dans un milieu aisé. Son grand-père, syndic des brasseurs était un notable ; son père tanneur, commerçant en peaux et fourrures, un catholique prospère.

Cependant, Idelette et son frère Lambert fréquentent un petit groupe évangélique assoiffé de lectures bibliques, favorisé par le développement de l’imprimerie et, en particulier, la parution du Nouveau Testament de Lefèvre d’Etaples, imprimé à Anvers en 1523. Idelette y rencontre et épouse un jeune marchand liégeois, Jean Storder, très engagé dans le mouvement anabaptiste radical qui refuse le baptême des enfants. Ils se marient hors de l’Eglise et auront un garçon et une fille.

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Pierre Valdo et les « Pauvres de Lyon »

Pierre Valdo
Pierre Valdo

Dans la cité allemande de Worms, lieu phare du protestantisme, se trouve une imposante statue de Luther ; à ses pieds se tiennent quelques-uns de ceux que la tradition présente comme ses précurseurs : ainsi de Jean Huss, Jérôme Savonarole, Pierre Valdo.

Les connaissances font défaut pour Pierre Valdo, puisque son nom et même son existence sont régulièrement remis en cause. Pourtant les textes concordent : ainsi il est probable qu’un riche marchand vécut à Lyon au XIIe siècle, connu comme Pierre Valdo ; sans doute appelé dans le dialecte du pays Valdes ou Vaudès. Il renonça à tous ses biens et décida de vivre la foi chrétienne comme les apôtres avaient vécu avec Jésus.

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Les pionniers du Québec originaires du Moyen Poitou

maison pionier
maison pionier
Le Québec est apparu longtemps comme un pays aux origines catholiques. Depuis quelques années avec les études généalogiques, l’histoire se révèle plus complexe.

C’est le roi Henri IV qui demanda au royannais Pierre Dugua de Mons, protestant, de “le représenter aux confins de la terre de l’Acadie” en 1603. Ce dernier engagea 120 hommes et ouvrit un comptoir de pelleterie et de pêche à Port-Royal en 1605.

Samuel Champlain, nommé lieutenant de l’expédition par Du Gas de Mons, remonta le Saint-Laurent et fonda Québec en 1608. Henri IV mourut en 1610. De Mons renonça à son rêve de Nouvelle France en devenant gouverneur de Royan, place forte protestante. Champlain rechercha un autre protecteur, d’abord Henri de Condé embastillé en 1617 puis le duc de Montmorency ; finalement l’avenir de la Nouvelle France reposa essentiellement sur l’énergie de Champlain. Il y emmena son épouse en 1620.

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Entre France et Norvège, les descendants des Dechézeaux

Le port de Bergen
Le port de Bergen (gravure début XIXe s.)
Une des missions du Comité protestant des amitiés françaises à l’étranger consiste à maintenir des liens entre les descendants de huguenots du monde entier. Les familles huguenotes de l’étranger ont parfois gardé en mémoire leurs origines, mais souvent rompu leurs liens avec la France. L’histoire de la famille Dechézeaux est un exemple intéressant d’échanges et de solidarité familiale qui s’est perpétuée au delà des frontières, du XVIIe siècle à nos jours.

La famille Dechézeaux est originaire du hameau de Chézaux en Champagne. Selon une tradition orale, ils habitaient en Languedoc au XVIe siècle mais leurs biens furent confisqués au cours des guerres de religion, sous Charles IX. Une des branches de la famille se réfugia à l’Ile de Ré, les autres en Angleterre et en Allemagne.

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L’Institut protestant de Théologie : préparer l’avenir

Institut Protestant de Théologie après rénovation
Bien que de création récente, l’Institut protestant de théologie a recueilli l’héritage de quatre siècles d’enseignement supérieur protestant de la théologie organisé par les Eglises issues de la Réforme en France. A la suite de l’Edit de Nantes, à la fin du XVIe siècle, des académies protestantes ont en effet été créées à Sedan, Saumur, Die, Montpellier, Montauban, et Nîmes. A travers diverses vicissitudes historiques, ces académies sont devenues les facultés libres de théologie protestantes de Paris et de Montpellier, regroupées en 1974 au sein de l’Institut protestant de théologie.

La première mission de l’Institut protestant de théologie est de former des pasteurs pour l’Eglise réformée de France et l’Eglise évangélique luthérienne de France.

Comment devient-on pasteur ? On n’est pas toujours sûr de sa vocation. Alors on se renseigne (par exemple sur le site www.iptheologie.fr) et on s’inscrit pour un cycle de licence, soit à Paris, soit à Montpellier. La licence se passe normalement en trois ans. On s’y forme dans six domaines principaux : Etude de l’Ancien Testament, (ce qui suppose l’apprentissage de l’hébreu), Etude du Nouveau Testament (ce qui suppose l’apprentissage du grec ancien), Histoire ancienne, Histoire moderne, Théologie systématique (c’est-à-dire la présentation organisée de la doctrine chrétienne) et Théologie pratique.

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Vauban et les huguenots

Vauban
À l’occasion du troisième centenaire de sa mort, Vauban a été sacré “ homme de l’année”. Et la France a proposé à l’UNESCO l’inscription au patrimoine mondial de 14 sites : 13 forteresses qu’il a construites et son château de Bazoches, à 6 km de Vézelay.

Ce n’est pas de ce Vauban-là que nous allons parler ce matin, mais de celui qui osa, d’abord en 1687, soit deux ans après la Révocation de l’Édit de Nantes, puis de nouveau en 1689, envoyer à Louvois un Mémoire pour le rappel des Huguenots. A une époque où tout le monde, la Cour, la Ville, louait Louis XIV d’avoir révoqué l’Édit de Nantes, Vauban est pratiquement le seul à aller à contre-courant et à demander que le roi rappelle les Huguenots. Quelles raisons donne-t-il ?

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Jean Olry ou “le Huguenot banni”

Dans la passionnante exposition « Les Huguenots de la Moselle à Berlin » à Metz on peut voir une vidéo qui illustre la vie de Jean Olry à travers le récit de ses mésaventures.

Le texte de Jean Olry et les notes qui l’accompagnent ont été mis « en ligne » sur internet[1] ; nous remercions beaucoup l’association des Protestants de Metz et du Pays messin pour cette réalisation.

L’ouvrage écrit par Jean Olry s’appelle « La Persécution de l’Eglise de Metz », et il a été publié en 1690, en Allemagne, peu de temps après son arrivée. Il a été réédité au XIXe siècle, et se trouve à la Bibliothèque de Metz et à la SHPF à Paris. On entendra souvent dans ce message les mots mêmes de Jean Olry.

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