1721-2021 : Célébrations du tricentenaire de la mort du pasteur vaudois Henri Arnaud (Lettre 68)

D’après un article de Davide Rosso, directeur de la Fondation Centre culturel vaudois

 

Trois cents ans se sont écoulés depuis la mort d’Henri Arnaud, colonel et pasteur, qui dirigea la « Glorieuse rentrée », en 1689. Après deux années d’exil forcé en Suisse, il ramena ces Vaudois dans leurs vallées, reconquérant ainsi le droit de vivre sur leurs terres en pratiquant une confession religieuse, autre que celle du Duc de Savoie.

 

La vie d’Henri Arnaud, né à Embrun en 1643 et mort à Schönenberg, en Allemagne, en 1721, est évoquée à Torre Pellice par une exposition[1] conçue par Davide Rosso, directeur de la Fondation Centre culturel vaudois, à travers les images et les estampes produites depuis trois siècles. « La réception de l’histoire d’Arnaud, nous rappelle-t-il, est assez significative parce qu’elle permet d’évoquer les différentes interprétations de l’histoire vaudoise et européenne au XVII siècle », adaptée par chacun à son époque, à travers les historiens français et vaudois, les illustrateurs anglais, italiens et hollandais[2]

En évoquant le nom d’Henri Arnaud la première association de mots qui nous vient à l’esprit est celle, classique, de « pasteur-colonel », d’homme d’église et d’homme d’armes ; mais, au fil des siècles et des récits, d’autres associations antithétiques firent leur apparition, comme « foi et résistance », « appartenance ou non-appartenance au peuple vaudois ».

En effet, Henri Arnaud naît « huguenot d’Embrun », donc réformé français, mais sa mère est issue d’une famille italienne reformée, échappée de Dronero en raison des persécutions religieuses. Il est vaudois  d’adoption car sa famille avait trouvé refuge dans les Vallées vaudoises quand il n’avait que dix ans et qu’il est devenu pasteur.

C’est justement à cause de ses origines françaises et de son appartenance vaudoise, qu’il se réfugia en Suisse, puis en Allemagne jusqu’à la fin de ses jours, assumant cette double appartenance, de résistant migrant pour des raisons religieuses et d’exilé, pasteur à la tête de son troupeau.

 

Statut d'Henri Arnaud

← Statue d’Henri Arnaud érigée devant le temple vaudois de Schönenberg, a proximité de la maison d’Henri Arnaud (musee vaudois)  →Maison d'Henri Arnaud

 

 

 

 

Ces différentes pistes d’interprétation ont été explorées en Italie et en Allemagne pour élaborer un riche programme de rencontres, d’expositions et d’événements, qui se déroule de juillet à la fin de l’année dans les Vallées vaudoises ainsi qu’à Schönenberg, en Allemagne, dans sa dernière maison transformée en musée. Une exposition intitulé « Glaube und widerstand » (Foi et résistance) vise à y mettre en évidence la force de la foi ainsi que les actions de résistance dans la foi qui ont jalonné la vie de ce pasteur-colonel, faite de migrations, de tenaces oppositions aux persécutions, et de recherche de solidarité.

Le 19 septembre, une rencontre à Stuttgart, conçue par l’historien Albert de Lange (www.deutsche waldenser.de), a encore évoqué ce personnage mythique qui résume en soi l’histoire des Vaudois et des Huguenots, ainsi que celle de l’Europe de la fin du XVIIe et du début du XVIIIe siècle. Cette dimension européenne fut également abordée à Torre Pellice le 11 septembre 2021 ponctuée par « Una Torre di Libri »,. la sortie de deux livres sur Henri Arnaud : « Henri Arnaud : immagini di un valdese non valdese » concernant les images utilisées au fil du temps pour parler d’Arnaud et « Il sentiero », un ouvrage qui essaye de mettre en relation, sans pour autant les confondre, les chemins des migrations des vaudois avec les routes des migrants d’aujourd’hui.

 

Le programme de ces commémorations est précisé sur le site Fondazione Centro Culturale Valdese.

 

Chronique des Amitiés huguenotes internationales diffusée à la fin de l’émission SOLAE, sur France-Culture, le dimanche 10 octobre 2021, à 8h55.

 

[1] Responsable de l’exposition qui a ouvert le 14 aout 2021 au Musée vaudois de Torre Pellice.

[2] D’Edmondo De Amicis, à l’artiste Gaetano d’Amato, au peintre Maurizio Pellegrini, au hollandais Mia van Oostveen à Paolo Paschetto, de Umberto Stagnaro à Andrea Tridico.

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