Huguenots. De la Moselle à Berlin. Les chemins de l’exil

le temple neuf à Metz
Cette excellente exposition, coproduite par le Conseil général de la Moselle et par le Deutsches Historisches Museum, est présentée dans le Temple neuf de Metz, qui a pour particularité d’avoir été inauguré en 1904 par le Kaiser Guillaume II, accompagnée de son épouse, puisque la Moselle avait été annexée par l’Allemagne en 1870.

Très classiquement, l’exposition commence par rappeler ce qu’est la Réforme – ses principes et les hommes qui l’ont portée. Puis, elle se focalise sur le Pays messin en faisant découvrir cette histoire entre le début de la Réforme et la révocation de l’Edit de Nantes en 1685.
L’exposition met bien en évidence le dilemme qui pesait alors sur les huguenots : comment rester fidèle à son roi sans renier sa religion ?

Au cours de l’été 1686, Louvois, ministre des affaires étrangères de Louis XIV, envoie à Metz un régiment de dragons. Les dragonnades dureront une quinzaine de jours. Résultat : pour la seule ville de Metz, 1.200 protestants deviennent catholiques, tout en continuant sans doute à pratiquer leur culte dans la clandestinité.

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Martin Luther et Katharina Von Bora

« Katie » par Lucas Cranach l’ancien Château de Wartburg
« Katie » par Lucas Cranach l’ancien Château de Wartburg

Le Comité protestant des Amitiés françaises à l’étranger se propose de  consacrer une suite d’émissions aux premiers réformateurs du XVIe siècle.

Le premier est Martin Luther, né en Allemagne, à Eisleben, en 1483. Au lieu de commencer les études de droit que son père avait envisagées pour lui, il devient moine chez les Augustins d’Erfurt. Docteur en théologie, l’étude des Psaumes et de Paul le convainc que tout homme est sauvé par l’amour gratuit de Dieu, base de sa doctrine de « justification par la grâce seule ». Il s’indigne de la vente des indulgences destinées à financer la somptueuse basilique St-Pierre de Rome qui est en contradiction avec la Bible. Ses 95 thèses contre les indulgences placardées sur la porte de l’église de Wittenberg en 1517 lui valent un procès à Rome, aboutissant à son excommunication en 1521.

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Les huguenots à Leipzig

Suite aux persécutions infligées aux huguenots à la suite de la révocation de l’édit de Nantes en 1685, plus de 250 000 huguenots contraints à l’exil trouvèrent refuge dans les contrées du nord et de l’Est de l’Europe, beaucoup s’installèrent dans les Flandres d’autres en Prusse occidentale, d’autres se retrouvèrent à Berlin et dans le brandebourg avoisinant, d’autres enfin firent route jusqu’en Saxe et décidèrent de s’installer à Leipzig et à Dresde.

Des familles entières soutenues par leur foi et la conviction qu’ils n’avaient qu’un seul seigneur et maître : DIEU, entreprirent dès la fin du 17ème siècle de vaincre les obstacles de l’expatriation pour s’implanter (s’insérer) dans des contrées lointaines et peu familières.

Leur choix de s’implanter à Leipzig était surtout motivé par des raisons économiques, cette ville jouissant à l’époque d’une grande réputation en matière de commerce international, on trouve d’ailleurs dans les archives cette citation en français «ville de ressources pour les gens capables et désireux de travailler »

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Le collège français de Berlin (fondé en 1689)

En cette année 1998 de commémoration de l’Edit de Nantes, il faut garder à l’esprit que l’ère de paix religieuse qu’elle inaugurait, ne durerait pas un siècle : 87 ans exactement.

La Révocation survient en octobre 1685 ; trois semaines plus tard, en réponse, le grand-électeur de Brandebourg-Prusse signe l’Edit de Potsdam, dont 5000 exemplaires en français circulent rapidement dans le royaume de France. Il offre aux réformés français le droit de vivre selon leur conscience et les moyens matériels d’exercer ces droits au Refuge de Brandebourg-Prusse.

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Un étonnant chassé-croisé

Un immigrant allemand
Le départ des huguenots

Je voudrais vous parler aujourd’hui d’un étonnant chassé-croisé dont personne, jusqu’ici, ne s’était soucié : un curieux échange de protestants français contre des protestants allemands.

On connaît la politique coercitive de Louis XIV vis à vis des réformés, qui, de plus en plus brimés, tracassés, exclus d’un nombre croissant de professions, préféraient très souvent s’expatrier. Le mouvement ne fit que s’amplifier avec la persécution violente : à partir de 1680, un véritable flot d’émigrants, avec familles, armes et bagages franchit les frontières terrestres et maritimes de la France, cherchant à gagner l’un des pays du Refuge : l’Angleterre, la Hollande, le Danemark, la Suisse. Mais c’est surtout en Allemagne, dévastée par la Guerre de Trente ans, que cette main d’œuvre qualifiée était appréciée. Les princes protestants se l’arrachaient. Par des édits et proclamations rédigés en français, ils promettaient aux Huguenots – en plus du libre exercice de leur culte – aide à l’installation, protection, dispense de taxes et d’impôts, chacun faisant de la surenchère … et beaucoup de ces derniers en profitaient.

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