Henri II de Rohan, irréductible combattant (Lettre 70)

par Nicole Vray

Henri II à cheval

Henri II de Rohan est le premier duc de la Maison Rohan, le dernier Rohan protestant et l’ancêtre des Rohan-Chabot catholiques.
Il naît le 21 août 1579 non loin de Nantes, dans le château de La Groulais à Blain, le fief des Rohan convertis au protestantisme depuis le début du XVIe siècle.
Fils de Catherine de Parthenay et de René II de Rohan, outre ses talents d’historien et d’écrivain, Henri II va se révéler grand militaire, vite remarqué par Henri IV.
Le « bien bon roi Henri le Grand » l’avait par ailleurs élevé au rang de duc et pair en 1604, puis incité à épouser en 1605 Marguerite de Béthune, la fille du duc de Sully.


Mais la mort d’Henri IV fait basculer l’Histoire qui entre dans le XVIIe siècle avec Louis XIII et le cardinal de Richelieu. Henri II de Rohan, face au développement de la Réforme catholique, menée activement par Richelieu lui-même, fait alors montre de son énergie inébranlable et de son courage, pour lutter et maintenir intactes ses convictions religieuses. Il n’aura de cesse de combattre contre les armées royales catholiques pour la liberté de l’Eglise réformée. Ainsi participera-t-il aux nouvelles guerres de religion, de 1611 à 1629, date de la paix d’Alès après la chute de La Rochelle en 1628.
Henri II de Rohan restera sourd aux sollicitations et aux offres de Louis XIII et Richelieu en récompense de son abjuration. Il refusera ainsi l’épée de connétable qui lui ouvrait le chemin des honneurs et de la Cour. Comme il connaîtra les échecs et l’exil, notamment à Venise et à Genève, malgré la reconnaissance de ses talents de militaire et de chef de guerre, à la fois stratège et proche de ses soldats.
La France engagée en 1635 dans la guerre de Trente Ans, qui a débuté en 1618 avec la « défenestration de Prague », et Richelieu ayant choisi de s’allier avec les Etats protestants pour vaincre l’Espagne, Henri II accepte de combattre dans les armées protestantes du Suédois Bernard de Saxe-Weimar en 1638. Blessé en combattant en Allemagne, transporté en Suisse, le duc de Rohan meurt le 13 avril 1638.
Il avait choisi de reposer à Genève où sa sœur et son épouse souhaiteront faire ériger un mausolée dans le temple de Saint-Pierre. Les Genevois accèderont à leur demande, en unique exemple d’hommage à un personnage dans un temple protestant, comme ils accepteront en 1661 que Marguerite de Béthune repose près de l’époux.
Un autre hommage à Henri II de Rohan sera rendu également par les Genevois dans leur ville, sur l’un des bas-reliefs du Mur des Réformateurs où il paraît aux côtés d’Henri IV lors de la signature de l’édit de Nantes.
Héros et victime, visionnaire pour l’avenir de la Réforme en France, qu’il aura toujours défendue, Henri II de Rohan s’inscrit parmi les principaux personnages de l’Histoire de la Réforme et de la France des XVIe et XVIIe siècles.

(Chronique des Amitiés huguenotes internationales diffusée à la fin de l’émission SOLAE, sur France-Culture, le dimanche 13 novembre 2022, à 8h55)

 

Bibl : Nicole VRAY, Henri II de Rohan, irréductible combattant, Ed. Ampelos, collection Resister, 2022, 136 p., 12 €.

Docteur ès-Lettres, Nicole Vray est membre de l’Académie des Sciences, Arts et Belles Lettres de Caen, spécialiste du protestantisme, auteur entre autres, de plusieurs ouvrages dont Renée de France et Anne de Guise (Olivetan, 2010), Jeanne d’Albret et Henri IV, mère et fils, reine de Navarre et roi de France (Olivetan, 2012), Catherine de Parthenay, duchesse de Rohan, protestante insoumise (Ed. Ampelos, 2013), Bernard Palissy, le feu intérieur (Ed. Ampelos, 2020)

Tombeau de Henri II de Rohan

Mur de la Réforme à Genève

 

 

 

 

 

 

 

Tombeau d’Henri II de Rohan                              Mur de la réforme , Genève

Genève, Saint Pierre

Henri de Rohan debout, derrière Henri IV

qui signe l’édit de Nantes.

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