LOURMARIN,village vaudois puis protestant (Lettre 69)

par l’association des Vaudois du Lubéron.

Les nombreux touristes qui se pressent toute l’année dans ce beau village, au coeur du Luberon, ignorent dans leur grande majorité tout du passé de ce village ; ils ne peuvent manquer cependant de s’interroger sur celui-ci en admirant son temple majestueux posé au pied de son imposant château Renaissance, ou en découvrant à proximité de la place Barthélémy le tombeau de la famille Savournin, ou encore au fond d’une terrasse de restaurant celui de la famille de Girard, qui donna à la France le célèbre inventeur.
Ces monuments indiquent au voyageur averti qu’il subsiste ici une présence protestante.

L’association d’études vaudoises et historiques du Luberon, appelée plus communément AEVHL a voulu avec le livre « Lourmarin, traces d’Histoire » donner à ceux qui désirent en savoir davantage les clés pour comprendre cette présence.

Le livre nous présente donc, à travers l’histoire du village, celle de l’implantation, à partir de la fin du XVe siècle, d’une communauté vaudoise dans le Luberon.
Mais qui sont ces vaudois ? Minorité religieuse issue de l’église catholique, les vaudois, autrement appelés « pauvres de Lyon » doivent leur nom à un certain Vaudès, originaire de cette ville, qui osa affronter la hiérarchie catholique, proposant une stricte lecture de la Bible et un contact direct entre Dieu et les hommes, sans l’intermédiaire d’un clergé qu’il jugeait corrompu. Les fondements de son mouvement en font, pour certains exégètes, un des précurseurs du protestantisme.


Excommuniés en 1184, les vaudois furent déclarés hérétiques au concile de Latran en 1215, et pourchassés comme tels. Une partie d’entre eux se réfugièrent alors dans les vallées alpines du Briançonnais et du Piémont, où subsiste d’ailleurs aujourd’hui une église vaudoise indépendante. Les relations très anciennes que ces vallées entretenaient avec la Provence, communiquant avec cette dernière par l’antique Via Domitia, allaient favoriser l’installation des vaudois dans le Luberon.
À la fin du XVe siècle, la plupart des villages de la région sont déserts, ravagés par des années de pandémies, de guerres et de disette. Les seigneurs locaux, dont Fouquet d’Agoult, seigneur de Lourmarin, passent alors avec un certain nombre de familles vaudoises installées depuis peu sur leurs terres des actes d’habitation, sortes de baux emphytéotiques, qui vont les y sédentariser pour les siècles à venir.

« Lourmarin, traces d’histoire », auquel ont collaboré un certain nombre d’historiens, nous présente l’acte passé en 1495 à Lourmarin avec une cinquantaine de chefs de familles vaudois originaires pour la plupart de Bobbio Pellice et ses environs, dans le Piémont. Les vaudois repeuplèrent ainsi un certain nombre de villages du Luberon dont Mérindol, qui allait devenir une autre place forte du protestantisme dans la région, surnommée parfois la Genève provençale.
Car les vaudois adhérèrent peu après à la Réforme, lors de leur synode de Chanforan en 1532. Dès lors, leur histoire se confond avec celle des huguenots en France, et le livre parcourt cette histoire tourmentée, à Lourmarin comme partout ailleurs en France, face à l’intolérance religieuse de l’Ancien Régime.
Le livre évoque ensuite la mémoire des écrivains qui font aujourd’hui la renommée du village : Henri Bosco, et surtout Albert Camus, qui reposent tous deux dans son cimetière.
Il nous présente enfin la personnalité attachante du pasteur Mordant, sans qui l’AEVHL n’aurait pas vu le jour. Il fut le premier à promouvoir l’histoire vaudoise du village, organisant en 1975 les premières « décades d’études vaudoises » auxquelles participèrent des historiens français et italiens, avant de créer l’association en 1977, l’ouvrant à tous, croyants ou pas.
Ce livre représente sans nul doute pour les Lourmarinois et les passionnés d’histoire une référence pour comprendre l’histoire vaudoise puis protestante de ses habitants.
Il est en vente sur le site http://vaudoisduluberon.com de l’association d’Etude vaudoises et historiques du Lubéron (AEVHL) qui a pour buts de promouvoir les recherches historiques et archéologiques dans le Luberon et les Monts du Vaucluse, de faire connaitre l’histoire et la signification du mouvement vaudois aux niveaux local et national et de développer les relations avec la communauté vaudoise au niveau international, et est actuellement à l’oeuvre pour la préparation d’un nouveau musée, La Bourdille, consacré à l’histoire des vaudois du Lubéron.

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