Familles huguenotes d’Australie

couverture du livreLe Comité protestant des Amitiés françaises à l’étranger vient de recevoir le premier livre édité par la Société Huguenote d’Australie. Cet ouvrage fondamental couronne en quelque sorte la création de cette société fondée en 2001 par un petit groupe désireux de mieux connaître et faire connaître l’histoire des descendants de Huguenots d’Australie.

La Huguenot Society of Australia s’est vite développée, créant des sections dans les différentes provinces d’Australie, publiant une revue semestrielle, « Huguenot Times » et maintenant cet ouvrage illustré de 262 pages, « The Hidden Thread, Huguenot Families in Australia » : le fil caché, familles huguenotes d’Australie. Les recherches historiques du dynamique secrétaire de l’association, Robert Nash, ont été étoffées par les contributions généalogiques initiées par les familles. Un index de 500 noms de familles mentionne leur date d’arrivée en Australie, le lieu de leur premier Refuge, le lieu d’origine en France et la source d’information justifiant ces données.

Comme les 200 000 protestants qui ont du quitter la France à l’époque de la Révocation de l’édit de Nantes, autour de 1685, les huguenots australiens sont originaires de toutes les régions françaises gagnées au protestantisme au XVIIe siècle.

Ils ont fui par bateau vers l’Angleterre et les Pays-Bas, par des chemins de montagne vers l’Italie du Nord, la Suisse et l’Allemagne.

L’émigration des huguenots en Australie ne s’est cependant faite qu’à partir de la fin du XVIIIe siècle et surtout au XIXe siècle : second exil depuis le Refuge européen, ou parfois troisième étape d’émigration avec une étape intermédiaire en l’Afrique du Sud, en Amérique ou dans les empires coloniaux britanniques et hollandais.

Les premiers arrivants furent essentiellement des soldats et des condamnés pour petits délits, dont de nombreux adolescents issus de classes pauvres qui avaient commis de menus larcins pour subsister. Les 11 premiers bateaux arrivèrent en 1788. Le soyeux Jacob Bellet en était. Le voyage s’effectuait dans des conditions périlleuses par bateaux à voiles, puis progressivement à vapeur, à partir de 1870. Le typhus, la dysenterie et la typhoïde firent des ravages.

L’exil australien offrit à ces hommes et à ces femmes une seconde chance : ils devinrent de respectables citoyens dans leur nouveau pays. Issus de toutes les classes sociales, ils perpétuèrent souvent le métier de leurs ancêtres français : artisans, juristes, professeurs, marchands, brasseurs. Ils cultivèrent aussi la terre avec succès: le vignoble australien doit ainsi, comme en Afrique du Sud, son origine aux Huguenots. Leurs conditions de vie furent souvent dures, incendies, inondations, épidémies, accidents et veuvages anéantissant les premiers efforts.

Leurs facultés d’adaptation, leur acharnement au travail, la foi rivée au corps, un haut sens moral caractérisent ces huguenots. Au delà de la réussite transparaissent les préoccupations sociales, le souci du bien-être général dans les domaines de la santé, de l’éducation, des sciences et de la préservation de la nature. Ainsi Minard Crommelin, originaire de Picardie créa la première réserve naturelle. De nombreux hommes politiques exercèrent des responsabilités comme Charles Latrobe (le 1er gouverneur de la colonie de Victoria) et George Grey (gouverneur d’Australie du Sud et de Nouvelle-Zélande), contribuant à faire de l’Australie un pays démocratique et pacifié. Le cinéaste Charles Chauvel et le photographe Harold Cazneaux firent connaître leur pays, comme le footballer Roy Cazaly. Des femmes de caractère se distinguèrent particulièrement dans le domaine de l’éducation (Augustine Soubeiran), des arts, des sciences et même du sport comme la montagnarde Freda du Faur.

Les descendants de huguenots australiens ont gardé une mémoire vive de leur origine protestante française et entretiennent cet héritage à travers l’histoire, la généalogie, les rencontres amicales, des conférences et des cultes dont une partie se déroule en français. Lors des dernières Réunions internationales de descendants de Huguenots organisées par le Comité protestant des Amitiés françaises à l’Etranger, ils ont ainsi constitué la plus nombreuse délégation!

En octobre 2010, la Société Huguenote d’Australie organise un grand tour de France intégrant les plus importants lieux de mémoire huguenots !

par Christiane Guttinger

(Émission du Comité Protestant des Amitiés Françaises à l’Étranger diffusée sur France Culture, à 8h25, le 3 octobre 2010)

4 réflexions au sujet de “Familles huguenotes d’Australie”

  1. Bonjour,

    le nom de jeune-fille de ma grand-mère maternelle était SOURIS. Elle est née à Cythère (Grèce) entre 1880 et 1890 et décédée autour de 1964. Je crois que les familles de Cythère qui portent ce nom sont issues de la famille Huguenote Souris de France. Je le crois car ce nom de famille est localisé uniquement à Cythère dans toute la Grèce depuis toujours et, d’autre part, les habitants de cette île ont collaboré très souvent avec des pirates chrétiens -non barbaresques- tout au long de l’ occupation de l’île par les Vénitiens et plus tard par les Anglais depuis le Moyen Âge jusqu’en 1864. Un de mes oncles ou grands-oncles portant ce nom fut pendu par les Anglais comme pirate. Or, en même temps, il y a une grande émigration depuis cette île vers l’Australie, et ceci, je lis dans un des cites de Cythériens de la diaspora, car c’était là le refuge de tous les pirates de Cythère (les plus grandes familles actuellement ). Je suppose qu’ils y prenaient contact avec les huguenots français réfugiés eux-mêmes en Australie. C’est aussi parmi les huguenots que nous trouvons les équipages des corsaires français comme celui de Jacques de Sores. Se pourrait-il que certains membres originellement de cette famille française, se soient installés à Cythère suite à un mariage par exemple? Il est curieux, ce nom ne se rencontre presque plus en France; je ne l’ai localisé qu’à Cythère, en Louisiane (aux Etats-Unis aussi parfois) et en Australie que ce soit du côté français ou du côté grec de Cythère (il y en a qui se sont installés ailleurs en Grèce actuellement mais ils sont tous issus de cette famille de Cythère)

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  2. Je suis Gerard Lepoigneur et habite lile Maurice.
    Voudrais savoir si un Lepoigneur habite Laustralie.
    Wish to know if a Lepoigneur came to Australia and if there is still a family.
    Thanks for responding.

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  3. Hispaniste, j’ai publié un article dans le Bulletin des Archives du Loir-et-Cher sur Simon Chauvel, lieutenant -général de Blois vers 1630, dont certains descendants ont émigré en Angleterre, puis en Australie..

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