Le protestantisme arménien
Union des églises évangéliques arméniennes de France

C’est en 301 que l’Arménie adopte le christianisme comme religion d’état. D’après la tradition, le christianisme aurait été introduit pour la première fois en Arménie par Thaddée, le disciple du Christ, et par l’apôtre Barthélemy. Dès la fin du second siècle, plusieurs communautés chrétiennes se développent en Arménie. C’est le prêtre saint Grégoire, à l’origine de la conversion du roi Tiridate, qui posera les fondements de l’Eglise arménienne (Eglise Apostolique Arménienne). En 406, l’invention d’un alphabet et la traduction de la Bible en arménien marqueront une étape décisive dans la propagation de la foi chrétienne en Arménie. N’ayant pu participer au concile de Chalcédoine en 451, l’Eglise arménienne s’est retrouvée séparée des autres Eglises. A partir de là, elle s’est développée de façon autonome. Aujourd’hui, elle est membre du Conseil Oecuménique des Eglises. Elle revendique son caractère d’Eglise nationale.

C’est au sein de cette Eglise, au XIXe siècle, à Constantinople, qu’est née l’Eglise Evangélique Arménienne. Le protestantisme arménien est issu d’un mouvement de réforme à partir de cercles chrétiens qui étudient la Bible. Il se caractérise par un retour à la Bible, Parole de Dieu, avec un accent particulier sur la doctrine du salut par la grâce en Jésus-Christ. Dans ces cercles d’études bibliques, on insiste sur la nécessité de la repentance, d’une profession de foi personnelle et d’une obéissance aux paroles de l’Evangile. On traduit la Bible de l’arménien classique en langue moderne, afin de la rendre accessible au peuple.

Ce mouvement fut combattu par les autorités religieuses. En 1846, le Patriarche de Constantinople excommunia les partisans de la réforme qui furent contraints par la loi ottomane à se constituer en Eglise séparée. La première Eglise Evangélique Arménienne est fondée le 1er Juillet 1846 à Constantinople. C’est de là que cette Eglise s’est développée parmi tous les Arméniens vivant en Anatolie sous l’Empire ottoman et en Arménie. A la veille du Génocide de 1915, l’Eglise Evangélique Arménienne comptait plus de 51 000 membres, de nombreuses églises, des écoles et des instituts de théologie. Quelques années après, en 1920, il n’en restait plus que 14 000, rescapés du génocide. Ceux-ci, contraints à l’exil, ont alors reconstitué des églises dans la plupart des pays d’accueil, en Syrie, au Liban, aux Etats-Unis et en Europe.

En France, plusieurs Eglises se sont constituées à partir de 1924 avec l’aide de la mission protestante alsacienne « Action Chrétienne en Orient » du Pasteur Paul Berron. Elles se sont regroupées la même année au sein d’une union synodale appelée « Union des Eglises Evangéliques Arméniennes de France ». Elles ont bénéficié durant de nombreuses années du soutien de l’Action Chrétienne en Orient et des églises réformées françaises. Avec notamment la mise à disposition de lieux de culte. Aujourd’hui, ces églises comptent quelques milliers de membres et de sympathisants, répartis dans une douzaine de paroisses. Elles possèdent deux centres de vacances, un dans le Gard et un en Haute -Savoie. Elles éditent deux périodiques, un mensuel en langue arménienne et un trimestriel en langue française. Elles ont développé de nombreuses associations en direction de la jeunesse, de la mission, de l’aide sociale et humanitaire, et de la culture arménienne.

Il existe aujourd’hui des Eglises Evangéliques Arméniennes dans plusieurs pays du monde : en Arménie, au Moyen-Orient, en Europe, dans le continent américain et jusqu’en Australie. Ces Eglises sont regroupées et représentées au niveau mondial par une instance appelée : Conseil Mondial Evangélique Arménien. Ce conseil est constitué de 12 membres, représentant les Eglises des différents pays. Il est administré par un bureau dont le président actuel est un pasteur de France.

L’Eglise Evangélique Arménienne reste fidèle à l’esprit et la théologie évangélique de ses pères fondateurs. La Bible est l’autorité en matière de foi et d’éthique. La conversion et la profession de foi personnelle sont nécessaires pour devenir membre actif de l’Eglise. En France, il faut aussi être baptisé adulte pour être membre d’Eglise. Le déroulement d’un culte dominical est assez semblable à celui des églises de la Réforme. Tous les cultes sont bilingues (arménien et français).

L’Eglise Evangélique Arménienne entretient des relations fraternelles avec toutes les autres églises chrétiennes. En France, elle est membre de l’Association des Eglises de Professants des pays francophones. Elle réfléchit actuellement à une adhésion à la Fédération Protestante de France.

Emission du Comité Protestant des Amitiés Françaises à l’Etranger, diffusée le dimanche 6 novembre 2005, sur France-Culture, à 8 h 25 – Pasteur Joël Mikaélian, Pasteur des paroisses de Paris – Issy-les-Moulineaux – Alfortville, Président du Conseil Mondial Evangélique Arménien.
Lettre N°36

Summary : ARMENIAN PROTESTANTISM – THE UNION OF ARMENIAN EVANGELICAL CHURCHES OF FRANCE,

by Pastor Joel MIKAELIAN

Armenia became a Christian country in 301 and it was Saint Gregory who laid the foundations of the Armenian Church. By 406, Armenia had its own alphabet and also its own translation of the Bible. The Armenian Church was unable to participate in the council of Calcedonia in 451, so it has led a separate existence from other churches ever since; however today it is a member of the Ecumenical Council of Churches. The Evangelical Armenian Church was created in the XIXth century, focused on the doctrine of grace and Bible study. It met with opposition from the religious authorities and in 1846 it had to set up as an independent church. In 1915 there were 51 000 members, but after the Genocide, in 1920, only 14 000 remained. In France, with the help of “Christian Action in the East” and Pasteur Paul Barron, several Armenian churches came into being in 1924, grouped under the heading “The Union of Armenian Evangelical Churches in France”. They received support from the French reformed churches and now have several thousand members. The church was able to survive all over the world, because some of its exiled members started it up again in Armenia, Syria, Lebanon, Europe, the United States and Australia – they are represented by the “World Council Of Evangelical Churches”.

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