Le samedi 17 juin dernier, l’Association pour la Sauvegarde du temple de Lemé en Thiérache a inauguré son Temple-Musée. C’est l’aboutissement de 18 années d’efforts. En tout premier, ce fut le sauvetage du clocher qui menaçait de faire s’écrouler la façade. Notre premier Président, Claude-Jean Lenoir, y fut pour beaucoup par une aide exceptionnelle de la Société Genevoise en faveur des Protestants disséminés.
L’ouverture au public de ce temple-musée, les samedis et dimanches après-midi en juillet et août, et pour les journées du Patrimoine en septembre, par une équipe de bénévoles, témoigne de la vitalité d’un terroir rural où la minorité protestante présente son histoire qui remonte aux origines du protestantisme en Brie apporté par des ouvriers saisonniers. Comme à Meaux, où les premiers conventicules hétérodoxes furent animés par un cardeur de laine, c’est un savetier de Lemé, du nom de Georges Magnier, qui en fit de même en Thiérache. Arrêté lors d’une assemblée clandestine vers 1550, il fut l’un des premiers galériens martyr pour sa foi.
Le village de Lemé, à l’habitat dispersé dans une région bocagère, est typique de la Thiérache, un terroir situé au nord-est de la province de Picardie à l’ancienne frontière avec les Pays-Bas espagnols.
Le Député-Maire de Vervins et les élus locaux, cantonaux et régionaux, étaient présents. Notre Président, Franck Storne, a associé à cette inauguration M. René Daussy, Maire de Lemé, car le soutien de la municipalité à notre projet ne nous a jamais fait défaut en un partenariat exemplaire. Il a aussi cité l’engagement sans limite d’une petite équipe de bénévoles compétents, sans lesquels cette entreprise n’aurait pu réussir. Je ne citerai ici que le regretté Jacques Lavenant.
Notre invité d’honneur, Thierry du Pasquier, Président de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français, a rappelé que dans les années trente, la Société a apposé une plaque sur le presbytère protestant de Lemé à la mémoire du pasteur Antoine Colani, originaire du canton suisse des Grisons, qui fut l’apôtre du réveil en Thiérache de 1811 à 1844, qui accueillit à Lemé les premiers élèves missionnaires et suscita en Thiérache la vocation de deux des trois premiers d’entre eux partis pour l’Afrique du Sud : Prosper Lemue et Isaac Bisseux. Par ailleurs, un terroir voisin, le Vermandois, au nord de Saint-Quentin, possède un mémorial des assemblées du Désert en souvenir du pasteur Gardien Givry, originaire de Vervins : c’est la Boîte à Cailloux, située dans un bosquet isolé à la limite des départements de l’Aisne et de la Somme, à Hesbécourt, près d’Hargicourt.
Notre Temple-Musée évoque aussi l’histoire de l’orphelinat de garçons de Lemé, créé par le pasteur Charles Cailliatte gendre du pasteur Colani, belle œuvre éducative et scolaire dont la fermeture en 1974 entraîna celle du temple qui était le plus grand de la Thiérache et ressemble intérieurement à l’ancien Temple des Parisiens à Charenton, avec ses tribunes latérales soutenues par des colonnes de chêne.
Notre Temple-Musée présente en outre une exposition sur l’origine du protestantisme en Europe, en France et en Thiérache, que j’ai réalisée à partir de la riche donation en gravures due à la générosité de Victor Le Renard, dont une collection de portraits, que nous avons complétée par des reproductions allant des grands précurseurs aux princes de la Renaissance, aux pères fondateurs et aux acteurs de l’histoire de la Réforme en France jusqu’à la fin des guerres de religion et à l’œuvre de pacification du roi Henri IV avec l’Edit de Nantes et la paix de Vervins, signés tous deux au printemps de 1598.
Nos amis belges sont venus en voisins, ce qui montre la vocation transfrontalière de notre musée en direction du Bénélux, de l’Allemagne et de l’Angleterre.
Lemé se trouve à 10 km à l’ouest de Vervins, qui est sur la route nationale 2 qui va de Paris à Bruxelles. Depuis Paris, le plus commode est d’emprunter l’autoroute A4 jusqu’à Château-Thierry. La route départementale 1 permet d’atteindre la nationale 2 et de rejoindre Vervins en contournant Soissons et Laon, direction Maubeuge.
Notre site internet est http://www.astleme.com
Nous nous trouvons aussi dans le Musée Virtuel du Protestantisme.
(Emission du Comité Protestant des Amitiés Françaises à l’Etranger, diffusée le dimanche 6 août 2006, sur France-Culture, à 8 h 25.)
par le pasteur Paul Lienhardt
Lettre N°38
Bonjour , j’ai lu votre commentaire avec intéret ; mais , comme j’aurais apprécié d’y voir associer le nom de René FAVEREAUX , maire de Lemé de 1989 à 2000 ( date de son décés) qui a été le premier parteneriat de cette entreprise et ce pendant au moins 10 ans .
Sa personnalité , son opiniatreté sont en grande partie à l’origine de cette réussite .
Bien à vous .
C. Deloffre .
..BONJOUR,
J AI MES GRANDS PARENTS QUI HABITAIENT LA GRANDE MAISON JUSTE A COTE, LA PLUS PROCHE DU TEMPLE, ENFANT NOUS Y ALLIONS REGULIEREMENT LE DIMANCHE, JE ME SOUVIENS TRES BIEN, JE L AI CONNU CE TEMPLE EN GRANDE PARTI ET PRATIQUEMENT A
L ABANDON, MAINTENANT MES GRANDS PARENTS SONT DECEDES, LA GRANDE BATISSE A ETE RACHETE PAR UN COUPLE DE PARISIEN DONT LE MARI EST HISTORIEN SELON LES SOURCES DE MES PARENTS.
Il est dommage que cette présentation reprenne des données anciennes alors que des études récentes apportent un nouvel éclairage sur la Thiérache, notamment ses liens étroits avec Sedan. La mention d’un savetier condamné aux galères en 1550 semble étonnante : existe-t-il des sources du XVIe siècle ? Il semble que cette affirmation repose sur un témoignage d’un siècle postérieur, époque où les condamnations aux galères pour protestantisme sont en revanche bien attestées.