Eléonore d’Olbreuse, « La grand-mère de l’Europe »

En 2004, la Maison du protestantisme poitevin, située dans les Deux-Sèvres à proximité de Niort, a réalisé une exposition sur le thème d’Eléonore d’Olbreuse. Cette protestante poitevine, qui vécut à l’époque de Louis XIV, est à l’origine de liens très privilégiés entre la France, l’Allemagne et la Hollande.

Elle naquit en 1639 au château d’Olbreuse dans les Deux-Sèvres dans une authentique famille de la noblesse d’épée.

Partout on vanta très vite sa beauté, son esprit et ses exquises manières.

Adulte, elle devint demoiselle de compagnie de la Princesse de Tarente. Eléonore accompagna la Princesse lors de ses séjours en Hollande et en Allemagne. Et c’est ainsi qu’ à la cour de Hesse, elle rencontra à Cassel Georges-Guillaume, Duc de Brunswick-Celle, bel esprit, cœur généreux, fort séduisant et grand voyageur. Georges-Guillaume était alors destiné à épouser la fille du Grand Electeur du Palatinat. Cette union, à dire vrai, ne lui convient pas du tout et il propose à son jeune frère d’épouser la jeune Princesse à sa place. En contrepartie, il s’engage à ne pas se marier et renonce à ses biens au profit de ses futurs neveux.

Immédiatement séduit par Eléonore, Georges-Guillaume lui fait une cour pressante. Eléonore reste réservée. Elle souhaite le mariage et le sait impossible. Mais finalement, sous le charme, elle cède… et accepte un mariage « de conscience » que nous appellerions aujourd’hui une union libre. Un an après, en 1665, naît Sophie-Dorothée.

Un contrat est signé 10 ans plus tard, en 1675. Le jeune frère Ernst-Auguste le contresigne afin de préserver l’héritage de ses propres enfants. Ce contrat légitimait la petite Sophie. Une cérémonie religieuse eut lieu l’année suivante et le nom d’Eléonore put enfin être associé à celui du Duc.

La cour de Celle est brillante. Eléonore prend soin du château et Georges-Guillaume ne fait rien sans la consulter. Luthérien, il fait bâtir pour Eléonore une chapelle calviniste. De très nombreux réfugiés français protestants artistes, musiciens, comédiens, artisans sont présents à la Cour. Malgré tous ces fastes, Eléonore et Georges-Guillaume ne cessent d’œuvrer pour l’accueil, le soutien moral et financier des réfugiés huguenots et pour la construction de temples calvinistes.

Dès 1684, le Duc de Brunswick avait publié un édit donnant à tous les fugitifs pour cause de religion l’entrée dans ses états et le droit de posséder des églises de langue française.

Louis XIV était jusqu’alors très reconnaissant envers le Duc de ne pas avoir contré ses ambitions territoriales, mais bientôt la Révocation de l’édit de Nantes et la persécution des protestants marque la rupture entre les deux souverains. L’ambassadeur de Brunswick est même embastillé.

Pour l’intérêt familial, leur fille Sophie-Dorothée, fort jolie, fut contrainte à l’âge de 16 ans d’épouser son cousin Georges-Louis Duc de Hanovre.

Ils eurent deux enfants Ernst-August et Sophie-Dorothée.

Volage et mauvais mari Georges-Louis fait vivre à la malheureuse Sophie-Dorothée un véritable enfer. Apparaît alors à la cour de Hanovre le Comte de Koenigsmark. Il échange avec la jeune Sophie une correspondance enflammée. Ces lettres furent interceptées et le divorce fut prononcé. Elle ne vit plus ses enfants et fut enfermée au château d’Ahlden où seule Eléonore pouvait lui rendre visite.

C’est grâce à ses deux petits-enfants respectivement roi de Grande-Bretagne et reine de Prusse que le sang d’Eléonore coule dans les veines des souverains d’Europe. Elle a été saluée comme la grand-mère de l’Europe avant la Reine Victoria, elle-même descendante d’Eléonore à la 5ème génération.

Fidèle à elle-même, dans l’exil comme dans son Poitou natal, Eléonore ne cessera de soutenir ses coreligionnaires dans la souffrance.

Voltaire, rappelant ce qui a contribué à faire du français la langue de l’Europe à cette époque, mentionne : « Madame d’Olbreuse … porta en Allemagne toutes les grâces de sa patrie».

(Emission du Comité Protestant des Amitiés Françaises à l’Etranger, diffusée sur France-Culture à 8h25, le dimanche 6 mars 2005. Texte dit par Francine Stein).
Lettre N°35
par Paulette THEBAULT
Présidente de la Maison du Protestantisme Poitevin (Musée de Beaussais et Centre de documentation et de Généalogie de La Couarde)

Summary : ELEONORE D’OLBREUSE

by Paulette Thibault

In 2004 the Protestant museum in the Poitou, near Niort, in the Deux Sèvres, had an exhibition about Eleonore d’Olbreuse. This protestant aristocrat lived in Poitou at the time of Louis XIV and it was due to her that the countries of France Germany and Holland were irrevocably linked.  In 1674 she at length married the Duke of Brunswick, (a daughter Sophie had been born 10 years previously). Together they welcomed many French Protestant refugees to their court.  However, at the Revocation of the Edict of Nantes, Louis XIV became an enemy of the Duke and Sophie, for her protection, was forced to marry the Duke of Hannover.  Although it was an unhappy marriage, two children were born, one later became king of Great Britain and the other, Queen of Prussia.  Indeed, we can really say that Eleanor, (Sophie’s mother), was the grandmother of Europe.  She will also be remembered because she helped French Protestant refugees in Germany unceasingly all her life and was even remarked upon by Voltaire.

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