Nouvelles des sociétés huguenotes de l’étranger ( Lettre 60 )

Les 500 ans de la Réforme ont été célébrés dans le monde entier par toutes sortes de manifestations tournées vers le passé comme vers l’avenir.

A Beyrouth, l’Eglise protestante française a ponctué « une semaine de la Réformation » par des conférences au Collège protestant, le retour de sa grosse Bible restaurée au cours du culte, et l’inauguration du cimetière protestant agrémenté d’un jardin rénové par une équipe réunie autour du pasteur Pierre Lacoste.

A Genève, dans le cadre de l’exposition interactive « PRINT ! » du Musée international de la Réforme, une Bible a été imprimée sur une copie de la presse de Gutenberg de 3 mètres de haut, terminée le 31 octobre, jour de la Réformation.

Le 11 décembre 1518, le chapitre de Zurich élit le prédicateur Ulrich Zwingli à la cure de la cathédrale. Il mènera une réforme religieuse originale, concurrente et opposée à celle de Luther au sujet de la consubstantiation, plus proche de la Réforme française, de Guillaume Farel et Calvin.

Le Centre culturel hongrois de Paris (92 rue Bonaparte) a présenté en novembre-décembre une très intéressante exposition de panneaux illustrés sur Cinq siècles de la Réforme protestante hongroise aussi bien luthérienne, que calviniste ou unitarienne. Des cartes et une importante iconographie (portraits, objets du culte, églises, lycées…) donnaient un aperçu de la très riche histoire du protestantisme hongrois qui a façonné tout le pays jusqu’à nos jours. Au XVI e siècle et jusqu’à la recatholicisation pratiquée avec violence par les Habsbourg, la Hongrie a été protestante à plus de 80%. Aujourd’hui, 30% de la population est rattachée aux Eglises de la Réforme, dont environ 250 000 luthériens. L’apport des protestants hongrois au plan intellectuel, artistique et politique, dans le combat pour l’indépendance, est considérable et jalonne toute l’histoire nationale. Le 1er ministre et la majorité du gouvernement actuel, sont des protestants engagés. A Paris, l’Église protestante hongroise en France se réunit au temple du St-Esprit 5, rue Roquépine les 1ers dimanche du mois à 17h.

La Huguenot society of Great-Britain organise régulièrement des conférences ciblées : en novembre, un de ses descendants a parlé de Jean Destremau, sieur de Pouy et de Massé, qui quitta la France à la Révocation, rejoignit l’armée anglaise et fut envoyé en mission au Brésil en 1711; en janvier sur le peintre animalier du XVIIIes Peter Paillou; en mars sur les Garnier de Rookesbury apothicaires, originaires de Vitry-le-François, établis sur un magnifique domaine dans le Hampshire. Le dernier Huguenot Society Journal consacre l’essentiel de ses articles à l’argenterie et la verrerie huguenote.

gravureLa Société huguenote d’Australie a organisé à Sydney, le 4 novembre 2017 un colloque The Huguenots : French Reformers. Their Faith and Diaspora, animé par le Dr Robin Gwynn, Robert Nash, Rev David Hohne, Dr. Jo-Anne Pemberton, Rev Dr David Duchesne, prof. Suzan Broomhall. Le programme était orné de cette gravure, représentant l’arrivée des réfugiés à Douvres.

Un Musée de la Bible a été inauguré à Washington, le 17 novembre 2017, dans un immense building en brique, comportant 40 000 m2, 8 étages d’exposition, et un « jardin biblique » sur le toit-serre, grâce au mécénat de Steve Green qui a fait fortune dans la chaine de magasins d’arts décoratifs Hobby Lobby aux États-Unis. La famille Green évangélique et conservatrice veut, au delà du religieux, faire connaître « le livre qui a influencé le monde ». Une grosse pierre venant du 2ème temple de Jérusalem, objets et reconstitutions (Nazareth au temps de Jésus), films, animations interactives ou en 3D, évoquent les différentes cultures d’Israël aux temps bibliques, comme les Cananéens, Philistins. Dans un pays où 70% de la population se dit chrétienne, des thèmes tels que l’impact de la Bible sur la société américaine, son rôle dans l’éducation et l’émancipation des esclaves y sont développés.

La Fondation huguenote des Pays-Bas attend avec impatience le dépouillement de lettres du XVIIe siècle, dont certaines émanant de huguenots, contenues dans le coffre du facteur De Brienne conservé au Musée de la Communication de La Haye.

Le Canada poursuit, en liaison avec la France, une recherche sur les Filles du Roy, dotées par Louis XIV et envoyées pour se marier avec les pionniers déjà établis en Nouvelle-France afin d’en développer le peuplement. De jeunes protestantes recrutées dans des orphelinats ou couvents de congrégations auxquelles elles étaient « confiées », firent ainsi le voyage et choisirent parfois un époux coreligionnaire. Ainsi, sur 4 filles du Roy ancêtres de Hilary Clinton, deux étaient catholiques, et deux protestantes. L’une, Catherine Paulo baptisée au temple de La Rochelle. épousa un protestant originaire du Limousin.

Une étape du chemin huguenot reliant les Cévennes à Bad Karlshafen couronne la démarche de 30 années scellant une histoire d’amitié franco-allemande et européenne.
Christa Gombel vit avec sa famille dans le village huguenot de Greifenthal, dans une charmante maison à colombages entourée de lavandes, qui appartient à sa famille depuis plus de 300 ans, et où tout tourne autour de l’histoire et la culture des protestants français. Christa Gombel et sa fille Simone unissent deux passions : des séminaires de cuisine huguenote et la transmission historique.
En 1690, l’ancêtre de la famille, Théophile Rambaud, reçut cette maison du comte Wilhelm Moritz zu Solms-Greifenstein qui accueillit les Huguenots dans cette région du centre de la Hesse. On n’y parla que le français jusqu’en 1825. Les prédications et l’enseignement se faisaient en français. Les Huguenots y introduisirent la bonneterie, la chapellerie ainsi que le négoce de la soie dont la production était vendue dans les foires de Francfort, Hanau et Leipzig.
Christa et Manfred Gombel ont retrouvé le village de leurs ancêtres, Menglon-en Diois, dans la vallée de la Drôme, berceau de la famille Rambaud et une branche française de la famille Rambaud, réunissant ainsi la famille après 300 ans !
Leur hospitalité a inspiré à Christa Gombel un livre sur l’amitié franco-allemande, avec des recettes et des coutumes des deux pays. Le profit de la vente lui a permis d’offrir au village de Greifenthal la « Huguenottenbrunnen », la fontaine des huguenots, réalisée d’après un modèle français, en grès rose, et portant l’inscription « J’ETAIS ETRANGER, ET VOUS M‘AVEZ ACCUEILLI »(Matthieu 25), verset qui reste d’actualité avec les déportations, persécutions, problèmes liés aux migration et d’intégration qui sont aujourd‘hui au centre des préoccupations politiques et sociales de l’Europe.
Le pasteur français Charles Monod a été d’une grande aide dans l’élaboration de la fontaine. « C‘était formidable de rencontrer une personnalité d‘un tel charisme et qui vous offre son amitié avec autant de chaleur. Ce n‘est que plus tard que nous avons eu connaissance de son activité dans la Résistance et de son nom immortalisé à Yad Vashem ». C’est pourquoi un monument à la mémoire de Charles Monod a été érigé non loin de la fontaine des Huguenots.
A cette occasion Christa Combel a été honorée par le gouvernement français et décorée « Chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres ».
Sur l’initiative de Christa fut ouvert ici le chemin touristique huguenot qui a été incorporé au projet européen du Chemins des Huguenots et des Vaudois soutenu par 4 pays (France, Suisse, Italie et Allemagne) sur 1800km des Cévennes à Bad Karlshafen en Allemagne.
L‘engagement de Christa Gombel dans le domaine de la compréhension des peuples, l‘ouverture et la tolérance a également été reconnu par Angela Merkel qui l’a reçue personnellement à Berlin. (site : www.maison-rambaud.de)

Cet été, du 21 au 23 juillet 2017, la famille Dutilh, éparpillée à travers le monde en Hollande, Angleterre, Allemagne, Turquie, Etats-Unis et Brésil depuis le XVIIIe siècle a réuni plus d’une soixantaine de participants sur la terre de ses ancêtres à Clairac (Lot&Garonne). Cette grande cousinade fut ponctuée par diverses visites, un culte et de la pose d’une plaque ornée de la devise de la famille, « Lux clareat » sur une maison ayant appartenu à la famille et où se réunissait le consistoire du temple voisin détruit à la Révocation, et l’édition d’un livre élaboré avec l’aide d’historiens locaux. Clairac a été l’un des hauts lieux de la Réforme dans le Sud-Ouest, depuis l’époque où Gérard Roussel fut son abbé, et que le village se tourna entièrement vers la Réforme, d’où plusieurs sièges mémorables, dont celui de 1621 qui vit le village s’opposer en personne à Louis XIII pendant 2 semaines. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, l’émigration fut très forte, vers la Hollande, l’Allemagne et l’Angleterre, et plus tard les États-Unis d’Amérique.

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