La grande infortune de Denis Papin, inventeur de la machine à vapeur.

 

Gravure représentant la statue de Denis Papin par A. Millet
Gravure représentant la statue de Denis Papin par A. Millet

Denis Papin est né en 1647 à Chitenay, près de Blois. Sa famille, convertie au protestantisme, y était établie depuis plusieurs générations. Son père était conseiller du roi et receveur  général des domaines.

Denis Papin fait ses études chez les jésuites à Blois puis sa médecine à l’université d’Angers. Mais il vient à Paris seconder, à l’académie des sciences, l’illustre physicien hollandais Huyghens que Colbert avait attiré en France. Il travaille ensuite avec le mathématicien-philosophe allemand Leibniz, son contemporain et ami.

Ses expériences portent sur le vide, un des sujets de préoccupation de l’époque où Otto de Guericke obtient le vide avec une machine pneumatique, et Pascal découvre la pression atmosphérique.

 

A vingt-sept ans, Papin publie ses Nouvelles expériences sur le vide, révélant une machine à faire le vide, peu chère car n’utilisant pas de mercure.

Calviniste, Papin devance la révocation de l’Édit de Nantes, et s’exile à Londres où il sert d’assistant au physicien-chimiste Robert Boyle diminué par la goutte. En 1679, il construit le « Digesteur », destiné à  » à faire cuire toutes sortes de viandes en peu de temps et à fort peu de frais ». C’est l’ancêtre de la cocotte-minute : un cylindre de fonte rempli d’eau que l’on chauffe et dont le couvercle est maintenu en pression grâce à des vis. Une soupape de sureté évite l’explosion en se soulevant lorsque la pression est trop forte. L’invention géniale de cette soupape, adaptée aux chaudières, sauvera plus tard des milliers d’ouvriers et d’ingénieurs !

Après refroidissement du digesteur, que découvre Papin ? que le récipient et les pots mis à l’intérieur sont difficiles à ouvrir, comme si on y avait fait le vide…

 

Peu porté sur le commerce, Papin ne tire pas grand profit du Digesteur. Il a pourtant également mis en évidence l’intérêt alimentaire de la gélatine ainsi extraite d’os d’animaux. Les anglais lui doivent-ils les « jellies », dont ils sont si friands ?

 

La Révocation de l’Edit de Nantes empêche Papin de rentrer en France, aussi rejoint-il, une partie de sa famille en Allemagne où il épouse sa cousine. Il y enseigne les mathématiques sans grand succès, et sert de médecin au landgrave Charles de Hesse.

Ses nouvelles inventions sont pourtant révolutionnaires, exploitant la vapeur comme force motrice : une machine à feu pour faire monter l’eau et la mise au point du premier cylindre-piston alternatif à vapeur. Par contre, les essais de deux prototypes de sous-marins ne sont pas concluants…

 

 

Son infortune suivra, avec la construction d’un bateau à vapeur et à roue à aubes. Les bateliers du Weser le détruisent, inquiets de la concurrence qu’implique selon eux cette

Gravure du bateau conçu par D. Papin
Bateau à vapeur et à roue à aubes

découverte. Le progrès est ainsi retardé d’un siècle : les bateaux à vapeur ne commenceront à être exploités qu’à la fin du XVIIIe siècle !

 

Ruiné, il retourne à Londres. La nouvelle génération de savants l’ignore et même conteste ses inventions. Denis Papin, ancien correspondant de l’Académie des sciences et de la Royal Society, finit son existence dans la misère et l’oubli. La date de sa mort n’est même pas connue avec certitude : on hésite entre 1712 et 1714 ! Que devint sa famille ? Une de ses filles fut convertie au catholicisme par les Oratoriens de Paris.

 

Le destin de Papin témoigne des déboires d’un émigré huguenot apatride.

Ses travaux ne furent reconnus qu’au XIXe siècle et une statue de bronze d’Aimé Millet le représentant, une Bible et le « digesteur » à ses pieds, fut dressée devant le Conservatoire national des Arts et Métiers de Paris. Elle y accueille toujours le visiteur.

 

par Christiane Guttinger

(Émission du Comité Protestant des Amitiés Françaises à l’Étranger diffusée sur France Culture, à 8 h 55, le 2 septembre 2012)

Bibliographie :

– P.A. Changeur et A. Spont, Les grandes infortunes, Paris, Librairie Hatier, ill., sd. (XIXes.)

– G. Dhombres et Gabriel Monod, Récits et biographies historiques, Librairie Germer, 1882.

– Charles Armand Klein, Denis Papin, illustre savant blaisois, 155 p., CLD Grandes figures du Val de Loire, 2000.

En juin 1706, sur une grande place de Kassel (Hesse), il réalisa une expérience immortalisée par une plaque où est écrit en allemand : « En juin 1706, sur cette place, en présence du landgrave Charles de Hesse, Denis Papin, qui a découvert la machine à vapeur, a conduit avec succès les premiers essais à grande échelle d’utilisation de la vapeur« .

1 réflexion au sujet de « La grande infortune de Denis Papin, inventeur de la machine à vapeur. »

  1. Bonjour,
    La mort de Denis Papin est maintenant connue, il est mort à Londres en Août 1713, la cérémonie funéraire s’est tenue en l’église Saint Bride’s de Londres. Une plaque y est maintenant apposée.

    Cordialement

    JLuc Potiez

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