Olivier de Serres, seigneur du Pradel, considéré comme le père de l’agronomie

statue en bronze d'Olivier de Serres à Villeneuve de Berg
STATUE EN BRONZE PAR PIERRE HEBERT
INSTALLEE A VILLENEUVE-DE-BERG EN 1858

Si vous passez en Ardèche, à proximité d’Aubenas, arrêtez-vous à Villeneuve de Berg. De belles maisons, des restes de fortification, les monuments dédiés à Olivier de Serres et Antoine Court témoignent de son riche passé. Ancienne capitale administrative du Bas Vivarais elle fut touchée très tôt par la Réforme.

Olivier de Serres y nait en 1539. Sa famille a fait fortune dans le commerce du drap. Il reçoit l’enseignement d’un précepteur, étudie le latin et le grec, puis complète sa formation au fil de voyages en Italie, Suisse et Allemagne.

Son frère devient pasteur (Après des études à Lausanne il est pasteur de l’église réformée à Nîmes et Orange, puis l’historiographe d’Henri IV.) , mais Olivier de Serres est surtout considéré pour ses recherches agronomiques.

À 19 ans, il acquiert, à quelques kms de Villeneuve de Berg, le domaine du Pradel : une ferme fortifiée, un moulin et des terres. Il a un esprit scientifique : il étudie les techniques agricoles, l’irrigation, introduit l’assolement des légumineuses afin d’améliorer les rendements. Il expérimente des plantes pas ou peu connues en France comme le mûrier, le houblon, le maïs, et la garance utilisée pour la teinture rouge … la pomme de terre, qu’il préconise pour l’alimentation humaine(M. Taulemesse, ancien président de l’Institut Olivier de Serres nous a fait remarquer depuis la diffusion de l’émission qu’O. de Serres a bien préconisé la pomme de terre dans l’alimentation humaine: « quant au goust, le cuisinier les appareille de telle sorte que … » (6ème lieu, page 564 édit. 1605)) . S’il fut le premier à travailler à l’extraction du sucre de betterave, cette technique ne sera industrialisée qu’au début du XIXes par un autre protestant, Benjamin Delessert.

 

En tête du livre publié par Olivier de Serres :Le théâtre d'agriculture..
LE THEATRE D’AGRICULTURE ET MESNAGE DES CHAMPS

A 61 ans, lors d’un séjour à Paris, il publie le fruit de ses théories, dans le Théâtre d’Agriculture et Mesnage des champs. C’est un traité d’agronomie, mais aussi d’économie domestique appliquée, parlant d’hygiène, de « l’usage des aliments », comme de l’élevage. Ses dénominations d’espèces végétales en font un livre qui enrichit considérablement la langue française.

Intéressé, Henri IV lui demande de fournir 15 000 à 20 000 muriers, nourriture exclusive du ver à soie, pour les jardins des Tuileries et de St-Germain en Laye… Cela permettra à Sully et Barthelemy de Laffémas de transformer la sériciculture en industrie et de s’affranchir partiellement des importations. En Ardèche, le cocon va assurer une certaine prospérité à plusieurs générations, jusqu’au milieu du XXe siècle …(« En 1850 l’Ardèche produit jusqu’à 3500 tonnes de cocons, c’est l’apogée de la sériciculture. Tout le pays mobilise ses forces vives, son savoir-faire et son imagination pour la réussite de la récolte. C’est une affaire de famille et lorsqu’on ne possède pas de magnanerie, l’habitation elle-même est investie ». (site Ardèche-guide)).

Le domaine du Pradel est aujourd’hui un lieu vivant de recherche et d’enseignement, un lycée agricole : quelques mûriers symboliques offrent une ombre bénéfique au visiteur assommé par le soleil ardéchois. Des carrés s’ordonnent selon quatre parties en lesquelles Olivier de Serres divisait le jardin : potager, bouquetier, médicinal et verger.

Olivier de Serres s’est attaché à améliorer les techniques de vinification, observant les degrés de maturité, plantant chaque cépage sur une même parcelle, et le Pradel produit toujours un excellent vin. L’élevage se perpétue dans la chèvrerie-école où s’élabore un célèbre picodon d’Ardèche. Redécouvert au XIXes, le protestant Olivier de Serres est unanimement reconnu comme le père de l’agronomie. Si vous en avez l’occasion une visite du Domaine du Pradel vous passionnera.

 

Par Christiane Guttinger
(Émission du Comité Protestant des Amitiés Françaises à l’Étranger diffusée sur France Culture, à 8h55, le 5 février 2012)

Pour aller plus loin : Institut Olivier de Serres, Le Pradel, 07170 Mirabel, Accueil : 04 75 36 76 56, Site www.olivier-de-serres.org ;

institut@olivier-de-serres.org ; EPLEFPA (lycée agricole) domaine du Pradel, site: epl.aubenas.educagri.fr

 

 

1 réflexion au sujet de « Olivier de Serres, seigneur du Pradel, considéré comme le père de l’agronomie »

  1. Bonjour,
    Je suis à la recherche (infructueuse jusqu’à aujourd’hui) de l’inventaire après décès de Jean de Serres, dans le cadre d’une étude sur le célèbre pasteur d’Orange.
    Auriez-vous une idée ou une piste à me donner.
    Peut-être pourriez vous me mettre en relation avec les chercheurs intéressés.
    Cordialement
    Bernard Vidal
    Institut Olivier-de-Serres

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