Jean Norton Cru : critiques des témoins de la grande guerre

1ere de couverture du livre de Norton Cru : Témoins       En cette année commémorative du centenaire de la Première Guerre Mondiale, les grands récits du carnage de 14-18 font leur réapparition en vitrine des librairies : Le Feu d’Henri Barbusse, Les croix de bois de Roland Dorgelès, Le grand troupeau de Jean Giono, bien d’autres encore. Si ces livres doivent évidemment leur notoriété au talent littéraire de leurs auteurs, ils la doivent aussi pour une bonne part au fait que ces auteurs furent, comme soldats, des témoins directs des événements racontés.

Pourtant, dès la parution de ces premiers récits, un soldat s’interrogea sur leur valeur et leur authenticité et décida d’en entreprendre la critique, après avoir été frappé par les nombreuses inexactitudes et même les mensonges que colportaient certains d’entre eux.

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De Montauban à Mayence, l’étonnante destinée d’André Jeanbon Saint-André

C’est avec un peu de retard que nous commémorons aujourd’hui le bicentenaire de la mort de Jean Bon Saint-André, décédé le 10 décembre 1813 à Mayence après une vie riche en péripéties.

André Jeanbon naît à Montauban le 25 février 1749 dans une famille de « facturiers », c’est-à-dire d’industriels du textile,

Gravure ronde de Jeanbon Saint-André
André Jeanbon par Jacques-Louis David 1795 (Art Institute de Chicago )

nombreux chez les protestants montalbanais, dans une ville où les trois quarts des négociants et des minotiers étaient « de la religion ».

La famille semble avoir été très présente au Désert et active dans la maintenance et la reconstitution des Eglises réformées. Notons que dans les années 1744-1745, la région montalbanaise avait connu la renaissance de l’Eglise et la tenue d’importantes assemblées que l’Intendant avait fini par juguler. Puis, à partir de 1750, des pasteurs avaient pu organiser les Eglises du Montalbanais.

De 1759 à 1765, le jeune André fait ses études au collège de sa ville natale. En 1765-66, il étudie la marine à Bordeaux et est officier de marine jusqu’en 1771. Dégoûté de la marine par des naufrages où il faillit perdre la vie, il se rend à Lausanne, au séminaire fondé par Antoine Court, où il se prépare au ministère pastoral. Il y reste jusqu’à sa consécration, le 21 avril 1773. Avant de quitter Lausanne, Jeanbon, selon la coutume du Désert, prend le pseudonyme catholique de Saint-André (comme Rabaut prend celui de Saint-Etienne).

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Johannes Kepler, l’astronome protestant qui a découvert les lois du mouvement des planètes

 

Gravure de Johannes KeplerUne récente conférence proposée par notre ami Edgar Soulié nous a permis de redécouvrir la personnalité de Johannes Kepler.

 

Kepler naît en décembre 1571 au sein d’une famille protestante, luthérienne, installée dans le Wurtemberg.

 

Les aptitudes intellectuelles de Johannes s’étant manifestées pendant ses études à « l’école allemande », il poursuit ses études au séminaire protestant. Ses parents lui font découvrir l’astronomie. Ainsi, à peine âgé de 6 ans, sa mère l’emmène en haut d’une colline pour observer le passage d’une comète. De son côté, son père lui montre l’éclipse de lune du 31 janvier 1580, et comment cette dernière devint toute rouge. Kepler étudiera plus tard ce phénomène et l’expliquera dans l’un de ses ouvrages sur l’optique.

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Le 450e anniversaire du Catéchisme de Heidelberg

Le mois dernier, la Faculté de théologie protestante de Paris a eu l’heureuse idée de proposer une très intéressante exposition destinée à commémorer le 450ème anniversaire du Catéchisme de Heidelberg. Si l’exposition est

Page de couverture du catéchisme
Première page de l’édition de 1563

malheureusement aujourd’hui terminée, la réédition il y a quelques semaines chez Labor et fides, du Catéchisme avec une importante préface due à la plume du professeur Pierre-Olivier Léchot, permet de rappeler cet évènement majeur de la Réforme protestante.

La ville de Heidelberg, capitale du Palatinat en Allemagne, ne resta pas à l’écart du bouillonnement des idées nouvelles au XVIe siècle, puisque six mois après avoir affiché ses 95 thèses à Wittenberg, Martin Luther y est venu les présenter.

Ces idées nouvelles ont, on le sait, entrainé d’importants changements dans les méthodes éducatives. Jusqu’alors, l’enseignement, privilège des riches, était donné en latin. A mesure que la Réforme progressait, de nombreuses écoles, ouvertes tant aux garçons qu’aux filles, étaient créées avec trois matières principales : la lecture, l’écriture et … le catéchisme ! Il n’est dès lors pas surprenant que le besoin se soit fait sentir d’un catéchisme, un catéchisme qui contribuerait à l’unification et à la solidification de la réforme religieuse, tout en répondant à un besoin élémentaire en matière d’enseignement.

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Philipp Melanchthon, disciple de Martin Luther et réformateur

Réforme et Tolérance, tel était le thème du dernier colloque des musées protestants, qui s’est tenu il y a quelques semaines à Wittenberg, petite ville de Saxe-Anhalt, au bord de l’Elbe, à une centaine de kilomètres au sud de Berlin.

Wittenberg est surtout connue pour être la ville du Réformateur allemand, Martin Luther. C’est ce qui explique qu’aujourd’hui la ville ait pris le nom de Lutherstadt, et que, tout naturellement, elle mette en avant ses liens étroits avec la Réforme protestante.

Il est vrai que de nombreux bâtiments sont associés aux événements de ce temps.

Une partie du cloître augustin dans laquelle Luther a demeuré avec son épouse Katharina von Bora et leurs six enfants, est préservée, et a été transformée en un très important musée, contenant de nombreux témoignages de et sur Luther, spécialement les portraits peints par Lucas Cranach l’Ancien et Lucas Cranach le Jeune.

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Nouvelles des sociétés huguenotes de l’étranger

Le dernier n° des Proceedings of the Huguenot Society of Great-Britain and Ireland, vol XXIX N°4 publie plusieurs articles très intéressants dont un de Ruth Whelan sur Le voyage extraordinaire d’Elie Neau (vers 1662-1722) naturalisé anglais et galérien protestant français. L’ambigüité du titre de l’article reflète la situation de cet émigré huguenot né en Charente, commerçant dans les Caraïbes, installé à New York où il prend la nationalité britannique pour commercer librement, jusqu’au jour où otage d’un corsaire de St-Malo il est ramené en France et, en tant que protestant français, il est envoyé aux galères… Son aventure tumultueuse ne s’arrête pas là, et nous l’évoquerons sans doute dans une de nos prochaines émissions. D’autres articles évoquent le sort de la famille Lamy, tisserands de Bolbec à Spitafields ; la « forme de police ecclésiastique instituée à Londres en l’Eglise (réformée) des Français » sous le ministère de Nicolas des Gallars vers 1559-1563 à l’exemple de Genève  ; l’exil de Vaudois au Cap de Bonne Espérance.

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Catherine Schütz Zell, l’intrépide « mère de l’église »

Mathias Zell
Mathias Zell
Le Comité protestant des Amitiés françaises à l’Etranger a déjà consacré plusieurs de ses émissions à des personnalités féminines de l’époque de la Réforme. Après la théologienne Marie Dentière, les femmes de pasteur Catherine von Bora-Luther et Idelette de Bure-Calvin, nous allons évoquer aujourd’hui Catherine Schütz Zell grâce à une petite étude que nous a transmise notre amie historienne de Hambourg, Christina Griffiths :

Dans un de ses derniers ouvrages Catherine Schütz Zell se qualifie elle-même de « mère de l’église[1] (en allemand, la « Kirchen Moter ») ce qui constitue une autoévaluation plus qu’insolite pour une femme du très patriarcal XVIe siècle … Qui fut donc cette personnalité tout à fait exceptionnelle ?

Catherine Schütz nait à Strasbourg en 1497 ou 1498 dans un milieu artisanal aisé. Elle reçoit une formation scolaire (chose assez inhabituelle pour une jeune fille de son temps) et s’intéresse intensément aux questions religieuses.

Acquise à la première Réforme strasbourgeoise, elle se marie, en 1523, avec le pasteur-réformateur Matthieu Zell, de près de vingt ans son aîné, qui fut le premier à prêcher la Réforme à la cathédrale de Strasbourg devant un auditoire de 2000 à 3000 personnes.

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Jean Sturm, une pédagogie humaniste à Strasbourg

Jean Sturm
Jean Sturm
Strasbourg et le protestantisme européen fêtent cette année le 500e anniversaire de la naissance du célèbre pédagogue et humaniste Jean Sturm, fondateur du Gymnase protestant à Strasbourg en 1538.

Une exposition organisée par la Bibliothèque Nationale Universitaire de Strasbourg à partir du 8 octobre prochain nous permet de revenir sur les diverses facettes de la personnalité de ce grand homme de l’humanisme rhénan. De même la faculté de théologie protestante de Strasbourg organise un colloque universitaire pour lui rendre hommage le 11 et 12 octobre. Le Chapitre de Saint-Thomas, responsable aujourd’hui encore du Gymnase lui rend également un hommage en organisant une exposition dans ses locaux du Quai Saint-Thomas, siège du Chapitre et de l’union des Églises Protestantes d’Alsace et de Lorraine.

La Réforme strasbourgeoise s’est faite sur le terreau à la fois humaniste et spiritualiste qui caractérisait déjà l’époque médiévale de la ville. Maître Eckart s’établit ainsi à Strasbourg en 1310, faisant de la ville la « capitale de la mystique rhénane ». Les imprimeurs strasbourgeois éditent en grand nombre les écrits de Luther dès 1519 et Martin Bucer, grand réformateur de la ville de Strasbourg, y est accueilli en 1523 par le Stettmeister, Jacques Sturm.

Martin Bucer, correspondait depuis plusieurs années avec Jean Sturm. Ce dernier, né près d’Aix-la-Chapelle en Allemagne en 1507, enseignait la dialectique à partir de 1530 à Paris. Rallié à la Réforme, engagé dans le mouvement humaniste, il rejoint Strasbourg au début de l’année 1537 et il propose une réforme de l’instruction publique. En juin 1538, il est nommé recteur du nouvel établissement créé suite à ses propositions, le Gymnase, qu’il dirigera jusqu’à sa destitution en 1581 pour avoir prôné le dialogue et la réconciliation entre réformés et luthériens (!). Il continua pourtant de s’investir dans l’administration du Gymnase, jusqu’à sa mort en 1589.

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Hommage à Dietrich Buxtehude (v. 1637-1707) pour le tricentenaire de sa mort

Dietrich Buxtehude
Dietrich Buxtehude
En cette année 2007, marquant le troisième Centenaire de la mort de Dietrich Buxtehude, nous voudrions lui rendre hommage et attirer l’attention des mélomanes, organistes, chefs de chœur et pasteurs, sur l’apport hymnologique et organistique considérable de ce musicien luthérien et germano-danois. Sa production vocale et instrumentale le situe entre Heinrich Schütz (1585-1672), « père de la musique protestante allemande » et Jean-Sébastien Bach (1685-1750), Cantor de Leipzig, tout en rappelant, comme il ressort de notre bref générique, l’école organistique d’Europe du Nord.

Dietrich Buxtehude est né à Oldesloe (dans le Holstein) vers 1637, et mort à Lübeck, le 9 mai 1707. Son père, organiste, s’est installé, dès 1639 en Suède, à Hälsingborg. En 1657, Dietrich, alors âgé d’environ 20 ans, y occupe déjà le poste d’organiste de l’Église Sainte Marie. Trois ans après, il est appelé à l’Église allemande d’Elseneur (ou Helsingor). En 1668, il succède à Franz Tunder (1614-1667) comme organiste à la célèbre Marienkirche dans la ville hanséatique de Lübeck. Il devait y jouer le dimanche pour les cultes du matin et de l’après-midi, les jours de fête et les vêpres du jour précédent, ainsi que pendant la Cène. Il y relance la tradition des Abendmusiken (Musiques du soir), cycles de cantates interprétées en dehors du culte, pendant le temps liturgique de l’Avent. De nombreux marchands se rencontraient à Lübeck, et la réputation de ces auditions dépassa rapidement le cadre de la ville.

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La culture luthérienne en Saxe et Saxe-anhalt

Cathédrale de Merseburg :  maître autel
Cathédrale de Merseburg : maître autel
La 17ème rencontre européenne des musées protestants vient de se dérouler en Saxe-Anhalt et Saxe, autour de Weissenfels, Lützen, Leipzig, Dresde et Meissen, permettant de mieux faire connaître, aux participants de 11 pays, divers aspects de la culture luthérienne qui s’est épanouie dans cette région, assez proche de Wittenberg.

Les églises romanes ou gothiques furent réutilisées sans grand changement, comme la magnifique cathédrale de Naumburg qui a conservé ses deux jubés. Les édifices spécifiquement luthériens comportent généralement une nef bordée de tribunes reliées au buffet d’orgue qui, à l’époque baroque, prendront une ampleur théâtrale.

Le mobilier liturgique s’adapte aux préceptes de Luther, basés sur la Prédication et ne retenant que deux sacrements, le Baptême et la Cène.

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