Lyon 1562, capitale protestante, une exposition des Archives municipales de Lyon

affiche de l'expositionEn 1562, moins de 2 mois après le massacre de Wassy qui marque le début des guerres de religion, la ville de Lyon fut, à la suite d’un coup de main, et pendant presque un an, gouvernée par un consulat à majorité protestante et tenue par le baron des Adrets, puis par Jean de Parthenay-Larchevêque, seigneur de Soubise, envoyé par le chef protestant Louis de Condé. Une exposition actuellement présentée aux archives Municipales de Lyon jusqu’au 27 février 2010, replace cet épisode dans le contexte de la vie politique, religieuse, sociale et culturelle de Lyon au XVIe siècle.

Lyon est alors un grand carrefour économique et culturel international, aux confins des routes européennes, venant des pays du Nord, d’Italie et d’Espagne, reliée au monde méditerranéen par la vallée du Rhône. Un des commerces les plus lucratifs est déjà celui de la soie et du drap. Les marchands allemands et suisses des villes passées à la Réforme s’y croisent à l’occasion de 4 foires annuelles, colportent les nouvelles et diffusent des imprimés venant de Genève où œuvrait Calvin. A la faveur de ces échanges, Lyon devient un foyer humaniste majeur, au point qu’on a pu la qualifier de « capitale intellectuelle du royaume« . Elle est le second centre d’imprimerie de France qui fait travailler environ un millier de personnes, réparties en 20 métiers, du correcteur à l’illustrateur. Cette activité est concentrée essentiellement autour de la rue Mercière, dans la Presqu’île, où habite la majorité des protestants qui constituent environ 1/3 de la population. Le collège de la Trinité est un lieu de diffusion des idées nouvelles. La plupart des pasteurs dont Pierre Viret viennent de Genève.

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Le premier synode national protestant réuni a Paris en 1559

plaque de la rue ViscontiLes commémorations de cette année Calvin ont un peu éclipsé le 450ème anniversaire du premier synode protestant, tenu à Paris, du 25 au 29 mai 1559.

Ce 1er synode s’est réuni clandestinement, rue des Marais-Saint-Germain, actuelle rue Visconti, située entre l’abbaye Saint-Germain des Prés et la Seine. Située hors les murs de Philippe Auguste ceinturant Paris, et de l’enceinte de l’abbaye de St-Germain des Prés, elle fut surnommée « La petite Genève », en référence aux nombreux réformés qui y habitaient discrètement. Rappelons aussi que l’abbaye St-Germain des Prés peut être considérée comme le berceau du protestantisme français car Lefèvre d’Etaples y commença sa traduction de la Bible en français et attira un large public à ses leçons.

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Les Archives iconographiques de la Société des Missions Evangéliques Protestantes

images en mission
images en mission

Photographes et missionnaires : deux termes dont on ne soupçonne guère qu’ils puissent aller de pair. On voit le missionnaire une bible à la main. On l’imagine plus rarement appareil photographique au poing. Ce schéma conventionnel ne tient pas devant l’évidence : une évidence dont témoignent les archives de la Société des missions évangéliques de Paris : la photo missionnaire existe ! Il y a eu dès le 19e siècle des missionnaires photographes à l’œuvre sur divers continents !

La collection

Au Défap, à Paris, dans le bâtiment édifié en 1887 pour abriter la Maison des missions, se trouvent conservés plusieurs milliers de documents iconographiques. Ils illustrent l’activité de cette société qui fut à partir de 1830 et pour longtemps l’unique société protestante du monde francophone à envoyer des missionnaires en Afrique, à Madagascar, en Polynésie et en Nouvelle-Calédonie. Ils se présentent sous les formes les plus variées : négatifs, tirages papier, diapositives sur plaques de verre mais aussi cartes postales, cartes de géographie et plans de stations missionnaires, dessins, films fixes et animés. Ces images s’insèrent dans un vaste ensemble documentaire regroupant correspondances, rapports d’activité, récits de voyage, journaux intimes. Autant de témoignages écrits, utiles pour expliciter le contexte de production des images, voire les usages auxquels elles donnèrent lieu.

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Pierre Valdo et les « Pauvres de Lyon »

Pierre Valdo
Pierre Valdo

Dans la cité allemande de Worms, lieu phare du protestantisme, se trouve une imposante statue de Luther ; à ses pieds se tiennent quelques-uns de ceux que la tradition présente comme ses précurseurs : ainsi de Jean Huss, Jérôme Savonarole, Pierre Valdo.

Les connaissances font défaut pour Pierre Valdo, puisque son nom et même son existence sont régulièrement remis en cause. Pourtant les textes concordent : ainsi il est probable qu’un riche marchand vécut à Lyon au XIIe siècle, connu comme Pierre Valdo ; sans doute appelé dans le dialecte du pays Valdes ou Vaudès. Il renonça à tous ses biens et décida de vivre la foi chrétienne comme les apôtres avaient vécu avec Jésus.

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2009 Année Calvin

médaille comémorative de Calvin
médaille comémorative de Calvin
Chers amis,

2009 s’annonce une année stimulante pour le protestantisme et spécialement pour les réformés français. Ce sera « l’année Calvin ».

Jean Calvin est né le 10 juillet 1509 à Noyon, en Picardie. Nous allons donc commémorer le 500ème anniversaire de la naissance du grand réformateur français.

Rien ne le prédisposait à ce destin. Son père l’avait destiné à la prêtrise, mais avait changé d’avis et l’avait orienté vers le droit. Durant ses études de droit à Orléans et Bourges (entre 1527 et 1533 environ), Calvin a été en contact avec des « luthériens » (comme on disait), professeurs ou étudiants. Il a beaucoup lu la Bible, redécouverte par les humanistes.

Cependant, ce n’est que vers 1533 qu’il se convertit aux idées de la Réforme évangélique : il comprend l’Evangile, la bonne nouvelle du salut gratuit de Dieu, comme incompatible avec la religion des « bonnes œuvres », encadrée par l’Eglise traditionnelle. Fin 1534, après l’affaire » des Placards » contre la messe, qui déclenche une répression sans précédent contre les « hérétiques », Calvin quitte le royaume de France et se réfugie à Bâle.

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Marie Dentière (vers 1495-1561) Une figure de la Réforme genevoise du XVIes

femme du xvieL’histoire de la Réforme genevoise est dominée par la personnalité de Jean Calvin et on néglige parfois les artisans de la première heure. Si Guillaume Farel ou Pierre Viret sont connus, les femmes ont été ignorées, et même dénigrées. Ainsi en est-il de Marie Dentière qui a participé activement à l’avènement de la Réforme à Genève, et fut une des premières théologiennes réformées.

Marie Dentière est née à Tournai vers 1495. Prieure du couvent des Augustines de l’abbaye de Saint-Nicolas-dès-Prés située près de sa ville natale, elle se convertit aux idées luthériennes et quitte son ordre au début des années 1520. A Strasbourg, elle épouse le prédicateur Simon Robert, avec qui elle se rend en Suisse en 1528.

Veuve, Marie Dentière se remarie avec un autre prédicateur, Antoine Froment, collaborateur de Guillaume Farel. En 1535, ils s’établissent à Genève où elle prend part à la Réforme de Farel, prêchant la nouvelle foi, exhortant des religieuses de prendre un mari et avoir comme elle, des enfants[1]. Elle meurt en 1561.

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L’Institut protestant de Théologie : préparer l’avenir

Institut Protestant de Théologie après rénovation
Bien que de création récente, l’Institut protestant de théologie a recueilli l’héritage de quatre siècles d’enseignement supérieur protestant de la théologie organisé par les Eglises issues de la Réforme en France. A la suite de l’Edit de Nantes, à la fin du XVIe siècle, des académies protestantes ont en effet été créées à Sedan, Saumur, Die, Montpellier, Montauban, et Nîmes. A travers diverses vicissitudes historiques, ces académies sont devenues les facultés libres de théologie protestantes de Paris et de Montpellier, regroupées en 1974 au sein de l’Institut protestant de théologie.

La première mission de l’Institut protestant de théologie est de former des pasteurs pour l’Eglise réformée de France et l’Eglise évangélique luthérienne de France.

Comment devient-on pasteur ? On n’est pas toujours sûr de sa vocation. Alors on se renseigne (par exemple sur le site www.iptheologie.fr) et on s’inscrit pour un cycle de licence, soit à Paris, soit à Montpellier. La licence se passe normalement en trois ans. On s’y forme dans six domaines principaux : Etude de l’Ancien Testament, (ce qui suppose l’apprentissage de l’hébreu), Etude du Nouveau Testament (ce qui suppose l’apprentissage du grec ancien), Histoire ancienne, Histoire moderne, Théologie systématique (c’est-à-dire la présentation organisée de la doctrine chrétienne) et Théologie pratique.

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Vauban et les huguenots

Vauban
À l’occasion du troisième centenaire de sa mort, Vauban a été sacré “ homme de l’année”. Et la France a proposé à l’UNESCO l’inscription au patrimoine mondial de 14 sites : 13 forteresses qu’il a construites et son château de Bazoches, à 6 km de Vézelay.

Ce n’est pas de ce Vauban-là que nous allons parler ce matin, mais de celui qui osa, d’abord en 1687, soit deux ans après la Révocation de l’Édit de Nantes, puis de nouveau en 1689, envoyer à Louvois un Mémoire pour le rappel des Huguenots. A une époque où tout le monde, la Cour, la Ville, louait Louis XIV d’avoir révoqué l’Édit de Nantes, Vauban est pratiquement le seul à aller à contre-courant et à demander que le roi rappelle les Huguenots. Quelles raisons donne-t-il ?

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Une famille huguenote, les frères Merle d’Aubigné

La Graveline au début du XIXe siècle Dessin de Melle Clémentine Brélaz
Trois livres parus autour de 1830, épuisés et pratiquement introuvables viennent d’être réédités, en un seul volume, abondamment illustré, sous le titre : Une famille huguenote, les frères Merle d’Aubigné. Ils étaient trois frères, nés à la fin XVIIIe, dont la carrière aura trois grandes orientations : l’aîné en Amérique, le second en Europe, le cadet entre les Etats-Unis et la France. Leur double nom vient du fait qu’un grand-père venu de Nîmes avait épousé en 1743 une des filles du dernier d’Aubigné de Genève, descendant du célèbre Agrippa. Madame de Maintenon, épouse de Louis XIV, avait fait miroiter la promesse d’un évêché à son cousin Samuel, le grand-père de la mariée, s’il rentrait dans le rang. Il n’en fut naturellement pas question.

Le fils aîné, Guillaume, part très jeune faire un apprentissage à Hambourg et fait la difficile traversée de l’Atlantique. Il commence par échouer aux Bermudes et il raconte avec humour comment on pêche à la baleine. Il découvre New York en 1815 et décrit les Quakers de Philadelphie avec beaucoup d’ironie… Le journal de sa traversée et ses lettres à sa famille ont été publiés en partie à Washington en 1935 mais seulement en français… dommage pour les lecteurs américains. Leur traduction est maintenant chose faite.

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Jean Sturm, une pédagogie humaniste à Strasbourg

Jean Sturm
Jean Sturm
Strasbourg et le protestantisme européen fêtent cette année le 500e anniversaire de la naissance du célèbre pédagogue et humaniste Jean Sturm, fondateur du Gymnase protestant à Strasbourg en 1538.

Une exposition organisée par la Bibliothèque Nationale Universitaire de Strasbourg à partir du 8 octobre prochain nous permet de revenir sur les diverses facettes de la personnalité de ce grand homme de l’humanisme rhénan. De même la faculté de théologie protestante de Strasbourg organise un colloque universitaire pour lui rendre hommage le 11 et 12 octobre. Le Chapitre de Saint-Thomas, responsable aujourd’hui encore du Gymnase lui rend également un hommage en organisant une exposition dans ses locaux du Quai Saint-Thomas, siège du Chapitre et de l’union des Églises Protestantes d’Alsace et de Lorraine.

La Réforme strasbourgeoise s’est faite sur le terreau à la fois humaniste et spiritualiste qui caractérisait déjà l’époque médiévale de la ville. Maître Eckart s’établit ainsi à Strasbourg en 1310, faisant de la ville la « capitale de la mystique rhénane ». Les imprimeurs strasbourgeois éditent en grand nombre les écrits de Luther dès 1519 et Martin Bucer, grand réformateur de la ville de Strasbourg, y est accueilli en 1523 par le Stettmeister, Jacques Sturm.

Martin Bucer, correspondait depuis plusieurs années avec Jean Sturm. Ce dernier, né près d’Aix-la-Chapelle en Allemagne en 1507, enseignait la dialectique à partir de 1530 à Paris. Rallié à la Réforme, engagé dans le mouvement humaniste, il rejoint Strasbourg au début de l’année 1537 et il propose une réforme de l’instruction publique. En juin 1538, il est nommé recteur du nouvel établissement créé suite à ses propositions, le Gymnase, qu’il dirigera jusqu’à sa destitution en 1581 pour avoir prôné le dialogue et la réconciliation entre réformés et luthériens (!). Il continua pourtant de s’investir dans l’administration du Gymnase, jusqu’à sa mort en 1589.

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