La place des huguenots dans l’établissement de la Nouvelle-France

La participation des huguenots à la fondation de la Nouvelle-France, ancienne appellation du Canada et des Etats-Unis, est trop peu connue. Ma mère, Hélène Poulain et mon père, le pasteur André Poulain qui œuvra principalement à Montréal, au Canada français, ont voulu la faire connaître dans le journal « La Vie Chrétienne » (2) qu’il fonda à Montréal en 1951. Dans ce but, ils ont consulté un certain nombre d’ouvrages, ce qui leur a permis de regrouper les noms des principaux huguenots qui ont travaillé à l’établissement de la Nouvelle-France.

L’Amiral Gaspard de Coligny, chef des huguenots, tué pendant le massacre de la Saint-Barthélémy, le 24 août 1572, avait fait le projet d’un grand empire français en Amérique pour permettre aux sujets de la religion réformée persécutés en France de pratiquer leur religion librement. Le roi Henri II approuva d’abord l’idée, puis l’abandonna. Ce qui a fait dire à l’historien canadien Garneau(3) : « En fait, quelles sources de richesse et de puissance il aurait assuré à la France ! Quel désastre il aurait épargné à ses enfants ! Et comme résultat, quel magnifique empire attaché à l’empire français en Amérique ! Mais dans cette période de haine et de passion, les meilleurs intérêts du pays étaient sacrifiés à la fureur du fanatisme et aux peurs d’un tyran égoïste et soupçonneux ».

Lire la suite

La révocation de l’Édit de Nantes et les professions de santé

Nous avons présenté en 1983 une communication à la Société française d’Histoire de la Médecine, actuellement présidée par le Professeur Pallardy, sur : « La Révocation et les Professions de Santé ».

Dans les préoccupations des auteurs de la Révocation de l’édit de Nantes, survenue en octobre 1685, les professions de Santé occupaient une place particulière.

Bien avant la Révocation, les sages femmes adeptes de la Religion Prétendue Réformée se voyaient interdire l’exercice de leur profession par une Déclaration de février 1680, cinq ans plus tôt, qui rappelait que « suivant les principes de leur religion, ne croyant pas le baptême absolument nécessaire, quand il arrive que les enfants sont en péril de vie, elles omettent d’informer les ministres du culte catholique et les enfants meurent sans avoir reçu le baptême » et que « lorsqu’elles sont employées à l’accouchement des femmes catholiques et connaissent qu’elles sont en danger de vie, elles ne les avertissent point de l’état où elles se trouvent, en sorte qu’elles meurent sans que les dits sacrements leur aient été administrés ».

Le même reproche sera adressé aux médecins.

Lire la suite

Un pédagogue venu d’ailleurs : Jacques-Egide Duhan de Jandun

Ce matin, si vous me le permettez, je vais vous parler de Jacques Egide Duhan de Jandun, né en mars 1685 en France et mort en 1746 à Berlin. Il a été le précepteur de Frédéric II de Prusse.

Tout le temps que j’ai passé à étudier ce personnage ne m’a pas paru long, car il m’a permis de répondre à des questions qui pour moi étaient primordiales. Duhan s’est imposé à moi comme un « Pédagogue venu d’ailleurs ». Comment expliquer l’extraordinaire réussite de ces enseignants qu’il représente ?

Duhan était huguenot, son destin vous intéressera donc tout particulièrement.

Lire la suite

Association des Œuvres de Saint Jean
Ouverture d’une nouvelle Maison d’Accueil à l’Hôpital des Diaconesses

Après les Maisons de Parents de l’Hôpital Necker et de l’Hôpital Saint Louis, les Œuvres de Saint Jean ont ouvert le premier septembre dernier « La Croisée » une nouvelle Maison d’Accueil dans des locaux de l’Hôpital des Diaconesses, rue du Sergent Bauchat à Paris dans le 12ème arrondissement. En quatre minutes je voudrais brièvement répondre à … Lire la suite

Le Protestantisme Breton

« Breton et protestant », tel était le titre provocateur d’un libelle du militant autonomiste Marcel Guieysse, lui-même de religion réformée dans les années Trente. A une époque où le mouvement breton était en conflit avec l’évêque de Quimper, cet écrit voulait prouver que la Bretagne avait une solide tradition huguenote et que, en certaines occasions, son destin religieux aurait pu basculer. Il est pourtant évident que le protestantisme breton a toujours été largement minoritaire : quelque 5000 hommes et femmes en moyenne pendant quatre siècles. Mais il est tout aussi exact que ces réformés, ces évangéliques, ont pesé d’un poids sans commune mesure avec leur nombre sur la vie religieuse, sociale, culturelle et politique de la province.

Un premier faisceau de découvertes, certainement très lacunaire, met en évidence une effervescence religieuse en Bretagne dès 1534, date à laquelle des actes iconoclastes sont perpétrés à Morlaix ou à Dinan. Ce mouvement touche aussi bien des hommes du peuple comme cette dizaine d’artisans qui se réfugia à Genève avant 1558, que des hobereaux et des magistrats, depuis Hennebont jusqu’à Rennes où plusieurs conseillers au Parlement étaient « infectés d’hérésie », comme on disait à l’époque.

Lire la suite

Le cent cinquantenaire de la fondation John Bost

Jean-Antoine, dit John Bost, est nommé pasteur à La Force en 1844. Sensibilisé aux douloureux problèmes de son époque, il n’a cesse de faire partager ses préoccupations à la paroisse ; grâce à des dons et au travail bénévole de sa communauté, un premier pavillon, « La Famille évangélique », est construit en 1848. Il est destiné à recueillir et à former des jeunes filles en danger moral. Jusqu’à la mort de John Bost en 1881, neuf pavillons seront créés.

Aujourd’hui, avec ses 981 salariés, la Fondation John Bost accueille, soigne, accompagne au long cours 1025 personnes polyhandicapées, handicapées, malades mentales et personnes âgées. 22 pavillons accueillent les résidents dans un environnement paisible et ouvert, sans murailles ni barrières : 19 en Dordogne sur 200 hectares et 5 communes, 1 dans le Tarn et Garonne, 1 en Haute Vienne, 1 bientôt en Seine Maritime. Chaque pavillon est spécifique et complémentaire des autres. Les pavillons sont unis entre eux par une même motivation, un même esprit de service.

Lire la suite

Le collège royal et l’académie protestante de Nîmes aux xvie et xviie siècles

Le 31 janvier 1998 s’est tenu à Nîmes un colloque organisé par la Société d’Histoire du protestantisme de Nîmes et du Gard. C’est, à notre connaissance, le premier de toute une série en cette année largement consacrée au quatrième centenaire de l’édit de Nantes et à ses conséquences.

Onze communications cernent, à l’instigation du pasteur Roger Grossi, les divers aspects du sujet. Le cadre historique général est posé par la première : « Nîmes en ce temps là ». Plus précisément quatre conférences évoquent l’institution : « Les Académies protestantes en France aux XVI° et XVII° siècles », « La vie du Collège de Nîmes », « La vie de l’Académie de Nîmes » et « Esquisse de 130 années d’une histoire agitée » (c’est la durée même de cette entreprise universitaire, depuis la création du Collège et de la Faculté des arts vers 1540, la Faculté de théologie suivant vingt ans plus tard). Certaines personnalités sont présentées, qui jouèrent à l’époque un rôle important, tels Jean de Serres, le frère d’Olivier, et Jérémie Ferrier, le pasteur apostat. Sur le plan théologique une question intéressante est soulevée, « A propos du cheminement des idées de Luther jusqu’à Nîmes, et du rôle du Carrefour Rhénan ». Toutes ces idées, tous ces dévouements, tous ces espoirs permirent à notre institution de vivre pratiquement jusqu’aux approches de la Révocation de 1685 : donc 130 ans. Mais l’ampleur des difficultés et des attaques, conduisant à l’échec final, est clairement exposée dans deux études sur « La contre-réforme nîmoise et l’Académie » et sur « Les derniers feux de l’Académie : du mi-partiment à la clandestinité ». Cependant elle ne meurt pas tout à fait : une communication évoque en effet « Le Collège Français de Berlin (1689), lointain héritier de l’Académie de Nîmes ».

Lire la suite

La naissance des Éclaireurs Unionistes

Aujourd’hui, tout le monde s’accorde à penser que le scoutisme unioniste a joué un grand rôle dans la formation des cadres des Églises protestantes françaises au XXe siècle. Pourtant, jusqu’à présent nous ne disposions pas d’études historiques sérieuses sur le mouvement des Éclaireurs Unionistes. J’ai voulu tenter de remédier à cela en jetant les bases d’une histoire des Éclaireurs Unionistes. Et pour commencer je me suis intéressé, dans l’ouvrage intitulé l’Invention d’un scoutisme chrétien**, publié ce mois-ci, à cette période très mal connue et souvent dénigrée des toutes premières années du scoutisme : de 1911 à 1920. De son côté, le scoutisme féminin est aussi l’objet d’études portant sur la même période ***.

Quelques mots d’abord sur la naissance du scoutisme en Grande-Bretagne. Le fondateur Baden-Powell l’a conçu comme une méthode au service des organisations de jeunesse existantes. Les YMCA et les Boys Brigades ont fourni le cadre des premières expériences. Ce n’est que lorsque le scoutisme a pris de l’ampleur que Baden-Powell a pensé à le structurer en un mouvement indépendant.

Lire la suite

Guerres et paix de religion – Sur le chemin de l’édit de Nantes.

Cette année, l’Assemblée du Désert – le dimanche 7 septembre 1997 – sera orientée par la perspective de l’Edit de Nantes de 1598. La commémoration prochaine de l’Edit de Nantes, en 1998, invite à « revisiter » une période assez ingrate de l’histoire de France : la période des guerres de religion, qui précède l’Edit de Nantes, l’édit du bon Roi Henri IV, devenu synonyme de paix et de liberté religieuse.

Ces guerres entre catholiques et protestants sont issues de l’affrontement, à partir des années 1550, entre deux façons d’être chrétien en France, deux modèles socio-religieux, deux forces : d’un côté une minorité dynamique (10 à 15% de la population du royaume), minorité « réformée » sur le modèle de Genève, structurée en communautés, consciente d’elle-même, luttant pur obtenir une reconnaissance officielle ; de l’autre la majorité du pays et les pouvoirs – Eglise, Parlement et Roi de France – hostiles à l’« hérésie » nouvelle, c’est à dire hostiles à un changement religieux qui représentait alors une sorte de révolution culturelle.

Lire la suite

Charlotte de Bourbon, abbesse de Jouarre, princesse d’Orange

Le 7 juin, notre Comité Protestant des Amitiés Françaises à l’Etranger tiendra son Assemblée générale au cœur de la Brie, à Mazagran, entre Coulommiers et Rebais. La communauté protestante de Saint-Denis-les-Rebais connut à l’époque du Réveil une vitalité remarquable, avec son école protestante et fut le berceau des premières colonies de vacances pour les enfants parisiens. Au XVI°s, le fief de La Ferté, à une quinzaine de kilomètres au Nord de Mazagran, appartenait au premier Prince de Condé, Louis de Bourbon, chef du parti huguenot, dont le fils, Henri, le second prince de Condé, naquit à la Ferté-sous-Jouarre en 1552.

Nous profitons de cette occasion pour évoquer la destinée romanesque de Charlotte de Bourbon, Abbesse de Jouarre, puis Princesse d’Orange. Charlotte était la fille d’un Prince du Sang, Louis II de Bourbon-Montpensier. Cette branche de la maison de Bourbon était issue du bisaïeul d’Antoine de Bourbon, le père du futur roi Henri IV. La mère de Charlotte, Jacqueline de Longwy, professait la Religion Réformée et exerçait, par son courage et sa prudence, une grande influence sur la Régente Catherine de Médicis, et éleva sa fille dans la piété réformée.

Lire la suite