Le collège protestant de Sainte–Foy–la–Grande (Lettre 55)

    La vallée de la Dordogne a été très tôt et très profondément touchée par la Réforme, c’est pourquoi dès que le culte protestant a été légalisé au début du XIXe siècle, la région s’est de nouveau couverte de temples et d’institutions. En l’espace d’une vingtaine d’années, trois importants établissements sont créés à ou près … Lire la suite

Jean Norton Cru : critiques des témoins de la grande guerre

1ere de couverture du livre de Norton Cru : Témoins       En cette année commémorative du centenaire de la Première Guerre Mondiale, les grands récits du carnage de 14-18 font leur réapparition en vitrine des librairies : Le Feu d’Henri Barbusse, Les croix de bois de Roland Dorgelès, Le grand troupeau de Jean Giono, bien d’autres encore. Si ces livres doivent évidemment leur notoriété au talent littéraire de leurs auteurs, ils la doivent aussi pour une bonne part au fait que ces auteurs furent, comme soldats, des témoins directs des événements racontés.

Pourtant, dès la parution de ces premiers récits, un soldat s’interrogea sur leur valeur et leur authenticité et décida d’en entreprendre la critique, après avoir été frappé par les nombreuses inexactitudes et même les mensonges que colportaient certains d’entre eux.

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Le réveil des coeurs, tour d’horizon du protestantisme français vu par le frère morave Fries en 1761-1762

Périple de Pierre Conrad Fries      Nous avons déjà évoqué Jean Hus et Comenius. Le mouvement issu de cette piété tchèque et du piétisme allemand rayonna jusqu’en France au XVIIIe siècle. Le journal de voyage de Pierre Conrad Fries que vous venez de retranscrire et publier aux éditions Le Croix Vif en constitue un témoignage exceptionnel !

 

En 1761-62, un clandestin fait un long voyage. C’est plus précisément un montbéliardais, déguisé en pharmacien et dûment muni d’un passeport établi à Genève, qui entreprend ce périple de 18 mois dans la France du Sud. Pierre Conrad Fries est un ancien pasteur luthérien ayant rejoint l’Unité des frères, dite Eglise morave. Comment fut-il accueilli en France ? Il est reçu à bras ouvert, par les « réveillés », ceux qui sympathisent avec la piété des frères moraves; en revanche parfois assez sèchement par ceux qui tiennent à l’ « orthodoxie ».

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Le bicentenaire des Ecoles du Dimanche françaises

Aujourd’hui, les Écoles du dimanche éveillent toujours encore de vivants souvenirs chez les protestants de tous les continents. Mais que sait-on de racines du mouvement français, de ses acteurs et de ses méthodes pédagogiques ?

1. Les racines anglaises

Le mouvement des Écoles du dimanche qui se répand dans le monde entier au XIXe siècle est né en Angleterre à la toute fin du XVIIIe siècle. Il est le fruit du Réveil protestant. Trois types de dispositifs, caractérisent ce mouvement originel.

Ce n’est cependant pas à un pasteur mais au publiciste Robert Raikes (1736-1811) que l’histoire attribue la paternité de ce dynamique mouvement d’éducation populaire, lancé en 1780, à Gloucester, sa ville natale. On ignore souvent que ces écoles avaient originellement pour but de scolariser et de socialiser le dimanche, de jeunes ouvriers, quelle que soit leur religion. Le mouvement a eu pour caution pédagogique celle du pasteur anglican Thomas Stock (1750-1803) parent par alliance de Raikes et pour son organisation, du baptiste William Fox (1736-1826) de Gloucester, qui avait fait carrière dans le commerce du drap à Londres.

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Boissy d’Anglas, un ardéchois protestant défenseur des libertés

François-Antoine Boissy, voit le jour en 1756 à Saint-Jean-Chambre, en Vivarais. Issu de la bourgeoisie réformée ardéchoise, il participe à tous les régimes de la période révolutionnaire… On l’a comparé à un caméléon. Il n’a cependant rien d’une girouette ; c’est un homme de terrain pondéré et pragmatique, soucieux de préserver les acquis de la constitution de 1789 concernant les libertés individuelles, la justice civile et la tolérance.

Neveu de Marie Durand, son éducation et la mémoire familiale lui inspirent l’horreur du fanatisme, de l’injustice et de l’arbitraire. Son père meurt lorsqu’il a trois ans. Il est d’abord éduqué par sa mère et sa tante paternelle, puis, sur les conseils d’une tante préceptrice des enfants du Landgrave de Hesse-Cassel, (Mme Oudry) il poursuit ses études dans un collège parisien sous une pseudo nationalité suisse, ce qui le dispense de pratique catholique et lui permet d’assister aux cultes de la Chapelle de Hollande. Il fait son droit à Paris et à Orange. Marié à 20 ans à Marie-Françoise Michel, la fille du président du Présidial de Nîmes, il partage dans cette ville, pendant 10 ans, la maison du pasteur Paul Rabaut qui baptise ses enfants.

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Les Protestants des environs de Château-Thierry et Monneaux (Aisne)

La Réforme évangélique se développe dès le second quart du XVIe siècle, à l’Est de Paris, dans le diocèse de Meaux, et touche la région de Château-Thierry. Un culte est célébré à proximité, à Nogentel.

Dès 1550 des castelthéodoriciens contraints de s’exiler figurent dans les registres de paroisses réformées françaises d’Allemagne, Pays-Bas et Genève. A la Révocation, certains, gagnent l’Afrique du Sud à bord de navires hollandais. Ainsi, de nos jours, dans la région du Cap, face au musée huguenot de Frankschoek, un restaurant proposant une cuisine française s’appelle Monneaux !

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De Montauban à Mayence, l’étonnante destinée d’André Jeanbon Saint-André

C’est avec un peu de retard que nous commémorons aujourd’hui le bicentenaire de la mort de Jean Bon Saint-André, décédé le 10 décembre 1813 à Mayence après une vie riche en péripéties.

André Jeanbon naît à Montauban le 25 février 1749 dans une famille de « facturiers », c’est-à-dire d’industriels du textile,

Gravure ronde de Jeanbon Saint-André
André Jeanbon par Jacques-Louis David 1795 (Art Institute de Chicago )

nombreux chez les protestants montalbanais, dans une ville où les trois quarts des négociants et des minotiers étaient « de la religion ».

La famille semble avoir été très présente au Désert et active dans la maintenance et la reconstitution des Eglises réformées. Notons que dans les années 1744-1745, la région montalbanaise avait connu la renaissance de l’Eglise et la tenue d’importantes assemblées que l’Intendant avait fini par juguler. Puis, à partir de 1750, des pasteurs avaient pu organiser les Eglises du Montalbanais.

De 1759 à 1765, le jeune André fait ses études au collège de sa ville natale. En 1765-66, il étudie la marine à Bordeaux et est officier de marine jusqu’en 1771. Dégoûté de la marine par des naufrages où il faillit perdre la vie, il se rend à Lausanne, au séminaire fondé par Antoine Court, où il se prépare au ministère pastoral. Il y reste jusqu’à sa consécration, le 21 avril 1773. Avant de quitter Lausanne, Jeanbon, selon la coutume du Désert, prend le pseudonyme catholique de Saint-André (comme Rabaut prend celui de Saint-Etienne).

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Un président protestant, Gaston Doumergue

Il y a 150 ans, le 1er août 1863 naquit Gaston Doumergue. Saluons l’initiative du Comité créé pour célébrer celui qui demeure à ce jour, le seul protestant à avoir accédé à la Présidence de la République française.

Timbre gravé de Gaston doumergueNé à Aigues-Vives, bourg protestant du Gard depuis la Réforme, il débute comme avocat ; très vite il ressent l’appel du large qui le mène en Indochine et en Afrique du Nord.

Elu député radical en 1893, succédant à son coreligionnaire et mentor Emile Jamais (député du Gard et secrétaire d’Etat aux colonies), il entame une brillante ascension politique : ministre dès 1902, sénateur, président du Conseil à l’appel de Poincaré (1913), président du Sénat (1923).

Il est élu président de la République en 1924 avec les voix de la droite, contre le candidat du cartel des gauches, Paul Painlevé ; « nul plus que moi ne demeurera au dessus des partis, pour être, entre eux, l’arbitre impartial » déclare-t-il alors.

 

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Nouvelles du protestantisme français (Lettre 53-54)

Le Musée du Désert a ponctué la saison estivale de conférences et animations dont une assemblée nocturne. Le thème de l’Assemblée du dimanche 7 septembre, dont le culte a été présidé par le pasteur François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France, fut « Enfin libres ! » D’une mémoire à l’autre. D’un désert à l’autre. D’une … Lire la suite

Bibliothèque huguenote (Lettre 53-54)

Adrien Bertrand, L’Appel au sol (prix Goncourt 1914). Les éditions Ampelos (site www.editionsampelos.fr), fondées par Eric Peyrard, impriment dans un projet collectif et bénévole visant à mieux faire connaître la diversité de la Réforme, des ouvrages épuisés ou inédits comme ce témoignage de 1ère main sur la Grande Guerre ainsi que celui de son frère, Georges Bertrand-Vigne, Carnets de route d’un officier d’Alpins (Campagne de Lorraine 1914).

Pasteur Freddy Durrleman, Lettres d’un aumônier sur un navire hôpital. Armée d’Orient (1915-1918), Préface de Patrick Cabanel, Ed. La Cause, 2014, 230 p., 15 €. L’expédition de Salonique, ou Front d’Orient, fut menée par les armées alliées à partir du port grec macédonien de Salonique pendant la Première Guerre mondiale afin de soutenir les forces serbes. Le pasteur Freddy D. passa 3 ans à bord de navires hôpitaux évacuant les blessés entre Salonique, Bizerte et Toulon. Les extraits des lettres quotidiennes qu’il envoyait à sa femme constituent un témoignage passionnant de l’état d’esprit qui régnait à bord et des préoccupations du pasteur qui l’amènent à se dresser contre l’alcoolisme, écrire des ouvrages fondamentaux sur le protestantisme. Il fondera l’œuvre La Cause quelques années plus tard.

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