par Etienne Bertrand.
Le village de Bourron-Marlotte, au cœur de la forêt de Fontainebleau, attire depuis le XIXe siècle, de nombreux artistes, peintres, céramistes, écrivains…, attirés par le charme de ces deux villages (Bourron et Marlotte) aujourd’hui réunis et la nature qui les entoure. Moins connu que Barbizon qui a donné son nom à une école de peinture, Bourron-Marlotte est riche d’un important patrimoine lié aux artistes qui y ont résidé, notamment un remarquable Mairie-Musée qui présente une importante collection d’œuvres réalisées par des artistes ayant fréquenté le village. Les Amis de Bourron-Marlotte mettent en valeur le patrimoine bâti de la commune en apposant des plaques sur les maisons du village occupées par des artistes. Le 21 juin 2025, une nouvelle plaque a été posée à la mémoire de deux peintres protestants : François Ehrmann (1833-1910) et Henri Zuber (1844-1909) qui ont séjourné plusieurs étés à Bourron, dans deux maisons de la rue Marceau se faisant face. Une exposition de quelques-unes de leurs œuvres a été présentée dans une salle d’exposition de la commune.
Les deux peintres d’origine alsacienne, demeurent à Paris dans le même quartier des jardins du Luxembourg et sont liés par une grande amitié. S’ils suivent tous deux, à des périodes différentes, l’enseignement de Charles Gleyre (1806-1874) à Paris, leur parcours et leurs œuvres sont de caractères très différents. François Ehrmann, après des études d’architecture puis de peinture, entame en 1860 une carrière de peintre d’histoire (Vercingétorix, 1869, Clermont-Ferrand, Musée d’art Roger Quillot) et de scènes mythologiques (La Fontaine de Jouvence, Musée des Beaux-Arts de Mulhouse). Il s’oriente assez vite vers la peinture décorative pour des commandes officielles : projets de tapisseries pour les Gobelins (Génie des Arts, Sciences et Lettres de l’Antiquité, du Moyen-âge et de la Renaissance destinées à la Bibliothèque nationale), plafond pour le palais de la Légion d’honneur, figures de provinces françaises pour les voussures de la salle des fêtes de l’Hôtel de Ville de Paris, vitraux pour la cathédrale d’Autun (71) ou la collégiale de Montmorency (95). Il participe à la réédition en fac-similé des Grandes scènes historiques du XVIe siècle de Tortorel et Périssin par les éditions Fischbascher en 1881 en fournissant à l’éditeur les dessins des fleurons, initiales et culs-de-lampe. Féru de l’art de la Renaissance italienne, il s’en inspire avec une grande liberté, travaillant pour différentes techniques d’art décoratif (céramique en collaboration avec Théodore Deck, reliure, vitraux…) et s’oriente vers un style très personnel. Le parcours d’Henri Zuber est très différent. Il intègre en 1861 l’Ecole navale, voyage autour du monde de 1864 à 1868, rapportant de nombreux carnets de croquis, ainsi que des aquarelles notamment de Corée et du Japon. De retour en France, il suit les cours de Charles Gleyre et se spécialise dans le paysage. Ses peintures à l’huile et surtout ses aquarelles, réalisées à Paris, mais aussi lors de ses voyages en Alsace, en France ou aux Pays-Bas notamment, connaissent un grand succès. De ses séjours à Bourron-Marlotte, il rapporte de nombreuses peintures et aquarelles. A l’occasion de l’alliance franco-russe en 1892, François Ehrmann et Henri Zuber collaborent pour réaliser quatre aquarelles commémoratives : Henri Zuber se charge des marines auxquelles François Ehrmann adjoint un encadrement de figures allégoriques (aquarelles destinées à des cadeaux diplomatiques, connues par d’anciennes photos).

Pour plus d’informations : https://amisdebourronmarlotte.fr/deux-artistes-de-bourron-marlotte-celebres-avec-grand-succes-ce-week-end/