Les Pyrénéistes protestants au XIXe siècle

Affiche d'une exposition sur les Pyrénéistes protestants au XIXe     On sait que ce sont des Suisses protestants qui ont lancé l’alpinisme à la suite d’Horace-Bénédict de Saussure qui le premier gravit le Mont-Blanc. On sait moins la place que les protestants ont tenue dans la découverte et l’étude des Pyrénées.
« Les Pyrénéistes protestants », voilà le thème de l’Exposition que leur a consacrée, ce printemps, le Musée Jeanne d’Albret à Orthez, avec comme sous-titre « Etudier, aimer, révéler ». Car ces hommes ne se sont pas contentés de gravir des sommets qui quelquefois d’ailleurs portent leur nom, ils se sont livrés à des études de géologie, hydrographie, glaciologie, ils ont cartographié, photographié et ils ont publié leurs résultats.

Cette approche scientifique de la haute montagne peut-elle s’expliquer par le protestantisme ? En un certain sens, oui, dans la mesure où les protestants ont très tôt contesté les croyances traditionnelles, et plus particulièrement celle de la création du monde – l’existence de fossiles marins dans les montagnes remettant en cause le récit de la Genèse. Bien sûr, les protestants ne sont pas seuls à se passionner pour les Pyrénées, mais leur proportion ici est beaucoup plus importante que dans l’ensemble de la population française. Et la toponymie de bien des sites pyrénéens en porte la trace.


Mais pour ces Pyrénéistes, il ne s’agit pas seulement d’étudier, ils veulent faire connaître, faire partager leur enthousiasme, révéler la beauté des lieux. Certains, tel Frantz Schrader, joignent à leur science de la cartographie un réel talent de peintre et d’aquarelliste, tout comme le pasteur Emilien Frossard dont le Tableau pittoresque des Pyrénées françaises est réédité cette année même par les éditions Mon Hélios d’Oloron. Schrader fonde en 1898 la Société des Peintres de Montagne. Et à Pau se crée une Ecole de photographie artistique du paysage. Pour d’autres, comme Elisée Reclus, un fils de pasteur, c’est par la littérature qu’il révèle les Pyrénées, d’abord, dès les années 1860, par le Guide Joanne, puis, une dizaine d’années plus tard, par l’Histoire d’une Montagne, comme il avait écrit déjà l’Histoire d’un ruisseau, avec le souvenir des gaves pyrénéens.
photo ancienne d'un modèle de refuge de forme ogivaleFaire connaître, cela veut dire aussi faciliter les excursions, au-delà de la cartographie et des livres pratiques. Ainsi Léonce Lourde-Rocheblave (aussi un fils de pasteur) organise l’activité des guides, établit des sentiers et invente le fameux refuge de forme ogivale.

Ce type de refuge se diffuse dans les Pyrénées.

 

photo du pasteur Emilien Frossard    Enfin ces Pyrénéistes protestants se retrouvent majoritaires dans la création des premières associations pyrénéennes dont le but est la connaissance de ces montagnes. La première Société naît en 1865 dans le salon du ←pasteur Emilien Frossard à Bagnères-de-Bigorre. Et dans la section Sud-Ouest du Club alpin de Bordeaux, les quatre premiers membres du bureau sont protestants. Le vice-président est Charles Gide, le futur théoricien de l’économie solidaire. Son projet est d’envoyer dans les Pyrénées des « caravanes scolaires » pour faire profiter les enfants des villes des bienfaits de la montagne. N’est-ce pas là une autre manière de faire aimer, connaître, révéler ces montagnes ? Et est-ce ce projet qui a inspiré son neveu André Gide quand il écrit dans son Journal : « L’admiration de la haute montagne est une invention du protestantisme » ?

 

 

par Gabrielle Cadier : émission du Comité Protestant des Amitiés Françaises à l’Étranger diffusée sur France Culture, à 7h55, le 6 octobre 2013)

 

Cette exposition créée par le musée Jeanne d’Albret, à Orthez, a été remontée pendant l’été 2013 dans le temple d’Osse en Aspe. Par ailleurs, ce musée d’histoire du protestantisme béarnais, a proposé des visites guidées en béarnais, renouant ainsi avec les origines du protestantisme en Béarn, pratiqué au XVIe siècle dans la langue du pays grâce à la traduction en béarnais, encouragée par Jeanne d’Albret, des Psaumes de David et du catéchisme de Calvin. ( www.museejeannedalbret.com).

1 réflexion au sujet de « Les Pyrénéistes protestants au XIXe siècle »

Répondre à Musée Jeanne d'Albret Annuler la réponse