Vauban et les huguenots

Vauban
À l’occasion du troisième centenaire de sa mort, Vauban a été sacré “ homme de l’année”. Et la France a proposé à l’UNESCO l’inscription au patrimoine mondial de 14 sites : 13 forteresses qu’il a construites et son château de Bazoches, à 6 km de Vézelay.

Ce n’est pas de ce Vauban-là que nous allons parler ce matin, mais de celui qui osa, d’abord en 1687, soit deux ans après la Révocation de l’Édit de Nantes, puis de nouveau en 1689, envoyer à Louvois un Mémoire pour le rappel des Huguenots. A une époque où tout le monde, la Cour, la Ville, louait Louis XIV d’avoir révoqué l’Édit de Nantes, Vauban est pratiquement le seul à aller à contre-courant et à demander que le roi rappelle les Huguenots. Quelles raisons donne-t-il ?

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Une famille huguenote, les frères Merle d’Aubigné

La Graveline au début du XIXe siècle Dessin de Melle Clémentine Brélaz
Trois livres parus autour de 1830, épuisés et pratiquement introuvables viennent d’être réédités, en un seul volume, abondamment illustré, sous le titre : Une famille huguenote, les frères Merle d’Aubigné. Ils étaient trois frères, nés à la fin XVIIIe, dont la carrière aura trois grandes orientations : l’aîné en Amérique, le second en Europe, le cadet entre les Etats-Unis et la France. Leur double nom vient du fait qu’un grand-père venu de Nîmes avait épousé en 1743 une des filles du dernier d’Aubigné de Genève, descendant du célèbre Agrippa. Madame de Maintenon, épouse de Louis XIV, avait fait miroiter la promesse d’un évêché à son cousin Samuel, le grand-père de la mariée, s’il rentrait dans le rang. Il n’en fut naturellement pas question.

Le fils aîné, Guillaume, part très jeune faire un apprentissage à Hambourg et fait la difficile traversée de l’Atlantique. Il commence par échouer aux Bermudes et il raconte avec humour comment on pêche à la baleine. Il découvre New York en 1815 et décrit les Quakers de Philadelphie avec beaucoup d’ironie… Le journal de sa traversée et ses lettres à sa famille ont été publiés en partie à Washington en 1935 mais seulement en français… dommage pour les lecteurs américains. Leur traduction est maintenant chose faite.

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Jean Sturm, une pédagogie humaniste à Strasbourg

Jean Sturm
Jean Sturm
Strasbourg et le protestantisme européen fêtent cette année le 500e anniversaire de la naissance du célèbre pédagogue et humaniste Jean Sturm, fondateur du Gymnase protestant à Strasbourg en 1538.

Une exposition organisée par la Bibliothèque Nationale Universitaire de Strasbourg à partir du 8 octobre prochain nous permet de revenir sur les diverses facettes de la personnalité de ce grand homme de l’humanisme rhénan. De même la faculté de théologie protestante de Strasbourg organise un colloque universitaire pour lui rendre hommage le 11 et 12 octobre. Le Chapitre de Saint-Thomas, responsable aujourd’hui encore du Gymnase lui rend également un hommage en organisant une exposition dans ses locaux du Quai Saint-Thomas, siège du Chapitre et de l’union des Églises Protestantes d’Alsace et de Lorraine.

La Réforme strasbourgeoise s’est faite sur le terreau à la fois humaniste et spiritualiste qui caractérisait déjà l’époque médiévale de la ville. Maître Eckart s’établit ainsi à Strasbourg en 1310, faisant de la ville la « capitale de la mystique rhénane ». Les imprimeurs strasbourgeois éditent en grand nombre les écrits de Luther dès 1519 et Martin Bucer, grand réformateur de la ville de Strasbourg, y est accueilli en 1523 par le Stettmeister, Jacques Sturm.

Martin Bucer, correspondait depuis plusieurs années avec Jean Sturm. Ce dernier, né près d’Aix-la-Chapelle en Allemagne en 1507, enseignait la dialectique à partir de 1530 à Paris. Rallié à la Réforme, engagé dans le mouvement humaniste, il rejoint Strasbourg au début de l’année 1537 et il propose une réforme de l’instruction publique. En juin 1538, il est nommé recteur du nouvel établissement créé suite à ses propositions, le Gymnase, qu’il dirigera jusqu’à sa destitution en 1581 pour avoir prôné le dialogue et la réconciliation entre réformés et luthériens (!). Il continua pourtant de s’investir dans l’administration du Gymnase, jusqu’à sa mort en 1589.

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Jean Olry ou “le Huguenot banni”

Dans la passionnante exposition « Les Huguenots de la Moselle à Berlin » à Metz on peut voir une vidéo qui illustre la vie de Jean Olry à travers le récit de ses mésaventures.

Le texte de Jean Olry et les notes qui l’accompagnent ont été mis « en ligne » sur internet[1] ; nous remercions beaucoup l’association des Protestants de Metz et du Pays messin pour cette réalisation.

L’ouvrage écrit par Jean Olry s’appelle « La Persécution de l’Eglise de Metz », et il a été publié en 1690, en Allemagne, peu de temps après son arrivée. Il a été réédité au XIXe siècle, et se trouve à la Bibliothèque de Metz et à la SHPF à Paris. On entendra souvent dans ce message les mots mêmes de Jean Olry.

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Evangile et liberté, Le protestantisme libéral

Évangile et liberté vient de fêter ses 120 ans d’existence. C’est le journal du protestantisme libéral, né à la fin du 19e siècle et qui est aujourd’hui plein de vitalité et de dynamisme. Il paraît tous les mois et propose des textes de réflexion sur la vie, sur la société, sur Dieu, sur la foi chrétienne, sur les religions. On y trouve des textes de réflexion, mais aussi des billets d’humeur, des recensions de livres, des textes de méditation. Il a pour spécificité de promouvoir un christianisme d’ouverture, c’est-à-dire, ouvert sur le monde, qui se laisse interpeller par l’actualité, par la société, mais aussi par la culture, la science, les autres religions.

Le protestantisme libéral revendique une foi chrétienne sans esprit d’orthodoxie, c’est-à-dire sans vérité toute faite, indiscutable, fermée à la critique. Sa raison d’être est de refuser le divorce qui existe trop souvent entre la foi et la raison. Croire, c’est aussi comprendre ce que l’on croit, interpréter, donner du sens.

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Les origines familiales de Jean-Jacques Rousseau

Jean-Jacques Rousseau
Post tenebras lux. Le siècle des Lumières est en grande partie l’un des aboutissements du Refuge protestant qui remonte au XVIe siècle. Le cas singulier de Jean-Jacques Rousseau, « citoyen de Genève », en fournit l’illustration. Les Rousseau étaient les rejetons de ce Refuge protestant, qui étendait à l’Europe et à l’Amérique ses ramifications. Comme tant de Genevois, Rousseau avait pour ancêtres ces Français  » réfugiés pour la foi  » qui, dès le siècle des Réformes, avaient couvert l’Europe de leurs établissements, de Londres à Amsterdam, d’Amsterdam à Strasbourg et à Francfort, de Francfort à Genève… La mobilité est d’abord familiale. Presque génétique. On ne naît quelque part que par l’un de ces accidents de l’histoire, transformés en Providence. Rousseau fut à la fois le plus providentiel des Genevois, et le plus inclassable.

Affaire de lignage si l’on veut. Comme Robinson Crusoë, le personnage créé par Daniel Defoe, Jean-Jacques fut un fils prodigue. Du côté paternel, il descendait d’une famille, installée sur les bords du Léman du temps de la Réforme. Natif de Montlhéry, non loin de Paris, son quadrisaïeul Didier Rousseau avait été reçu comme habitant de Genève le 15 octobre 1549. Il s’était d’abord installé comme marchand de vin, à l’enseigne de La Main. Six ans plus tard, il était reçu bourgeois de la ville, en compagnie de plusieurs Français, favorables à Calvin. Il reprit alors la profession paternelle de libraire, tout en tenant une auberge, à l’enseigne cette fois-ci de l’Épée couronnée. Il devait épouser en seconde noce Mie Miège, originaire de Contamine-sur-Arve, en Savoie. Il mourut en 1581, en laissant un fils, Jean Rousseau, trisaïeul de Jean-Jacques, mis en apprentissage chez un tanneur.

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Émile Gallé

vase de Gallé
La personne à laquelle je veux rendre hommage aujourd’hui pour son talent et la notoriété de ce talent, mais surtout pour son courage spirituel et politique est Monsieur Emile Gallé.

On dit qu’il est l’homme qui a maîtrisé les aléas du feu !
Certains l’ont présenté comme le Bernard Palissy du XXe siècle. Gallé lui-même considérait Palissy comme un ancêtre, comme l’un des patrons de l’art français du FEU, un symboliste de l’art de la TERRE. Il dit de lui qu’il avait le véritable vœu d’initier les hommes, par des reproductions de la nature, à VOIR DIEU A TRAVERS LES SIMILITUDES ET LES BEAUTES DE SES ŒUVRES LES PLUS HAUTES. Emile Gallé est de cette trempe là.

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Pierre Bayle

Pierre Bayle
Pierre Bayle
Pierre Bayle est mort en 1706, il y a trois cents ans. On se figure mal aujourd’hui à quel point sa pensée a été déterminante pour la genèse de la philosophie de Lumières : Bayle a été lu par tous les grands penseurs européens, et notamment Montesquieu, Voltaire et Diderot. Mais Bayle appartient aussi à l’histoire du protestantisme, et en particulier à celle du Refuge huguenot.

Fils et frère de pasteur, converti au catholicisme pendant un an et demi puis revenu à la religion de ses pères, il doit s’exiler de son Ariège natal en 1670. Il part étudier la théologie à Genève, où il se sent davantage attiré par la philosophie. Il remplit alors des fonctions de précepteur en différents endroits avant de décrocher en 1675 un poste de professeur de philosophie et d’histoire à l’Académie protestante de Sedan, où il est sous la protection du théologien Pierre Jurieu. Lorsque cette Académie est fermée, en 1681, Bayle et Jurieu s’exilent à Rotterdam où ils enseignent à l’Ecole illustre, un petit établissement qui ne compte que quelques étudiants.

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Les Mémoires de Dumont de Bostaquet (1632-1709)

Isaac Dumont de BostaquetPourquoi Isaac Dumont de Bostaquet, prospère gentilhomme campagnard protestant est-il contraint de s’exiler à la Révocation de l’édit de Nantes ? Comment, à 55 ans, quitte-t-il tout, ses chères terres de Normandie et une partie de sa famille ?

Ses Mémoires, qu’il rédige en Irlande, à la fin de sa vie, répondent à ces questions. Il les écrit à l’intention de ses enfants, sans souci littéraire, dans le but de leur transmettre un héritage familial et spirituel, et éventuellement leur fournir des éléments utiles à la revendication de leurs intérêts. Il rapporte mille détails de la vie quotidienne, de son enfance à ses derniers jours. Il cite une multitude de noms et de lieux ; ce témoignage direct est un document précieux pour la connaissance du protestantisme en Normandie et les conditions d’exil des huguenots en Hollande et en Irlande.

Isaac Dumont de Bostaquet naît près de Dieppe, à Bostaquet, un manoir typiquement normand, appartenant à sa famille issue de la vieille noblesse, ralliée très tôt au protestantisme.

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Michel Hollard Maquisard et camisard

Michel Hollard
Michel Hollard
Dans la muraille de la Tour de Constance à Aigues-Mortes, on peut encore lire l’inscription « RESISTEZ » gravée jadis par l’Héroïque Marie Durand, qui fut emprisonnée pour avoir obéi à sa conscience. Michel Hollard offre l’un des plus beaux exemples d’application contemporaine du fameux mot d’ordre.

Pour ce héros de la Résistance, le maquisard de 1940 et le camisard de la guerre des Cévennes se ressemblent. Ce sont des combattants de la même espèce, défenseurs de deux causes supérieures, voire sacrées.

Engagé volontaire pendant la 1ère guerre mondiale, Michel Hollard crée un réseau de résistance au cours de la seconde. En 1943, il apprend que l’ennemi entreprend d’inquiétantes constructions au Nord-Ouest de la France. Il explore immédiatement les régions concernées, et découvre l’infrastructure de lancement de l’arme V1 pointée sur Londres.

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