Le collège français de Berlin (fondé en 1689)

En cette année 1998 de commémoration de l’Edit de Nantes, il faut garder à l’esprit que l’ère de paix religieuse qu’elle inaugurait, ne durerait pas un siècle : 87 ans exactement.

La Révocation survient en octobre 1685 ; trois semaines plus tard, en réponse, le grand-électeur de Brandebourg-Prusse signe l’Edit de Potsdam, dont 5000 exemplaires en français circulent rapidement dans le royaume de France. Il offre aux réformés français le droit de vivre selon leur conscience et les moyens matériels d’exercer ces droits au Refuge de Brandebourg-Prusse.

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Le collège royal et l’académie protestante de Nîmes aux xvie et xviie siècles

Le 31 janvier 1998 s’est tenu à Nîmes un colloque organisé par la Société d’Histoire du protestantisme de Nîmes et du Gard. C’est, à notre connaissance, le premier de toute une série en cette année largement consacrée au quatrième centenaire de l’édit de Nantes et à ses conséquences.

Onze communications cernent, à l’instigation du pasteur Roger Grossi, les divers aspects du sujet. Le cadre historique général est posé par la première : « Nîmes en ce temps là ». Plus précisément quatre conférences évoquent l’institution : « Les Académies protestantes en France aux XVI° et XVII° siècles », « La vie du Collège de Nîmes », « La vie de l’Académie de Nîmes » et « Esquisse de 130 années d’une histoire agitée » (c’est la durée même de cette entreprise universitaire, depuis la création du Collège et de la Faculté des arts vers 1540, la Faculté de théologie suivant vingt ans plus tard). Certaines personnalités sont présentées, qui jouèrent à l’époque un rôle important, tels Jean de Serres, le frère d’Olivier, et Jérémie Ferrier, le pasteur apostat. Sur le plan théologique une question intéressante est soulevée, « A propos du cheminement des idées de Luther jusqu’à Nîmes, et du rôle du Carrefour Rhénan ». Toutes ces idées, tous ces dévouements, tous ces espoirs permirent à notre institution de vivre pratiquement jusqu’aux approches de la Révocation de 1685 : donc 130 ans. Mais l’ampleur des difficultés et des attaques, conduisant à l’échec final, est clairement exposée dans deux études sur « La contre-réforme nîmoise et l’Académie » et sur « Les derniers feux de l’Académie : du mi-partiment à la clandestinité ». Cependant elle ne meurt pas tout à fait : une communication évoque en effet « Le Collège Français de Berlin (1689), lointain héritier de l’Académie de Nîmes ».

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Bergerac en Périgord, Amsterdam sur les bords de la Dordogne « Du pays des rivières au pays des canaux »

Il s’agit de l’histoire vraie, bien qu’un peu romancée, de la famille Boissevain, celle de la mère de l’auteur. Le récit couvre environ 250 ans et neuf générations. Mon premier héros naît au bord d’une rivière, la Dordogne, près de Bergerac, en Périgord. Son père et son grand-père étaient déjà huguenots, mais après la Révocation de l’Edit de Nantes, en 1685, sa vie étant en danger, il s’enfuit. Un bateau le dépose à Amsterdam, la ville des canaux – d’où le titre du livre.

Dépourvu de tout, il est recueilli par l’église wallonne, l’église protestante de langue française d’Amsterdam. Il survivra en donnant des leçons. Si pauvre qu’il soit, il prendra l’initiative de s’unir à des compatriotes pour venir en aide à d’autres huguenots âgés, malades ou infirmes. Marié avec une réfugiée française, il fonda avec elle un orphelinat. Plus tard, nous voyons un autre descendant voler au secours de malades, lors de l’épidémie de choléra, d’autres encore s’occuperont du premier asile pour aveugles.

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Un étonnant chassé-croisé

Un immigrant allemand
Le départ des huguenots

Je voudrais vous parler aujourd’hui d’un étonnant chassé-croisé dont personne, jusqu’ici, ne s’était soucié : un curieux échange de protestants français contre des protestants allemands.

On connaît la politique coercitive de Louis XIV vis à vis des réformés, qui, de plus en plus brimés, tracassés, exclus d’un nombre croissant de professions, préféraient très souvent s’expatrier. Le mouvement ne fit que s’amplifier avec la persécution violente : à partir de 1680, un véritable flot d’émigrants, avec familles, armes et bagages franchit les frontières terrestres et maritimes de la France, cherchant à gagner l’un des pays du Refuge : l’Angleterre, la Hollande, le Danemark, la Suisse. Mais c’est surtout en Allemagne, dévastée par la Guerre de Trente ans, que cette main d’œuvre qualifiée était appréciée. Les princes protestants se l’arrachaient. Par des édits et proclamations rédigés en français, ils promettaient aux Huguenots – en plus du libre exercice de leur culte – aide à l’installation, protection, dispense de taxes et d’impôts, chacun faisant de la surenchère … et beaucoup de ces derniers en profitaient.

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Philippe de Mornay, seigneur du Plessis-Marly, dit Duplessis-Mornay

Duplessis-Mornay
Duplessis-Mornay
En juin dernier, notre Comité a pu visiter, au Sud de Rochefort en Yvelines, le Château du Plessis-Marly, devenu le Plessis-Mornay depuis que Philippe Mornay y avait établi sa demeure familiale en Ile-de-France. C’est pourquoi je vais évoquer aujourd’hui la noble figure de ce grand ministre protestant du Roi Henri-le-Grand.

Le père de Philippe de Mornay était Seigneur de Buhy, près de Magny-en-Vexin. Mais comme il était le cadet, il reprit le titre de sa mère Françoise du Bec-Crespin, Dame du Plessis-Marly.

Particulièrement doué, le jeune Philippe de Mornay entreprit à seize ans, à travers l’Europe, de studieux séjours qui confirmèrent son goût pour la théologie et la controverse. De retour à Paris en 1572, il présenta à l’Amiral Coligny un rapport sur l’état des Pays-Bas qui le fit remarquer.

Echappé du massacre de la Saint-Barthélémy, c’est à Sedan, en 1575, chez le Duc de Bouillon, qu’il rencontra une autre réfugiée pour cause de religion : Charlotte Arbaleste et l’épousa.

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