Jeanne d’Albret et La Rochelle (Lettre 69)

par Didier Poton de Xaintrailles (président du Musée rochelais d’histoire protestante)

Portrait de Jeanne d'Albret (Ecole de Clouet)Jeanne d’Albret quitte Nérac le 6 septembre 1568 avec ses deux enfants, Henri et Catherine.
Elle est âgée de 41 ans. Elle est veuve. Son époux Antoine de Bourbon est mort, revenu au catholicisme, en 1562.
A un émissaire de Catherine de Médicis l’interrogeant sur les motifs de ce voyage, elle répond : « Le service de mon Dieu et la vraie Religion », « Le service de mon roi et l’amour de notre patrie la France », La défense des droits « d’une race si illustre que celle des Bourbons, tige de la fleur de lys ».
Elle arrive à La Rochelle le 28 septembre. Les échevins l’accueillent. La Rochelle a rallié la Cause il y a peu de temps avec l’élection de son premier maire protestant.
Elle y retrouve Coligny, Condé et la plupart des chefs du parti huguenot à qui elle présente Henri comme prétendant légitime au trône de France et Protecteur des Eglises réformées du royaume.

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Elie Bouhereau,un médecin érudit rochelais réfugié en Irlande. (Lettre 69)

par Christiane Guttinger

Nombreux furent les protestants charentais contraints de s’exiler pour vivre librement leur foi au XVIIe siècle. Le parcours d’Elie Bouhéreau, est particulièrement intéressant, associé à une précieuse documentation, un journal7 et une abondante correspondance.

Fils unique d’un pasteur réformé portant le même nom8, Elie Bouhéreau nait à la Rochelle en 1643. Sa mère, Blandine Richard, prématurément veuve, possédait des marais salants à Saint-Martin en Ré, ce qui lui assurait une certaine aisance et permit à Elie de faire ses études à l’Académie protestante de Saumur,

Se destinant tout d’abord à devenir pasteur, il suit les cours de rhétorique, lettres classiques, philosophie, logique et, pour la théologie, est l’élève de Moïse Amirault, un des théologiens les plus réputés de l’époque.

Il entretient dès lors des relations épistolières avec des érudits réformés, parmi lesquels Valentin Conrart, à qui Richelieu demanda de rédiger les statuts de l’Académie française dont il fut le 1er secrétaire, avec des pasteurs de Genève9 ; et le pasteur-poète Laurent Drelincourt, fils de Charles, pasteur à Charenton.

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LOURMARIN,village vaudois puis protestant (Lettre 69)

par l’association des Vaudois du Lubéron.

Les nombreux touristes qui se pressent toute l’année dans ce beau village, au coeur du Luberon, ignorent dans leur grande majorité tout du passé de ce village ; ils ne peuvent manquer cependant de s’interroger sur celui-ci en admirant son temple majestueux posé au pied de son imposant château Renaissance, ou en découvrant à proximité de la place Barthélémy le tombeau de la famille Savournin, ou encore au fond d’une terrasse de restaurant celui de la famille de Girard, qui donna à la France le célèbre inventeur.
Ces monuments indiquent au voyageur averti qu’il subsiste ici une présence protestante.

L’association d’études vaudoises et historiques du Luberon, appelée plus communément AEVHL a voulu avec le livre « Lourmarin, traces d’Histoire » donner à ceux qui désirent en savoir davantage les clés pour comprendre cette présence.

Le livre nous présente donc, à travers l’histoire du village, celle de l’implantation, à partir de la fin du XVe siècle, d’une communauté vaudoise dans le Luberon.
Mais qui sont ces vaudois ? Minorité religieuse issue de l’église catholique, les vaudois, autrement appelés « pauvres de Lyon » doivent leur nom à un certain Vaudès, originaire de cette ville, qui osa affronter la hiérarchie catholique, proposant une stricte lecture de la Bible et un contact direct entre Dieu et les hommes, sans l’intermédiaire d’un clergé qu’il jugeait corrompu. Les fondements de son mouvement en font, pour certains exégètes, un des précurseurs du protestantisme.

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Nouvelles du Protestantisme Français. (Lettre 69)

Le 1er juillet 2022 ont débuté les mandats des pasteurs Christian Krieger, à la présidence de la Fédération protestante de France – précédemment président de l’Église protestante réformée d’Alsace et de Lorraine (EPRAL) et vice-président de l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine (UEPAL) – et Jean-Raymond Stauffacher, au secrétariat général de la FPF. Ce dernier, ancien président de la Commission permanente de l’Union nationale des Eglises protestantes réformées évangéliques de France (UNEPREF), a oeuvré à développer des liens avec plusieurs Eglises réformées en Europe ou dans le monde, en particulier en Hollande, aux USA ou au Brésil, et élu au bureau de la Coordination évangélique de la Fédération protestante qui rassemble les unions d’Eglises évangéliques membres de la Fédération protestante. Son dernier poste était celui de pasteur de la paroisse de de Montpellier, son épouse étant pasteure à Ganges.

Depuis juillet, le pasteur Guillaume de Clermont a succédé à Christian Galtier, directeur pendant 22 ans de la Fondation John Bost à La Force (Dordogne), perpétuant cette institution sanitaire et médico-sociale protestante à but non lucratif créé en 1848 par le pasteur John Bost. La Fondation est associée à la SHPVD (Société de l’Histoire du Protestantisme dans la Vallée de la Dordogne), centre d’archives et bibliothèque, animé par un groupe de bénévoles, en mettant à disposition des archives qui constituent une source importante sur l’histoire de la médecine psychiatrique dans les établissements de la Fondation.

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Nouvelles des Sociétés Huguenotes de l’Etranger. (Lettre 69)

Nous apprenons avec tristesse le décès du secrétaire général de la Fondation huguenote des Pays-Bas, François Carpentier-Alting, né en Indonésie (Bandung) en 1942, qui entreprit des recherches généalogiques sur les pas de ses ancêtres originaires de Normandie : une petite-fille de Jean Carpentier, réfugiée en Hollande vers 1700, épousa à Leyde le pasteur Johannes Alting, dont une branche très active s’implanta à Bandung (Indonésie). François Carpentier-Alting avait fondé, en 1975, la Société huguenote des Pays-Bas avec Mme Rie Du Corbier et son neveu Hans Du Corbier.
L’Eglise française de Bâle organise un colloque le 12 novembre 2022 pour le 450e anniversaire de sa fondation en 1572, plus ancienne Eglise française, créée par les réfugiés huguenots, l’année même de la Saint Barthélemy.
Mrs Katrina Matthews a pris la succession de Barbara Julien à la présidence de la très dynamique, Huguenot Society of Great-Britain and Ireland qui a mis à profit les confinements en développant sa communication électronique par son site, son blog, zoom, et a repris ses conférences en présentiel le 16 mars avec l’intervention du Dr Ian Stone, Huguenots, Whigs and the remodelling of the Masons’ Company. Dans le Huguenot Society Journal, vol.34, 2021, signalons, entre autres, un très intéressant article de Philip Mansel sur « The Huguenots, Louis XIV and the courts of Europe : from Westminster to Dresden » allant à l’encontre de leur réputation de républicains hostiles à la monarchie : Louis XIV s’entoura de quelques protestants, et des huguenots servirent des princes catholiques à l’étranger.
La Section irlandaise affermit ses liens avec la cathédrale St Patrick de Dublin (service annel le 14 octobre 2022) et la bibliothèque Marsh (conférence sur Elie Bouhéreau, son premier bibliothécaire).

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Bibliothèque huguenote (Lettre 69)

La Librairie Calvin a renforcé son site et ses services par internet, www.librairiejeancalvin.fr et a ouvert une nouvelle librairie à Rennes, rue d’Argentré (Alès 04.66.86.16.61 – Paris 01.42.45.07.44 – Cholet 02.41.58.01.17) – Patrick CABANEL et André ENCREVE (sous la direction de), Dictionnaire biographique des protestants, tome 1 (ABC), tome 2 (E à G) – Le … Lire la suite

La Fontaine à Paris et ses relations protestantes.(Lettre 68)

par Christiane GuttingerAffiche de l'exposition

Le 4ème centenaire de la naissance de Jean de La Fontaine est cette année, particulièrement célébré en sa ville natale de Château-Thierry où une exposition au temple évoque plus particulièrement ses relations avec le protestantisme.

La Fontaine, se destina à 20 ans à la carrière religieuse, il entra chez les Oratoriens à Paris, congrégation enseignante née de la Contre-Réforme, fondée par le père Pierre de Bérulle, qui avait parfaitement assimilé les principales revendications des protestants. Ils éduquaient ainsi une élite de prêtres à la morale irréprochable, de haut niveau intellectuel et théologique dans le but d’obtenir des abjurations et des reconversions au catholicisme par la persuasion, et non par la violence.

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Catherine de Médicis vue par Céline Borello (Lettre 68)

Portrait en première de couverture de Catherine de MédicisCatherine de Médicis est une des grandes figures féminines du XVIe siècle européen. Né à Florence en 1519, elle est descendante d’une des plus riches familles italiennes dont la puissance a été forgée sur le négoce et la banque. Et c’est son nom qui lui permet de s’unir en 1533 à la maison des Valois.

Son destin est remarquable pour le temps car elle est au-devant de la scène politique dans une période de l’histoire de France particulièrement mouvementée : celle des « guerres de Religion ». Cette succession d’affrontements entre catholiques et protestants, qui créent un climat d’intolérance et de violence réciproque, est le quotidien de Catherine, veuve depuis 1559 du roi Henri II. Son fils ainé est alors trop jeune et elle devient régente puis conseille ses enfants majeurs, Charles IX puis, à sa mort, Henri III.

Cette biographie s’attache principalement à revisiter de manière synthétique, le mythe d’une Catherine de Médicis empoisonneuse, assoiffée de pouvoir et de violence en présentant les avancées de la recherche sur l’histoire des femmes de la Renaissance ou sur les guerres de Religion. Pour saisir cette personnalité foisonnante, un parcours en quatre temps est proposé.

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1721-2021 : Célébrations du tricentenaire de la mort du pasteur vaudois Henri Arnaud (Lettre 68)

D’après un article de Davide Rosso, directeur de la Fondation Centre culturel vaudois

 

Trois cents ans se sont écoulés depuis la mort d’Henri Arnaud, colonel et pasteur, qui dirigea la « Glorieuse rentrée », en 1689. Après deux années d’exil forcé en Suisse, il ramena ces Vaudois dans leurs vallées, reconquérant ainsi le droit de vivre sur leurs terres en pratiquant une confession religieuse, autre que celle du Duc de Savoie.

 

La vie d’Henri Arnaud, né à Embrun en 1643 et mort à Schönenberg, en Allemagne, en 1721, est évoquée à Torre Pellice par une exposition[1] conçue par Davide Rosso, directeur de la Fondation Centre culturel vaudois, à travers les images et les estampes produites depuis trois siècles. « La réception de l’histoire d’Arnaud, nous rappelle-t-il, est assez significative parce qu’elle permet d’évoquer les différentes interprétations de l’histoire vaudoise et européenne au XVII siècle », adaptée par chacun à son époque, à travers les historiens français et vaudois, les illustrateurs anglais, italiens et hollandais[2]

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La Saga des Brunhoff et Babar l’éléphant (Lettre 68)

par Christiane Guttinger

 

1ere de couvertureDans notre imagination, le nom de Brunhoff est associé à Jean de Brunhoff, l’auteur de Babar, mais un livre récent, d’Yseult Williams, « La splendeur des Brunhoff », nous fait découvrir toute une famille protestante d’origine aristocratique allemande et alsacienne, pleine de talents innovants, qui, dans les années vingt, fut à la pointe de la mode parisienne, de la presse et de l’édition illustrée par des photos et les croquis d’artistes.

Ida (1838-1906), la grand-mère, arrivée à Paris quelques années avant l’invasion prussienne, profite de la disparition des archives de l’Etat-civil dans l’incendie de la Commune pour, en cette époque germanophobe, franciser ses origines (et se réfère à une origine suédoise, par un enfant naturel d’Oscar Ier, roi de Suède et de Norvège). Elle inscrit son fils à l’école sous le nom de Maurice (Wiesbaden 1861-1937) et non Moritz.

Maurice, ingénieur diplômé de Centrale, épouse Marguerite Meyer-Warnod, fille d’Alsaciens patriotes réfugiés à Paris. Il se lance dans l’édition, introduit la quadrichromie, et remporte en 1900 le Grand prix pour le Catalogue de l’exposition de Paris. En 1902, il créé sa propre maison d’édition « M. de Brunhoff Cie éditeurs imprimeurs » (basée 1, av de l’Observatoire), et monte une filiale à New-York (30 La Fayette Place) qui édite une Bible illustrée par James Tissot. Il lance en 1908 la revue, « Comoedia illustré[1] » dédié aux arts de la scène, faisant connaître les ballets russes, aux costumes dessinés par Bakst, par des articles signés Cocteau et Apollinaire…

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