Nouvelles du protestantisme français (Lettre62)

A propos de Ligier Richier, à qui nous avons consacré une émission (Lettre 61), Mme Françoise Ageron (Patrimoine huguenot d’Ardèche) nous communique une précision : la petite fille de Ligier Richier, fille de Bernardine Richier, Marguerite Godart ou Godary, du nom de son père Pierre (1545-1598), ingénieur exilé à Genève, épousa le 25 avril 1569 à Genève Jean de Serres (1540-1598) pasteur, et frère d’Olivier de Serres (Villeneuve-de-Berg, 1539-1619) dont on commémore en 2019 le quatrième centenaire.

La visite de l’exposition « Mésha et la Bible, quand une pierre raconte l’Histoire » montée à l’initiative du professeur Thomas Römer, au Collège de France, du 15 septembre au 19 octobre 2018, retraçant l’épopée de la découverte de la stèle de Mésha (musée du Louvre) et soulignant l’importance de ce texte confronté au récit biblique, a également permis, le 15 octobre, sous la houlette des bibliothécaire, archiviste et personnel de l’institution, à un petit groupe des Amitiés huguenotes, une découverte un peu plus complète du Collège de France. Sa fondation par François 1er et sa sœur Marguerite de Navarre, favorisant l’étude des langues anciennes et l’humanisme, est évoquée par les grands tableaux historiques de la salle des professeurs et les bustes des premiers professeurs dont Vatable et Ramus.

Chromo publicitaire reproduisant la grande composition du peintre Guillaume chromo publicitaireGillon-Lethière (1760-1832), fils d’une esclave guadeloupéenne, prix de Rome 1784, premier mulâtre à faire une carrière officielle dans la peinture française, il a entre autres peint une Expulsion des huguenots)

Précédée de deux journées d’étude, consacrées à « La réception de Luther en France et en Europe, et les origines de la Réforme », les 12-13 novembre 2018, à l’Institut protestant de théologie et la Bibliothèque Mazarine, 23 quai de Conti, Paris 6°, celle-ci présente une exposition coorganisée avec la SHPF, intitulée « Maudits livres luthériens 1518-2018 : 500e anniversaire de la Réforme en France ». Les œuvres de Luther arrivent à Paris en 1518 sous la forme d’un recueil de textes publié à Bâle, circulent dans tout le royaume, réimprimées, traduites, suscitant aussi condamnations et destructions. L’Index des livres interdits est créé en 1544. Le livre et l’imprimerie deviennent acteurs et témoins privilégiés du renouvellement des idées ; maudits, « hérétiques », ils mènent à l’exil et au bûcher. Marianne Carbonnier, vice-présidente de la SHPF, propose une visite commentée de l’exposition, réservée aux membres des AmHI, le 6 février (inscription obligatoire auprès du secrétariat des AmHI sur contact@huguenots.fr).

Au désespoir des chercheurs, la bibliothèque de la SHPF (Société de l’histoire du protestantisme français) est fermée pour six mois afin de procéder à de grands travaux de réaménagement rendus indispensables dans les magasins en sous-sol qui ne répondaient plus à de bonnes conditions de conservation de ce précieux ensemble de plus de 80 000 livres et 25 000 manuscrits et d’archives concernant toute l’histoire du protestantisme en France et à l’étranger, ainsi que la généalogie. Afin de préserver cette mémoire du protestantisme, une collecte est organisée (dons en ligne bénéficiant d’avantages fiscaux par le site shpf.fr ou chèques adressés directement à la SHPF, 45 rue des Saints-Pères, 75007 Paris, ou par le biais de la Fondation du Patrimoine). Le réaménagement permettra aussi d’augmenter les capacités linéaires et favoriser les dons d’archives et documents familiaux complétant la mémoire collective réformée.

Du fait des travaux, les conférences ne pouvant se tenir temporairement à la bibliothèque de la SHPF, un partenariat a été établi avec la Bibliothèque de l’Institut de France (23 quai de Conti, Paris 6°), pour une petite exposition et un cycle de conférences, sous le label « Un moment protestant de l’Institut. Le concours de l’an X sur la réformation de Luther », avec des interventions à 18h, de Patrick Cabanel, Barbara de Negroni, André Encrevé (24 janvier : Les protestants de l’an X), Brigitte Krulic (7 février : Luther « le Chérusque », héros fondateur de l’imaginaire national germanique) et Willem Frijhoff (21 février : La communauté des négociants néerlandais à Rouen face aux divisions religieuses).

Le prix François Guizot-Institut de France a été remis le 8 octobre à Olivier Grenouilleau pour son ouvrage  La révolution abolitionniste (Ed. Gallimard) évoquant le long combat de cette cause et le rôle joué par François Guizot. Ce prix, créé en 2013, couronne tous les deux ans un ouvrage d’histoire, sous le patronage des trois académies dont Guizot était membre, et l’Association François Guizot qui regroupe des descendants de l’homme d’Etat. Il s’inscrit dans la continuité du Prix Guizot du Conseil général du Calvados (1993-2012).

L’exposition Alberto Giacometti au musée Maillol, jusqu’au 20 janvier a montré l’évolution de l’art d’Alberto Giacometti qui, délaissant l’influence des –ismes de ses débuts, poursuit par un style propre teinté d’ascétisme. Filiformes ses silhouettes dégagent une grande force comme L’homme debout, en marche→ Témoignage d’un protestant suisse ?

« 1534… La guerre de religion n’aura pas lieu », drame en 5 actes de Jean-Jacques Néré, mis en scène et interprété par la Troupe des deux vallées, membre de l’association culturelle de l’EPU de Palaiseau, fondée en 1988, qui comporte actuellement 10 acteurs, s’est produit dans plusieurs paroisses. L’intrigue se situe à Amboise où le pape Clément VII et Gérard Roussel, confesseur de Marguerite de Navarre, sœur de François Ier, tentent un compromis pouvant convenir aux « réformistes » qui aurait pu éviter un affrontement sanglant…

« Théâtre du pouvoir. Le temps du Béarnais » : une exposition au Musée national et domaine du château de Pau (17 octobre 2018 – 14 avril 2019) met l’accent sur la politique de l’image développée au long de son règne par Henri IV, le mettant en scène en guerrier, héros, divinité antique ou bon père de famille avec son héritier, légitimant la nouvelle dynastie des Bourbons. La figure mythique du «bon roi Henri», est reprise fin XVIIIe s par Louis XVI puis sous la Restauration (1815-1830) développée par la production artistique et littéraire.

Photo d'une statue d'Henri IVStatue d’Henri IV, couronné de lauriers, portant les colliers du Saint-Esprit et de Saint-Michel, en armure et manteau fleurdelysé, tenant le bâton de commandement, les gantelets de ses ennemis à ses pieds par Pierre de Franqueville (1548-1615)

Le dimanche 4 novembre, le pasteur Antoine Waechter, aumônier en chef de l’Aumônerie protestante aux Armées, et le président de la FPF, le pasteur François Clavairoly, ont célébré la Journée du souvenir 1914-1918, par un culte au temple de l’Eglise évangélique baptiste du 123 av. du Maine (75014), et la présentation de l’exposition « Les aumôniers protestants pendant la grande guerre » par Jacques Richard, président du Comité mémoire de l’aumônerie protestante aux Armées, suivi de la cérémonie du ravivage de la flamme sous l’Arc de triomphe. Cette exposition de panneaux est actuellement présentée 47 rue de Clichy.
L’intervention du Sergent-major de l’Armée du Salut, Marc Muller, historien de l’histoire salutiste, sur l’action de l’Armée du Salut durant la Première Guerre mondiale et celle des « donuts girls » américaines est diffusée dans un documentaire sur https://www.arte.tv/fr/videos/078727-180-A/invitation-au-voyage/ ou sur Youtube : https://youtu.be/_Es-q59Spo0

Un de nos administrateurs, Edgar Soulié, nous signale la personnalité première de couverture du livre 'Guillaume Le Nautonierméconnue de « Guillaume Le Nautonier (1557-1620) ministre du culte, astronome, géographe du roi » publiée par son descendant Marc VENE, (Ed. La Duraudie (305 p. sd. 1993). Wikipedia consacre une notice à ce précurseur dans l’histoire de l’électro-magnétisme : « son ouvrage majeur, Mécométrie de l’aimant, c’est-à-dire, la manière de mesurer les longitudes, de l’invention de Guillaume le Nautonier de Castelfranc, édité en plusieurs langues, qui fait de son auteur un précurseur du géomagnétisme, est un classique de la navigation appliquée. La première partie est dédiée à Henri IV, roi de France, la seconde, à James Ier, roi d’Angleterre, et la troisième à Maximilien de Béthune « Chavaillier, Baron de Rosny, Grand maistre de l’artillerie, surintendant des fortifications de France ». Cet ouvrage, très apprécié, lui a valu une pension de 1 200 livres du roi Henri IV, en 1609, et d’être nommé géographe ordinaire du roi. Il avait obtenu des lettres patentes portant licence d’imprimer et privilège de vendre La Micrométrie en date du 15 octobre 1601. La réalisation de l’impression du livre au château de Lourmarié avec des caractères appartenant à l’auteur a duré au moins deux années. Il a vendu la presse, les 50 000 caractères, les outils et meubles utilisés aux consuls de Castres en 1604. Il fut utilisé, à partir de 1603, par Samuel de Champlain pour ses travaux cartographiques en Nouvelle-France. » Une bonne partie du livre est consacrée aux conflits entre des protestants proches de Guillaume Le Nautonier, des autorités (Parlement de Toulouse) et catholiques. Les activités de Guillaume Le Nautonier en tant que pasteur sont aussi décrites.

Le Musée virtuel du protestantisme, créé au sein de la fondation Eugène Bersier, a fêté ses quinze ans. Enrichi au fil des années, il est devenu une référence incontournable pour tous ceux qui s’intéressent au protestantisme par le biais de ses multiples entrées historiques, biographiques, iconographiques, thématiques, et des parcours spécifiques destinés en particulier aux collégiens. En témoignent les 50 000 visiteurs comptabilisés tous les mois, dont 40 % de non francophones grâce aux traductions en anglais et allemand.

La maison John et Eugénie Bost organise du 25 au 27 mars, à La Force (Dordogne), un colloque intitulé « L’art brut existe-t-il ? Renseignements et inscriptions sur le site https://maisonbost.com/art-brut – tel.05 53 22 25 59.

« Ex Bibliotheca. Les livres retrouvés de l’Académie protestante de Saumur », une exposition à la Médiathèque Louis Aragon du Mans (19 octobre 2018 au 19 janvier 2019) a retracé l’histoire de l’académie fondée en 1599 par Philippe Duplessis-Mornay. Supprimée par Louis XIV en 1685, dix mois avant la révocation de l’Édit de Nantes, sa bibliothèque fut saisie puis vendue. Un livre de Louis Cappel, théologien majeur de la première moitié du XVIIe siècle, retrouvé à la médiathèque du Mans fut à l’origine d’une recherche menée par Thomas Guillemin (Université d’Angers) qui aboutit cette exposition : cahiers d’étudiants, livres de prix, pièces d’archives, ouvrages des plus illustres professeurs de l’Académie – John Cameron, Louis Cappel, Moïse Amyraut, Tanneguy Le Fèvre, William Doull.

Le pasteur Robert Martel applique l’expression « objets qui parlent » en matière de patrimoine historique, à rapprocher de la découverte récente d’une cloche protestante à l’église catholique de Bourcefranc (Canton de Marennes). Cette cloche fondue en 1603, porte l’inscription  » JE SUIS ESTE FAICTE POUR SERVIR A L EGLISE REFORMEE DE SAINCT JUST ». Des documents attestent de la construction de ce temple édifié en 1604, long de 14 m, doté d’un campanile et détruit en 1684, mais on ignore les circonstances et la date de son installation dans le clocher catholique ! Le livre récent de Muriel Hoareau, Louis-Gilles Pairault et Didier Potton, Huguenots d’Aunis et de Saintonge XVIème -XVIIème siècle, (Ed. Le Croît vif, 2017) documente justement l’établissement de nombreuses communautés protestantes en Aunis et en Saintonge (actuelle Charente-Maritime), dès les années 1550.

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