Elie Faure, médecin et critique d’art lettre 59)

portrait d'Elie FaureEn juin et juillet, la ville de Sainte-Foy-la-Grande ( en juin sous l’égide de l’association Cœur de bastide et du Musée du pays foyen, en juillet à l’Hôtel-de-Ville de Sainte-Foy.), en Dordogne, va accueillir, après Paris(début avril 2017 à la mairie du 6eme arrondissement), une très intéressante exposition sur le célèbre historien de l’art Elie Faure. C’est son arrière petite fille, Juliette Hoffenberg qui, 80 ans après sa disparition, la présente avec un catalogue passionnant [aux éditions Somogy,] Elie Faure, Une collection particulière.

Cette exposition nous permet d’évoquer cette forte figure et sa famille.

Elie Faure est le petit-fils du pasteur de l’Eglise libre d’Orthez, Jacques Reclus. Ce pasteur aurait été particulièrement sévère. On rapporte ainsi qu’il enfermait ses enfants fautifs et leur faisait la lecture de la Bible huit heures d’affilée ! Par réaction peut-être, ses enfants ont mis toute leur ferveur à l’avènement d’une société laïque, fondée sur des principes communautaires.

En ce sens, Elie Faure doit beaucoup à ses oncles maternels, les cinq frères Reclus : Paul, le chirurgien ; Armand, l’ingénieur ; Onésime, le géographe ; Elie, l’ethnologue [et son parrain] ; Elisée, le célèbre anarchiste et l’auteur de la Géographie universelle en 19 volumes. Leurs sept sœurs, dont sa mère Zéline, ont leur brevet d’institutrice, connaissent le latin et l’anglais.

Du côté Faure, les ascendants sont cultivateurs ou vignerons dans la vallée de la Dordogne ; son père marchand de biens à Sainte-Foy-la-Grande où Elie Faure nait en 1873. Après le collège protestant de Ste-Foy où enseigne le pasteur Gilard, son futur beau-père, Elie Faure poursuit ses études au lycée Henri IV à Paris, puis à la faculté de médecine(où professe son oncle Paul, et à la suite de son frère aîné Jean Louis qu’il assistera dans la clinique située rue de la Chaise, à Paris dans le 7e arrondissement.).

Parallèlement à la médecine qu’il ne cessera d’exercer, spécialisé dans l’embaumement et l’anesthésie, il fréquente les milieux artistiques et fait œuvre de critique d’art pour le journal de Clémenceau, l’Aurore.

Son Histoire de l’art, toujours rééditée, nait des conférences qu’il donne au sein de l’université populaire « La Fraternelle« . Très originale, elle met en valeur l’art primitif, africain et océanien, l’art rupestre et la peinture pariétale du Périgord, l’Egypte avant l’Hellade dans ses considérations sur l’Art antique. Cette œuvre s’achève en 1913 avec deux tomes sur l’Art moderne.

A quarante ans, médecin militaire pendant la Grande guerre il est d’abord choqué, abasourdi, puis couche ses réflexions dans un livre intitulé « La Sainte Face« .

Homme de science, il s’enflamme pour les débuts de l’aviation, et de manière générale, pour les prouesses techniques. Dans un inédit (« Les trois miracles » texte inédit.), il célèbre ainsi l’invention du moteur, de la photographie, de la radiophonie ; la création industrielle continue, selon lui, le « poème plastique » conçu par l’humanité.

Au fil de voyages lointains et de ses fréquentations artistiques, il constitue une collection éclectique allant de l’Egypte, la statuaire africaine à Soutine.

Elie Faure, écrira son acte de foi peu avant sa mort, en 1937 : « je recommande seulement à mes enfants de conserver et d’accroître cette probité morale –devenue chez moi intellectuelle – qui est le legs le plus précieux que m’ait laissé mon père ».

 

par Denis Carbonnier

Chronique mensuelle des Amitiés huguenotes internationales (anciennement Comité protestant des amitiés françaises à l’étranger) diffusée sur France Culture, à 8 h 55, le 4 juin 2017.

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