Nouvelles des sociétés huguenotes de l’étranger (Lettre 58)

Le 500e anniversaire de la Réforme sera célébré dans le monde entier. Par exemple, un « Camion de la Réforme » parti de Genève, sillonne toute l’Europe, avec des escales entre l’Italie et la Roumanie, en Finlande, en Irlande afin de mieux faire connaître ces 5 siècles d’histoire.

Statue de Martin Luther à Wittenberg

Le Kirchentag protestant allemand se déroulera du 24 au 28 mai 2017 à Berlin et Wittenberg. Il revêtira une signification particulière pour célébrer les 500 ans de Réforme en Allemagne, en Europe et dans le monde entier, sous l’angle du dialogue interreligieux, international et d’un Forum de la société civile, au-delà d’un événement d’Eglise. L’avenir des 500 prochaines années du protestantisme sera aussi au cœur de la réflexion. La Fédération protestante de France y tiendra un stand où le Musée virtuel du protestantisme français y fera une présentation des musées du protestantisme français.

La 50e journée huguenote de la Deutsche Hugenotten-Gesellschaft aura lieu à Magdebourg du vendredi 23 au dimanche 25 juin 2017. La ville de Magdebourg a été un haut-lieu de la Réforme luthérienne lié à une histoire passionnante. Au programme de ce week-end huguenot, des conférences sur les réfugiés réformés (huguenots, palatins, wallons), sur les relations de Calvin avec la Réforme en pays germanique, des informations généalogiques, des rencontres conviviales, une soirée Psaumes (à écouter et à chanter), un culte le dimanche matin. Pour un programme plus détaillé et les renseignements sur les modalités de participation, contactez par courriel : christina.griffiths@gmx.net.

Le monde huguenot rend hommage à James Randolph Vigne, décédé en juin 2016 à Canterbury. Descendant de huguenots établis comme horlogers à Bath, Dublin et Londres entre 1740 et 1820, il était né en Afrique du Sud, en 1928. Il s’opposa activement à l’apartheid, s’établit en Grande Bretagne où il devint un des plus éminents spécialistes mondiaux du Refuge et de la diaspora huguenote, présida un temps la Huguenot Society of Great Britain and Ireland, et publia de nombreux articles et ouvrages.

 

La Huguenot Heritage qui, fondée à New York par John Strang, n’avait plus de local depuis la disparition de son fondateur, vient de se rapprocher du village-musée Historic Huguenot Street de New Paltz (www.huguenotstreet.org) dans l’Etat de New York dont John Strang fut un des principaux mécènes. Le rapprochement de ces deux institutions permettra de préserver l’importante collection et la vision de J. Strang qui chercha à valoriser et faire connaître l’héritage huguenot à travers son histoire, ses hommes célèbres, leurs œuvres et la transmission d’un certain savoir faire spécifique attaché à leur culture.

 

Le dernier numéro de Huguenot Heritage consacre un article à Elias Pelletreau, orfèvre huguenot à Long Island (1726-1810) descendant d’une famille Saintongeaise émigrée à Southampton (US), formé auprès de l’orfèvre huguenot Simeon Soumaine, installé au sud de Manhattan. Ses pièces d’argenterie de tradition huguenote privilégient les chopes, sucriers, pots à crème, marqués EP dans un rectangle de Pelletreau, et sont documentées par ses livres de compte (thèse de Dean Frederick Failey). Certaines pièces sont exposées à Southampton, dans son atelier restauré, utilisé de nos jours par un bijoutier français. Une exposition lui est consacrée en janvier-février 2017 à New York, puis en septembre 2018 au Long Island Museum associée à Paul Revere (1735-1818), ces deux orfèvres huguenots étant également héros de la guerre d’indépendance américaine. Paul Revere à Boston fut un des premiers à organiser la fabrication d’objets à grande échelle, au niveau manufacturier, créant en 1790 une fonderie de cuivre produisant de beaux ustensiles de cuisine. La production d’argenterie huguenote tant en Angleterre qu’aux Etats-Unis a suscité un grand engouement et est toujours très recherchée.

 

La National Huguenot Society américaine a publié dans The Huguenot Cross du printemps 2013, un article sur la restauration des vitraux de la Washington Memorial Chapel de Valley Forge (Pennsylvanie). Cette chapelle de style néogothique dédiée à George Washington, élevée entre 1912 et 1921, est ornée de 13 vitraux, évoquant la fondation des 13 Etats américains. Ce programme avait été élaboré par le Rev. W. Herbert Burk et réalisé par un maître-verrier de Philadelphie, Nicola d’Ascenzo. D’autres verrières illustrent l’éphémère colonie huguenote de Fort Caroline en Floride, réprimée par l’espagnol Menendez qui exécuta les prisonniers « non comme français, mais comme luthériens » ; La Fayette pour la Pennsylvanie ; une charte de Joseph Blake, gouverneur de Caroline du Sud, favorable à l’établissement de huguenots en 1697. George Washington, considéré comme l’un des Pères fondateurs des Etats-Unis descendait du huguenot rétais Nicolas Martiau, arrivé en Virginie à bord du Francis Bonaventure en 1620, cinq mois avant le Mayflower. La famille avait mis en valeur de grosses plantations dont le domaine de Mount Vernon où La Fayette rentra en contact avec lui pour lui proposer son aide.

 

« A New Tapestry : Australian Huguenot families » : Robert Nash, secrétaire général de la Huguenot Society of Australia a édité un second livre consacré à l’histoire des familles huguenotes implantées en Australie du XVIIe au XXIe siècle. Ces familles dont certaines sont devenues célèbres, sont venues lors d’une seconde immigration, via l’Allemagne, la Grande Bretagne, l’Irlande, la Hollande, l’Afrique du sud (demandes d’envoi de l’ouvrage pour l’Europe par courriel à ozhug@optushome.com.au, A$ 74.10 (soit environ 48,20 €) par règlement paypal).

 

L’exposition Un suédois à Paris au XVIIIe siècle. La collection Tessin, présentée jusqu’en janvier au musée du Louvre, et inaugurée en présence de S.M. la Reine Silvia, a mis l’accent sur les échanges franco-suédois. Le comte Carl Gustaf Tessin, ambassadeur de Suède à Paris de 1739 à 1742, s’y constitua une importante collection. Son goût pour l’art lui venait de ses grand-père et père, architectes de la ville de Stockholm et de la cour. Il faut rappeler le rôle des ambassades de Suède à Paris, lieux de cultes luthériens à partir de 1711, desservis par des pasteurs désignés et payés par le roi. A l’époque, le pasteur allemand Mettenius remplit cet office de 1711 à 1742, puis Carl Friedrich Baer, pasteur strasbourgeois bilingue, lui succéda ; l’ambassade était au faubourg Saint-Germain. Janine Driancourt-Girod (Ainsi priaient les luthériens. La vie religieuse, la pratique et la foi des luthériens de Paris au XVIIIe siècle, 1992) n’évoque pas l’ambassade de Tessin… Il mena à Paris une vie peu austère, réprouvée par son père, collectionna peintures et dessins essentiellement français, révélateurs de son côté galant par le choix de Nattier, Watteau, Ferdinand Bol, la nonne dénudée de Martin van Mertens. Il acquit plusieurs Chardin dont la charmante Toilette du matin (1740) évoquant les préparatifs d’une petite fille dont la mère a déjà mis sa cape courte à capuche pour aller au service. Il choisit le peintre Joseph Aved (formé à Amsterdam auprès de Picard) pour faire son portrait, Nattier pour celui de son épouse. Ruiné, il dut vendre sa collection et celle héritée de son père (nordiques et hollandais), dont une grande partie est conservée au Nationalmuseum de Stockholm.

 

A Paris, le musée Jacquemart-André qui possède trois chefs-d’œuvre de Rembrandt : Les Pèlerins d’Emmaüs (1628), le Portrait de la princesse Amalia van Solms (1632), et le Portrait du docteur Arnold Tholinx (1656) a proposé un éclairage original de l’œuvre du maitre flamand avec la récente exposition Rembrandt Intime. Des prêts de peintures, dessins et gravures du monde entier ont permis un accrochage suscitant rapprochements de thèmes ou d’œuvres des mêmes périodes. Un écran faisait défiler une série d’autoportraits montrant l’évolution de son visage au fil de sa vie. Sujet privilégié par introspection narcissique ou privilégié par commodité ? Rembrandt ne se flatte pas et accuse même parfois ses défauts physique. Rembrandt Van Rijn, littéralement  » du Rhin », plus connu de son seul prénom, était le fils d’un meunier protestant de Leyde. Installé à Amsterdam, il épouse Saskia van Uylenburgh, parente d’un marchand d’art. Apprécié pour ses portraits par une riche clientèle, il acquiert la belle maison qui abrite aujourd’hui son musée. Autre volet personnel de son œuvre, l’inspiration biblique axée sur la vie du Christ et des scènes de l’ancien testament peu connues. L’iconographie renouvelée et sa façon de traiter les scènes religieuses révèlent sa sensibilité protestante : une lumière surnaturelle introduit la spiritualité; elle irradie du Christ ou au contraire le traite à contre jour, le clair obscur créant le mystère. Les tableaux religieux ne sont pas de grands tableaux d’église, mais destinés à des intérieurs privés. Le musée de la Maison que Rembrandt habita à Amsterdam 1639 et 1660, agrandi par une extension moderne, présente une reconstitution de la vie quotidienne du peintre, de ses appartements et de son atelier.

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