L’exposition Felix Valloton : le feu sous la glace

Autoportrait de Félix Valloton à la fondatio Félix Valloton à Lausanne
Autoportrait de Felix Valloton

Felix Vallotton, est à l’honneur avec une exposition présentée à Paris, au Grand-palais, jusqu’au 22 janvier 2013. Ne manquez pas cette occasion exceptionnelle d’apprécier l’œuvre conservée essentiellement en Suisse et rarement présentée de façon aussi complète. On peut juste regretter que l’exposition tourne le dos à une présentation chronologique, pour privilégier une thématique freudienne : refoulement et mensonge, regard photographique, érotisme glacé… ce qui influence le visiteur.

Felix Vallotton nait à Lausanne, en 1865, dans une famille protestante suisse, originaire de Vallorbe, dont d’autres membres manifesteront aussi des talents de plume et d’artiste. Son  frère, Paul, dirigera une galerie d’art à Lausanne. Son cousin éloigné, Benjamin Vallotton, père de l’illustratrice de Bible, Annie Vallotton, fut écrivain.

A 17 ans, Felix Vallotton vient faire ses études artistiques à Paris. Il fréquente l’académie Julian, et côtoie le milieu littéraire et artistique, un peu anarchisant, gravitant autour de la Revue blanche.  Il se fait critique d’art pour la Gazette de Lausanne. Proche des symbolistes et des nabis, il poursuit un cheminement très personnel. Il découvre une nouvelle vie à Paris, Le joyeux quartier latin, les scènes de rue et de manifestations qu’il représente avec beaucoup d’humour sous un angle plongeant inspiré de la photographie (il achète son premier Kodak en 1899).

La gravure sur bois est un de ses premiers moyens d’expression. Il en conserve la manière de cerner les contours et une admiration pour Dürer, Holbein et Cranach.

La Manifestation, xylogravure de Félix Valloton

La Manifestation, xylogravure

 

En 1899, il épouse Gabrielle Bernheim, sœur des marchands de tableaux, veuve et déjà mère de trois enfants. Situation pas toujours facile comme en témoigne l’atmosphère tendue du Dîner... Gabrielle est-elle un peu trop mondaine pour son goût ? Vallotton s’isole dans son atelier et règle ses comptes à travers certains tableaux.

Il obtient la nationalité française en 1900. Une grande toile « Le repos des modèles » (1905) symbolise son éloignement de la rigueur protestante de son enfance : elle met en scène deux femmes lascives, à l’arrière desquelles, un miroir reflète le portrait de ses parents accroché à la paroi opposée.

Une atmosphère ambigüe habite souvent ses œuvres. Le Provincial, le Mensonge« , La chaste Suzanne (thème biblique actualisé), accusent une dualité ironique.

Des scènes intimistes évoquent l’influence de ses amis Vuillard et Bonnard. Comme ce dernier, Vallotton peint de nombreux nus familiers, mais la nudité se prête aussi à des interprétations surprenantes, des scènes mythologiques détournées comme Orphée dépecé par des ménades en furie

La Haine peinture de Félix Valloton
La Haine

 

Le couple grandeur nature opposé dans La Haine, offre un écho satanique à l’Adam et Eve de Cranach.

 

 

 

 

La richesse de la palette de Vallotton éclate dans ses paysages, les perspectives aplaties, les vues plongeantes des Andelys ou d’Honfleur, les magnifiques bords de mer aux reflets irisés.

Trop âgé pour combattre, la guerre de 14 lui inspire des paysages désolés et ruinés, et surtout « Verdun ».

Foncièrement indépendant, par son œuvre particulièrement riche, Vallotton occupe bien une place majeure dans la peinture du début du XXe siècle.

 

par Christiane Guttinger :  émission du Comité Protestant des Amitiés Françaises à l’Étranger diffusée sur France Culture, à 7h55, le 1er décembre 2013.

1ere de couverture du roman écrit  par Félix Valloton

Félix Vallotton fut aussi romancier ; son roman La vie meurtrière écrit en 1907-1908, publié après sa mort en 1927, a été réédité par Phebus, Libretto.

 

 

 

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dessin d'Annie Valloton pour l'illustration de la Bible

Notre Comité rend hommage à une grande et fidèle amie,   nièce de Félix, Annie Vallotton, qui vient de s’éteindre, à Sanary, le 28 décembre 2013. Elle a évangélisé avec talent, à sa façon, par ses dessins illustrant la Bible. A raison de 600 dessins par Bible diffusée à des millions d’exemplaires à travers le monde et surtout aux Etats-Unis, elle est sans doute la dessinatrice la plus édité au monde! Discrète, généreuse et bienveillante, elle avait été très active sous l’occupation, ce dont témoignent ses illustrations de La Résistance sous l’Occupation, et C’était au jour le jour, carnets 1939-1944, coécrit avec sa sœur Gritou.

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