Sur les pas de William Penn, de Saumur à la Pennsylvanie

Connaissez-vous Saumur dans le Val de Loire, capitale du cheval depuis que Duplessis Mornay, Affiche  de l'exposition William Penn a Saumur l’ami d’Henri IV, y fonda une académie équestre etWilliam Penn le fondateur de la Penn-sylvanie ?

Depuis quelques mois, à l’arrière du temple réformé de Saumur, une place est dédiée à William Penn. Une plaque rappelle qu’il fut, durant deux ans étudiant à l’Académie protestante de Saumur.

Issu d’une ligné de marins  britanniques anoblis – petit-fils de pirate – et d’une mère fille de marchands hollandais, William Penn est attiré dès l’adolescence par la prédication des quakers … littéralement les trembleurs – qui tremblent à la parole de Dieu – et s’appellent entre eux « Amis ». Ils aspirent à plus de simplicité, à moins de rites et de liturgie, et recherchent un contact direct avec Dieu.

Le père de William, l’Amiral Penn, anglican, méprise cette secte. Il en éloigne son fils alors âgé de 18 ans, l’envoie en France où il est reçu à la cour de Louis XIV puis, en 1662, pour 2 ans à l’Académie protestante de Saumur.

Cette Académie protestante de Saumur dispensa jusqu’à la Révocation de l’édit de Nantes un enseignement de haut niveau en langues anciennes, philosophie et théologie. Elle formait une élite de lettrés, futurs pasteurs et responsables, et attira aussi des étudiants étrangers.

Penn loge chez un de ses professeurs, Moïse Amyraut, qui prône le salut de tout homme à condition qu’il ait la foi… Cette théorie quelque peu opposée à la doctrine de la prédestination de Calvin et l’enseignement de Saumur développent sans doute chez le jeune Penn un esprit critique et d’indépendance, un idéal de tolérance religieuse. Quelques années plus tard (en 1667), il se convertit au quakerisme en Irlande, ce qui lui vaut de connaître quelques cachots dont ceux de la tour de Londres.

A la mort de son père, William Penn hérite d’une fortune considérable et d’une créance qui lui permet de revendiquer auprès du souverain anglais Charles II le droit de fonder une colonie en Amérique. Il achète les terres aux indiens Delaware, signe avec eux un pacte de bonne entente et d’entraide mutuelle, puis fonde en 1682 la ville de Philadelphie, régie par un gouvernement inspiré des préceptes quaker, une « cité de l’amour fraternel« , pacifique et tolérant, soucieux de justice. Les quakers sont incités à fuir les persécutions qu’ils subissent en Europe, et à émigrer sur cette « terre promise« .  Au fil de l’histoire la Pennsylvanie connaîtra les déchirements de la guerre d’indépendance, bien éloignés de l’idéal pacifiste de son fondateur, mais ses actes inspireront toutes les démocraties modernes, la Constitution des Etats-Unis d’Amérique de 1787, puis, en France, la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.

Pour en savoir plus, vous pouvez lire « William Penn et les quakers : ils inventèrent le Nouveau Monde » par Jeanne-Henriette Louis.

 

Gravure d'une assemblee quaker
ASSEMBLEE QUAKER, GRAVURE

par Christiane Guttinger

(Émission du Comité Protestant des Amitiés Françaises à l’Étranger, chronique « Culture protestante » diffusée sur France Culture, à 8h55, le  4 décembre 2011)

Bibliographie :

LOUIS Jeanne-Henriette, et Jean-Olivier HERON, William Penn et les quakers, ils inventèrent un nouveau monde, Collection découvertes n° 90, Gallimard, 1990

LOUIS Jeanne-Henriette, Les quakers. La société religieuse des Amis, Brepols, Turnout, Belgique, 2005

Laisser un commentaire