1811-2011 : Le temple de l’Oratoire du Louvre célèbre le bicentenaire de son affectation au consistoire réformé de Paris par Napoléon

Une exposition « Deux cents ans de protestantisme à Paris »a mis en scène dans le temple de l’Oratoire du Louvre, 145 rue Saint-Honoré, du 14 octobre au 13 novembre, différentes facettes du protestantisme parisien depuis 2 siècles.

En 1811, en effet, Napoléon attribue aux protestants l’église de l’Oratoire du Louvre[en remplacement de Saint-Louis du Louvre où les réformés célébraient le culte depuis 1790], située au cœur de Paris, à deux pas de la résidence impériale des Tuileries. Le Concordat et les Articles organiques de 1802 ont doté les religions de structures institutionnelles : les pasteurs sont rétribués par l’Etat, les protestants parisiens représentés par un consistoire de 12 membres désignés parmi les « notables ».

La Discipline collégiale héritée de Calvin, en est fondamentalement modifiée, mais après plus d’un siècle de persécutions et de clandestinité, les protestants saluent cette reconnaissance citoyenne. Plus tard, ils participeront favorablement à l’élaboration de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat qui entérinera leur liberté de culte en 1905.

Servi par des hommes de valeur, philanthropes héritiers des idées libérales des Lumières, le protestantisme va prendre un nouvel essor.

Les pasteurs font connaître l’Evangile à toutes les couches sociales, animent les débats théologiques et créent des centres d’évangélisation qui donneront naissance à de nouvelles paroisses. Disposant de 2 lieux de culte à Paris en 1811[L’Oratoire et Sainte-Marie. Pentemeont officiellement attribué en 1803 ne pourra être utilisé qu’en 1846], comment l’Eglise réformée de France en région parisienne est-elle devenue aujourd’hui un ensemble de 68 églises locales représentant environ 20 000 foyers ?… sans compter les autres églises de la mouvance protestante.

Comment les protestants ont-ils accompagné la révolution industrielle de préoccupations spirituelles et sociales ? Par des secours ponctuels aux plus démunis, mais surtout par des œuvres audacieuses toujours pérennes donnant la priorité à l’éducation.

D’abord l’éducation religieuse. La 1ère école du Dimanche est créée à l’Oratoire en 1822. Selon la tradition réformée, chaque construction de temple prévoit des locaux destinés à des écoles primaires de filles et de garçons. Puis le concept évolue grâce à des hommes politiques comme Guizot qui oblige chaque commune de France à avoir son école primaire.

Les initiatives individuelles des membres du consistoire dépassent le cadre religieux. Par exemple, Delessert, qui met au point à Passy la production de betterave à sucre dont le blocus prive la population, sert des soupes populaires gratuites, crée des caisses de secours, les premières mutuelles, assurances, et Caisses d’épargne (le livret classe A).

La Clairière, une des œuvres sociales émanant de l’Oratoire, est toujours active dans l’ancien quartier des Halles depuis 100 ans, comme le scoutisme protestant unioniste qui prend naissance à Paris en 1911.

Un panneau situant les 15 temples réformés et 10 temples luthériens de Paris visualise le maillage de la future Eglise Protestante Unie de France qui réunira réformés et luthériens en 2013. (site www.eglise-unie.fr).

 

Parallèlement, une seconde exposition, se tenait à la Mairie du 1er arrondissement illustrant l’évolution urbaine du quartier et les protestants évoqués à travers la sculpture parisienne. Le monument de l’amiral Gaspard de Coligny érigé au chevet de l’Oratoire n’est-il pas aussi connu que le temple auquel il est adossé ?

par Christiane Guttinger

(Émission du Comité Protestant des Amitiés Françaises à l’Étranger diffusée sur France Culture, à 8h55, le  2 octobre 2011)

Le Comité, partenaire de l’exposition du bicentenaire de l’Oratoire, a participé activement à la préparation et au déroulement de l’exposition qui a attiré un large public dans cet édifice prestigieux, siège du consistoire réformé de Paris de 1811 à 1905, puis une paroisse issue de la division de Paris en 8 paroisses en 1882. De grands panneaux imprimés abondamment illustrés ont rendu vivants et attractifs les principes fondamentaux du protestantisme, l’histoire du protestantisme parisien depuis le XVIes, et plus particulièrement son essor au XIXes., les œuvres et mouvements qui y furent créés, des Diaconesses aux Missions, ainsi que notre Comité fondé en 1915 appelé alors Comité Protestant de Propagande à l’Etranger. Quelques panneaux de l’exposition sont toujours visibles, le dimanche avant et après les cultes ou sur rendez-vous. Complétés par un petit questionnaire pédagogique, ils peuvent en particulier aider des groupes de catéchumènes à mieux connaître l’histoire du protestantisme (Secrétariat de l’Oratoire 01 42 60 21 64)

Des documents et photos des cérémonies du bicentenaire peuvent être visualisés sur le site oratoiredulouvre.fr

Un livre collectif L’Oratoire du Louvre et les protestants parisiens, est paru à cette occasion (voir bibliothèque huguenote)

 

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