Une invention majeure dans le domaine du textile, la peigneuse mécanique de Josué Heilmann

« Si je passais un peigne profondément et avec force dans les cheveux de cette jeune fille, je les lui arracherais tous » s’exclama un jour Josué Heilmann, s’arrêtant devant une jeune ouvrière sans doute mal peignée qui œuvrait sur une machine textile… »Mais si je commençais par les pointes, petit à petit, je les démêlerais sans peine… C’est cela qu’il faut faire ».

C’est ainsi, sur cette constatation, et avec force de travail et d’essais, qu’il découvrit sa peigneuse mécanique, invention majeure dans le domaine du textile, qu’il appliqua par la suite également à la bourre de soie. On raconte aussi qu’il s’exerçait de longues soirées démêlant la chevelure de son épouse, tout en écoutant ses conseils de brodeuse passionnée. Elle a eu, paraît-il, un rôle prépondérant.

Josué Heilmann, issu d’une lignée de bourgmestres de la bourgeoisie protestante de Mulhouse, est né en 1796. Fils de Jean Heilmann, fabricant d’Indiennes, il collabora au début avec lui en tant que comptable. Mais plus que par les chiffres, il est attiré par la technique appliquée à la filature et part à Paris suivre les cours du Conservatoire des Arts et Métiers.

A son retour à Mulhouse, il travaille d’arrache-pied; les inventions et brevets se succèdent. 1826 : la lanterne bobineuse, l’année suivante, le premier métier à broder à 20 aiguilles (grâce à son épouse), 1830 : un nouveau métier à tisser vertical , une machine à plier les tissus, un métier à tisser le satin, etc…

Mais il travaille parallèlement et avec passion à la réalisation d’une peigneuse mécanique de haute précision. Le peignage à la main était une tâche épuisante qu’il veut faire disparaître. En 1840 il se mit en rapport avec Schlumberger et Cie à Guebwiller, auprès de qui il trouva un appui très utile, car il aurait pu, comme beaucoup d’inventeurs, succomber sous le poids des difficultés d’exécution. En 1843, « la trouvaille » sort enfin des Usines Schlumberger de Guebwiller. Elle fera le tour du monde… Son principe est d’ailleurs toujours appliqué.

Josué Heilmann ne pourra malheureusement pas avoir la joie de mesurer l’étendue de sa gloire puisqu’il décèdera trois ans plus tard, le 5 novembre 1848. Quatre ans après sa mort, sa famille recevra le Prix d’Honneur de la Fondation du Marquis d’Argenteuil pour son invention de la peigneuse mécanique. Ce prix était destiné à l’auteur de la découverte la plus importante pour les manufactures françaises. Josué Heilmann s’inscrit dans cette longue lignée d’inventeurs et d’industriels protestants qui marquera l’apogée de la Révolution industrielle du 19ème siècle en Alsace.

Ses fils et petits fils suivront la même voie en améliorant encore le fonctionnement de la peigneuse ou en inventant « la fusée électrique », véritable ancêtre des actuelles locomotives diesel électriques dont vous pouvez voir le prototype au Conservatoire des Arts et Métiers de Paris.

Vous pouvez aussi voir un modèle de la peigneuse Heilmann exposée à l’heure actuelle à l’entrée des Usines Schlumberger de Guebwiller.

(Émission du Comité Protestant des Amitiés Françaises à l’Étranger, du dimanche 6 Mai 2001, à 8h25, sur France-Culture).
par Francine Stein
« La Lettre » N°27 de Juin 2001

3 réflexions au sujet de “Une invention majeure dans le domaine du textile, la peigneuse mécanique de Josué Heilmann”

  1. Bonjour,
    Descendant direct de Josué Heilmann et des inventeurs cités je souhaiterais avoir une copie de votre article et si possible des sources qui vous ont permis de retraçer l’histoire de ma famille.
    La famille huguenotte restera toujours pour moi un lien très fort et après des années de distance, je serais très heureux de les .. retisser
    JJ Heilmann

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  2. Je suis Josie Heilmann, épouse Chassagnieux, 71 ans, mon père: Louis Heilmann , mon grandpère Gustave, ses frères : Albert et Frédéric, mon arrière grand père Thédore figurent-ils dans votre arbre généaligique ? à bientot peut-etre une réponse et merci par avance . salutations .

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  3. Bonjour.
    De nationalité francaise, j’habite depuis de nombreuses années en Allemagne, près de Plauen, ville connue pour sa broderie. Une personne d’ici faisant de la recherche sur l’histoire de la Broderie ici a lu votre article et aimerait bien prendre contact avec des descendants de Monsieur josué Heilmann.Pouvez_vous s.v.p m’aider à prendre contact avec Madame Chassagnieux ou Monsieur JJ Heilmann?
    En vous en remerciant à l’avance. alain Bonnas

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