La Chapelle Royale Protestante de Bruxelles

Le temple de l’Église Protestante de Bruxelles, dénommé « Chapelle Royale », est un petit joyau de l’architecture du 18e siècle.

Grâce aux Articles organiques du 18 germinal An 10, l’Église s’était réorganisée au cours de l’été 1802. Elle était la continuation de la communauté qui se réunissait depuis 1656 dans la chapelle de l’ambassade de Leurs Hautes Puissances les Provinces-Unies des Pays-Bas. Après bien des démarches, elle avait enfin obtenu, le 25 octobre 1804, un décret de l’empereur Napoléon Ier, accordant « un oratoire de la communion réformée à Bruxelles », ainsi que la confirmation de la jouissance du temple, mis à sa disposition par le préfet du département de la Dyle.

Situé dans le Quartier des Arts, dans le haut de la ville, le sanctuaire fut choisi dès 1815 comme « chapelle royale » par le souverain des Pays-Bas-Unis, Guillaume Ier, ensuite par le roi des Belges, Léopold Ier. Ce dernier assistait régulièrement aux cultes. L’oratoire retrouvait ainsi, à un mot près, sa dénomination de l’époque autrichienne : la « Chapelle de la Cour », c’est-à-dire, de Charles de Lorraine.

Lors de sa prise en charge, le gouverneur avait dû se loger dans l’hôtel de Nassau, car l’ancien palais de Charles-Quint était en ruine à la suite d’un incendie. Afin d’ériger son propre palais quelques années plus tard, il fit raser l’hôtel de Nassau, sauf la chapelle Saint-Georges, où s’étaient tenus des cultes luthériens à l’époque de Guillaume le Taciturne.

Toutefois, il fit construire par l’architecte Jean Faulte une nouvelle chapelle, dont il posa la première pierre le 1er mai 1760. La filiation architecturale remonte au temple de Charenton, qui inspira la chapelle royale du château de Versailles, puis la chapelle ducale du château de Lunéville, où Charles de Lorraine avait été baptisé.

Élevée sur un plan rectangulaire, la « Chapelle Royale » présente une nef aux bas-côtés délimités par deux colonnades de style ionique. La galerie, qui court sur les quatre côtés, est garnie d’une balustrade en fer forgé entre des colonnes de style corinthien. Le sol de la nef, les chapiteaux des colonnes du rez-de-chaussée et la balustrade sont décorés d’une profusion de croix de Lorraine.

Le chœur, au sol de marbre noir, se distingue de la nef par une surélévation d’une marche et l’abside s’orne de quatre pilastres soutenant une architrave enjolivée d’une frise de guirlandes de fleurs.

De chaque côté du chœur, le stucateur italien Antoine Moretti réalisa six bas-reliefs : deux médaillons au rez-de-chaussée, celui de gauche représente l’apôtre André, dans un ovale formé par le collier de l’Ordre de la Toison d’Or, surmonté du lion de Brabant, le tout posé sur la croix écotée de Bourgogne ; celui de droite représente Marie et l’enfant Jésus dans un ovale formé par le collier de l’Ordre de Marie-Thérèse, surmonté de l’aigle impérial, et posé sur un trophée de drapeaux ; et aux quatre angles de la galerie les symboles des Évangélistes : le bœuf de Matthieu, le lion de Marc, l’aigle de Jean et un enfant pour Luc.

Sur le mur de la galerie, au-dessus de l’abside, un tableau de Lambert Blendeff personnifie la charité sous les traits d’une femme, au-dessus d’une inscription latine : « Quels qu’ils soient, ils sont miens ».

De part et d’autre de la chaire des panneaux reproduisent les deux commandements du sommaire de la loi (Matthieu 22/37-40) et au-dessus de celle-ci, dans le faux buffet d’orgue, le texte : « Dieu est esprit et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité » (Jean 4/24).

Dans le temple se trouvent deux remarquables instruments : un « orgue de cabinet » de 1699, restauré en 1994 par Patrick Collon, ayant appartenu au facteur Jean-Baptiste Forceville, qui avait été « maître d’orgues » de la « Chapelle de la Cour » jusqu’à sa mort en 1739, et un orgue romantique de 1840 dû au facteur Bernhard Dreymann de Mayence.

(Emission du Comité Protestant des Amitiés Françaises à l’Etranger, diffusée sur France-Culture à 8h25, le dimanche 1er février 2004)
Par le pasteur E.M. Braekman, Président de la Société Royale d’Histoire du Protestantisme Belge, auteur de Le Protestantisme belge au XVIe s. et Le Protestantisme belge au XVIIe s., éditions La Cause.
Lettre N°32

A l’occasion du centenaire de sa fondation, la Société Royale d’Histoire du Protestantisme Belge a organisé les 24-25 avril 2004, un colloque consacré à Erasme et aux théologiens réformés (Bullinger, Viret, Calvin, Marnix) à la Maison d’Erasme à Anderlecht, aux environs de Bruxelles.

Le 25 avril, un Culte d’action de grâces célébra, à la Chapelle Royale, le bicentenaire de l’Eglise Protestante de Bruxelles, suivi l’après-midi, d’un « concert chez Philippe de Marnix ». Marie de Roy (soprano), Fabrice Holvoet (luth) et Allen James (orgue), interprétèrent des œuvres de Claude Goudimel, Roland de Lassus, Loys Bourgeois, Claude Le Jeune, Emanuel Adriaensen, Nicolas de la Grotte. Un CD a été enregistré ; il peut être commandé à la Société Royale d’Histoire du Protestantisme Belge, Ave Ad. Lacomblé 60/12 – 1030 Bruxelles, au prix de 15 € (port inclus)

Summary : The Royal Protestant Chapel In Brussels

By Pasteur Emile Braekman

The church belonging to the Protestant Church of Brussels, known as the “Royal chapel” is a gem of 18th century architecture. Due to legislation passed during the French Revolution, its members reorganized their structure in 1802 – they were the continuation of the community that had assembled in the Embassy of the eminent United Provinces of the Netherlands ever since 1656.They were able to obtain, thanks to a decree by Napoleon 1st. “an oratory for the reformed community in Brussels”.

From 1815 onwards the king of the United Netherlands, William 1st., used it as a Royal Chapel – later on, the king of the Belgians, Leopold 1er also came regularly to worship there.  And it remained standing when the Governor, Charles de Lorraine, pulled down the Nassau mansion, (to which it belonged) in order to build his own palace. At that time it was known as the St. George’s Chapel and Lutheran services were held there in the time of William the Taciturn.

However, the Governor had a new chapel built in 1760 by Jean Faulte.  The Charenton church in Paris, which had inspired the royal chapel in Versailles and the ducal chapel in Lunéville Castle, where Charles de Lorraine had been baptised, influenced the architecture.

The design of the Royal Chapel is rectangular in form, with a gallery on all four sides – there are many Lorraine crosses to be seen in this building.  On each side of the chancel there are six bas-reliefs by Antoine Moretti; at the four corners of the gallery are the symbols of the evangelists : Matthew, Mark, John and Luke are symbolised by a bull, a lion, an eagle and a child, respectively.  Above the apse, there is a picture by Lambert Blendeff depicting Charity in the form of a woman.  On each side of the pulpit there are panels on which there are the Ten Commandments; above these, on the organ, is written “God is a spirit and those who adore him, must adore him in a spirit of truth. (John 4/24)   Two remarkable organs are in this church, one-dated 1699 and another 1840.

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