L’influence des Coligny à La Roche Bernard

La prochaine Réunion Internationale de descendants de Huguenots qui se déroulera en Bretagne en septembre prochain fournira l’occasion de rappeler l’influence des Coligny à La Roche-Bernard.

L’établissement de la religion réformée à La Roche Bernard, dans le Morbihan, au XVIème siècle, procède de l’implantation de la famille Coligny dans cette région. Gaspard Ier de Chatillon, maréchal de France, eut trois fils: – Odet de Chatillon, du nom d’une propriété dans le Loiret; – Gaspard de Coligny, propriété dans l’Ain, – François d’Andelot, une terre en Franche-Comté.

Le cadet François se marie en 1547 avec Claude de Rieux, héritière de la baronnie de La Roche Bernard. Il devient le baron de l’une des 9 baronnies de Bretagne. Au cours d’une captivité de 5 ans à Milan, il étudie les thèses de la Réforme et se convertit au protestantisme. Quelques années plus tard, en 1558, son frère Gaspard étant prisonnier en Flandres, le roi Henri II lui commande une tournée d’inspection des côtes bretonnes avec le titre d’amiral intérimaire. En marge de cette mission, des prêches sont organisés dans son propre château de La Bretesche à Missillac, en Loire Atlantique et dans les manoirs environnants. Ces réunions attirent les notables locaux de la petite noblesse et de la bourgeoisie de robe qui sont les premiers adeptes d’une communauté protestante qui se développe à tel point qu’elle réclame un pasteur. Le baron François de Coligny d’Andelot fait installer solennellement le pasteur Jean Louveau dans la chapelle Notre-Dame fondée en 1601. La dépossession du chapelain prié de rentrer dans son prieuré et l’installation officielle du pasteur le 10 juillet 1561 permettent d’affirmer que l’édifice est le premier temple protestant de Bretagne. Cette période faste sera très intense puisque de nombreux colloques et synodes se réunirent à La Roche-Bernard, mais de courte durée.

Après le décès de la baronne Claude de Rieux-Coligny et des trois frères Coligny, la petite communauté du pasteur Louveau, privée de ses protecteurs, s’affaiblit et se réunit souvent dans la clandestinité, la chapelle Notre-Dame ayant été rendue au culte catholique par l’édit de Saint-Germain.

Le pasteur Louveau disparut au bout de 40 ans de ministère à La Roche-Bernard. C’est André Le Noir qui lui succède, puis Guy Le Noir, dont le fils, Philippe Le Noir, pasteur lui aussi, né à la Roche Bernard, rédigera, en utilisant les notes de Jean Louveau, l’histoire des Eglises Réformées de Bretagne qui fut publiée et enrichie d’annotations par le pasteur Vaurigaud en 1861**.

Plus récemment, en 1974, une association se constitue pour la restauration de la chapelle Notre-Dame qui menace ruine. Quelques recherches historiques font découvrir le passé huguenot de l’édifice et l’Église Réformée de Vannes, sous la houlette de Roger Marzelle, historien amateur, apporte son concours à la restauration. Après 10 ans de travaux, une collecte est organisée par les paroisses protestantes de Bretagne pour offrir un vitrail sur lequel figure la phrase « Qu’ils soient un ».

Ainsi, en Bretagne, de nombreuses familles, essentiellement issues de la noblesse (comme les Rohan), du négoce et des marins adhérèrent à la Réforme dès 1558. La XIIème Réunion de Descendants de Huguenots qui se déroulera en Bretagne, du 15 au 21 septembre 2000 offrira une occasion exceptionnelle de redécouvrir cette page d’histoire et de visiter les quelques lieux témoins du protestantisme breton.

(Émission du Comité protestant des Amitiés Françaises à l’Étranger, diffusée le dimanche 7 mai, à 8h25 sur France-Culture)
par Michel CHATAL
« La Lettre » N°25 de Juin 2000

*Président de l’Association Le Ruicard qui a pour but de sauvegarder et mettre en valeur la chapelle Notre-Dame de La Roche-Bernard.

**LE NOIR Philippe, Sieur de Crevain : Histoire ecclésiastique de Bretagne, depuis la Réformation jusqu’à l’Edit de Nantes, écrit vers 1680, édité avec notes par le pasteur Vaurigaud, Nantes, 1861.

VAURIGAUD B. Essai sur l’histoire des Églises réformées de Bretagne (1535-1808), 3 volumes, Paris, ed. Cherbuliez, 1870.

Autres éléments bibliographiques :

« Le Ruicard » Revue publiée par l’Association du même nom.

Jean Yves CARLUER, Protestants et Bretons, Éditions de « La Cause », 1996.

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